Dans le Cher, élus et responsables locaux des collectivités sont vent debout face à la décision de prélever 5 milliards d’euros sur les recettes de 450 structures. L’onde de choc suscitée au sein des grandes collectivités locales a fait réagir dans le département. Pour une fois unis, les élus, de droite comme de gauche, jugent insupportable et injuste ce projet de loi de finances pour 2025.
Par Fabrice Simoes.
Dans le Cher, on n’en est pas encore aux drapeaux rouges flottant au vent et à la banderole commune en tête de défilé, mais les têtes de gondole des élus du département sont unies contre le projet de budget de l’État qui prévoit des coupes sombres dans les finances des collectivités locales.
Sous les ors du Conseil départemental, Jacques Fleury, le président LR du Conseil départemental du Cher, a dégainé le premier. Il a vivement réagi aux mesures prévues dans ce projet de budget. Dans une interview pour le journal local, il assurait que, en l’état, « c’est un coup de grâce. Qu’est-ce qui va rester ? Est-ce qu’il faudra choisir entre les collégiens, les personnes en situation de handicap, les demandeurs d’emploi, les pompiers ? C’est impossible. La vie des personnes ne peut pas se décider sur un tableau Excel ». Alors que le patron du département cherchait déjà à réaliser 15 millions d’économies pour boucler ses comptes, le département du Cher se voit amputé de 8 millions d’euros supplémentaires dans son budget. Une situation qui, selon lui, met en péril des services essentiels pour les habitants du département.
Grosse colère partagée
Du côté du bloc communal et de l’agglomération, on ne décolère pas non plus. Le maire de Bourges, Yann Galut (Div G), et la présidente de Bourges Plus, Irène Félix (Div G), ont organisé une conférence de presse commune pour exprimer leur mécontentement. Le premier s’est dit « en colère ». Il précise : « Malgré le Covid, la guerre en Ukraine et l’inflation, nous avons réussi à réduire la dette de 117 à 100 millions d’euros. Nous avons respecté toutes les demandes de l’État en matière de rigueur budgétaire. En retour, on nous prélève 2 millions d’euros et on nous impose 1 million de dépenses. Ça fait 3 millions en moins. Je ne sais pas comment faire. Nous ne licencierons pas de fonctionnaires, et nous ne fermerons pas d’écoles. Il reste quoi ? Supprimer les subventions ? Le Printemps de Bourges ? La Maison de la Culture ? C’est inacceptable et injuste. »
La seconde partage cette analyse. Elle va même plus loin en critiquant ouvertement les politiques budgétaires successives : « Les gouvernements précédents ont méthodiquement mis l’État en faillite. Ils ont supprimé les leviers fiscaux des collectivités et, aujourd’hui, ils nous demandent de réparer leurs erreurs. C’est insupportable ! À Bourges Plus, nous évaluons nos pertes à près de 3 millions d’euros, avec des prélèvements sur recettes et des compensations de TVA plafonnées. Nous ne pouvons plus investir ». Elle explique également que, depuis 2020, l’agglomération avait lancé son plan pluriannuel d’investissements, mais que « en 2022, le gouvernement supprime la CVAE (Contribution sur la Valeur Ajoutée des Entreprises), et maintenant il plafonne la compensation promise pour remplacer cet impôt ».
Pour Joël Allain, adjoint aux finances de la ville de Bourges, la situation est claire : « C’est un hold-up. Il ne nous reste que la taxe foncière, et à Bourges, seuls 20 000 habitants la paient. L’État prélève 100 € d’impôts locaux dans la poche de chaque contribuable berruyer. C’est une atteinte à l’autonomie des collectivités locales ». Et Irène Félix d’ajouter : « L’État attaque le périmètre des services publics locaux. On nous parle d’efficacité, mais derrière ces décisions, c’est tout un modèle de société qu’on remet en cause ». La présidente de Bourges Plus veut appuyer là où ça fait mal. « Le précédent gouvernement est parti d’un dogme qui veut que, si on prélève moins les riches, il y aurait un soi-disant ruissellement qui profiterait à tout le monde. Le résultat, c’est que le ruissellement, ça ne marche pas. Ça ne marche tellement pas qu’il n’y a jamais eu autant de pauvres dans ce pays. Si, en plus, il y a de moins en moins de services publics, vous verrez qu’il y aura de plus en plus de votes extrémistes », précise-t-elle sans ambages.
Face à ce projet de loi de finances, les élus du Cher ne comptent pas rester les bras croisés et les pieds dans le même sabot. Yann Galut a appelé les cinq parlementaires du département à s’unir pour rejeter le projet de budget 2025. Plusieurs types d’actions sont envisagés pour faire reculer le gouvernement. Ce n’est peut-être pas encore le temps de la carmagnole et des bonnets phrygiens – paraît qu’il en reste des JO -, mais c’est parti. « Tous ensemble, tous ensemble, vouais, vouais… »
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