Après Chambord, le sénateur Pillefer prédit « l’inéluctabilité » d’efforts financiers partagés

Les sénateurs et sénatrices du groupe Union Centriste avaient choisi le Domaine national de Chambord dans le Loir-et-Cher les 13 et 14 octobre pour se donner rendez-vous. Pas du tout pour s’enjailler mais bien pour travailler. En particulier sur la situation financière du pays et ses conséquences possibles sur les deniers des collectivités locales.



Par Émilie Rencien.


Le Sénat à Chambord, rien que ça. Le château de feu François Ier est un lieu de prédilection pour certaines réunions grandiloquentes. On se souviendra ainsi en 2016 du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, qui avait retenu l’endroit historique en pleine crise agricole pour y rassembler ses homologues européens et discuter de la « PAC », politique agricole commune des 27 États membres. Ce qui avait semé dans ce champ beaucoup de critiques sur cette manifestation perçue comme une fâcheuse erreur de communication. En octobre 2024, en plein contexte d’endettement de la France qui éloigne le pays de la vie de château, le choix de la Sologne et de Chambord ne semble pas avoir cette fois crispé. L’épisode est en même temps quasiment passé inaperçu, hormis pour les radars des journalistes de la presse locale, assidus de l’actualité politique. Une configuration somme toute parfaite pour une rencontre parlementaire à l’abri des regards et oreilles. Ce qui ne freine pas la curiosité : que s’y est-il donc discuté ? Avant une visite de terrain le 15 octobre au sein des ateliers Vuitton à Vendôme pour montrer le dynamisme et l’attractivité en localité, une cinquantaine de sénateurs (et sénatrices) de l’Union Centriste (UC) a pu, pendant deux journées, les dimanche 13 et lundi 14 octobre, travailler sur des questions d’avenir et d’importance, autant pour les élus que pour les citoyens.

Un temps de retrouvailles…

In situ, la présence de « stars » a toutefois été notée, invitées au dîner du dimanche soir ; par exemple, celles du nouveau Premier ministre, Michel Barnier, connu pour ses attaches solognotes de La Ferté-Saint-Aubin, ou encore de l’ancien président du Département de Loir-et-Cher devenu russophone, adepte jadis de la suppression des empilements des strates des collectivités qu’il dénommait « lasagne territoriale », Maurice Leroy ! Joint par téléphone, le sénateur de Loir-et-Cher depuis septembre 2023, Bernard Pillefer (UC), ancien maire de Fréteval, a effectué un « replay » de cette séquence automnale singulière en région Centre-Val de Loire. « C’est la famille ! Ce fut un moment de retrouvailles. Quand nous sommes au Sénat, à Paris ou ailleurs, nous n’avons pas le temps, accaparés par des commissions et autres. Maurice Leroy n’a pas réalisé d’intervention politique, c’était amical ; il a gardé des liens, du fait de son implication forte localement, à la présidence du Conseil général à l’époque, député, ministre de la Ville, etc. Quant à Michel Barnier, je n’ai pas peur de le dire, c’est une personne posée, réfléchie, aux solides compétences forgées au fil de ses expériences nationales et internationales, qui connait la gestion des collectivités locales. J’espère qu’il réussira le travail qu’il mène ».

…avant d’entrer dans le dur pécuniaire

Ce décor planté, après l’instant de sustentation et d’appréciations, M. Pillefer a décrit les temps forts de ces moments très sérieux à Chambord. Dans ce menu-là, étude de l’opinion et des attentes des concitoyens ; analyse des effets de la dissolution souhaitée après les élections européennes de juin par le président de la République, et d’une nouvelle répartition parlementaire en trois groupes sans majorité ; mais également, point sur la situation française et internationale. Si les conflits guerriers au Moyen-Orient et le futur scrutin présidentiel de novembre aux États-Unis, entre autres, pèsent sur l’Hexagone, le budget de l’État français a fait partie des sujets d’échanges majeurs au château de Chambord. « Il va falloir du temps. Ce sera plus long que l’espace d’un budget. Du courage aussi. Car si on ne fait rien, si on ne regarde pas les problèmes, ils se reposeront à nouveau plus tard ». Bernard Pillefer le sait parfaitement, d’autant plus, puisqu’il est lui-même par ailleurs toujours conseiller départemental de Loir-et-Cher. Une session plénière du Département a eu lieu le jeudi 17 octobre à Blois et le président de cette collectivité, Philippe Gouet, n’a pas manqué de réitérer sa vive inquiétude s’agissant du projet de loi de finances 2025 (PLF), ainsi que du serrage de ceinture inhérent pour les instances territoriales qui s’esquisse, déjà jugé inacceptable. « Régions, communes, départements. Les efforts de chacun sont inéluctables », a commenté le sénateur Pillefer, sans laisser trop d’espoir, avant l’examen imminent dans l’antre du palais du Luxembourg des PLF et PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale). « Il faut sortir de cette situation néfaste pour les Français, personne ne peut plus l’ignorer. Il ne s’agit pas pour autant de faire des reproches et d’accuser. Tout le monde va être mis à contribution, mais pas sans garantir un certain équilibre pour ne pas mettre à mal les territoires locaux. Nous devons trouver des solutions curatives et non palliatives, issues d’un constat objectif, dans le respect des différentes convictions. Je prêche beaucoup pour une action en deux temps : stopper l’emballement financier, puis penser à une réforme structurelle, une mise à plat des dispositifs pour éviter les doublons. Les citoyens attendent le retour d’une relation de proximité ». Ajoutant une autre nuance : « Sans mettre de sparadrap sur une jambe de bois ! L’État devra évidemment lui aussi montrer l’exemple, pour un équilibre accepté et acceptable ». Soit un vaste chantier digne des douze travaux de Jupiter. Au travail…


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Commentaires

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  1. “si on ne regarde pas les problèmes ils se reposeront plus tard ” Quelle sagesse dans cette réflexion, à en rester bouche bée!
    Mais peut-être faudrait-il , une fois qu’on a “regardé” les problèmes s’atteler à leur résolution or il est tout à fait incontestable que le sénateur Pillefer tout comme bon nombre de ses collègues, depuis des années cachent les poussières, synonyme de problèmes ( désordre climatique, aggravation des inégalités, gestion financière par LES gouvernements calamiteuse …) sous le tapis.
    Il est vrai qu’ainsi ils n’ont pas à les regarder et peuvent poser leur regard sur la surface des choses : comment arriver à faire supporter par la population les dommages causés par le système .sans le remettre en cause bien entendu parce que sinon il n’y aurait plus de centre !

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