Comme dans de nombreuses villes de France a eu lieu à Orléans, ce 16 octobre 2024, une cérémonie en hommage au martyr, Samuel Paty, assassiné à 47 ans pour avoir fait son métier d’enseignant. C’est devant le rectorat de l’académie d’Orléans-Tours qu’un petit groupe était là, silencieux et recueilli pour sa mémoire. Qui est responsable de sa mort ?
Par Jean-Paul Briand.
Le 16 octobre 2020, Samuel Paty, ce professeur d’histoire-géographie a été poignardé puis décapité en pleine rue. C’est un jeune homme radicalisé, qui fut son bourreau dix jours après que Samuel Paty a illustré, en classe de 4e du collège de Conflans-Sainte-Honorine dans les Yvelines, un cours d’enseignement moral et civique avec des caricatures du prophète Mahomet.
Une manipulation haineuse
Durant les dix jours précédant le crime, un processus morbide s’est mis en place pour conduire progressivement au meurtre. Il a débuté par l’affabulation d’une collégienne, absente du cours incriminé, mais qui a menti afin de justifier auprès de ses parents son récent renvoi du collège pour indiscipline. Ce mensonge a été accepté sans mise en doute par son père, puis propagé, médiatisé et falsifié sur les réseaux sociaux avec d’autres. Cette manipulation haineuse et mortifère a conduit à la mise à mort de Samuel Paty par un jeune réfugié tchétchène djihadiste de 18 ans, tué par les forces de l’ordre après son crime.
Défendre la Laïcité
Devant le rectorat, dans son beau discours prononcé avant la minute de silence en hommage au professeur immolé sauvagement, l’oratrice, Madame Véronique Bury, a insisté afin que l’École Laïque et Républicaine soit défendue « pour que continue à y régner la Laïcité, garante de la Liberté de se construire une opinion ». La loi du 15 mars 2004 encadrant le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics doit être constamment expliquée et réaffirmée.
Mais Samuel Paty n’est pas uniquement la victime du fanatisme religieux et de l’obscurantisme sur lequel il prospère. Il est aussi la victime d’un père qui, comme beaucoup trop de parents, qu’ils soient athées ou croyants, n’hésitent pas à déconsidérer et à dénigrer le travail des enseignants devant leur progéniture. Les insultes, menaces, pressions et agressions constituent le quotidien de beaucoup d’enseignants ainsi que de l’ensemble du personnel administratif. Ceux qui ont utilisé les réseaux sociaux pour y déverser agressivité, calomnies et venin sont aussi fortement impliqués dans le geste barbare du jeune fanatique. Les discours de haine sur ces délétères réseaux sociaux ne peuvent plus être traités uniquement a posteriori par des mesures juridiques. Des veilles préventives sont nécessaires.
De multiples responsabilités
Après une longue enquête, les culpabilités complices en amont de l’assassinat seront jugées. Du 4 novembre au 20 décembre 2024, la Cour d’assises spéciale de Paris fait comparaître sept hommes et une femme qui devront répondre de « complicité d’assassinat terroriste » ou « d’association de malfaiteurs terroriste criminelle ».
Il est possible que l’Administration ait aussi sa part de responsabilité en n’ayant pas pris suffisamment en compte les menaces qui pesaient sur Samuel Paty. Sa famille a déposé une plainte pour « non-empêchement de crime » contre les ministères de l’Intérieur et de l’Éducation nationale…
Religions, administrations, parents, adeptes des réseaux sociaux : tous responsables ?
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