Du 23 au 27 octobre, les Rencontres photographiques d’Ingré (45) accueillent deux invités d’honneur aux styles très différents. Les animaux en noir et blanc de Bernard Leverd et les autoportraits de Philippe Clément accompagneront agréablement les clichés des adhérents d’Acapi, 3e club au niveau national dans le classement de la Fédération photographique de France.
Par Jean-Luc Bouland.
Depuis plus de vingt ans qu’elles existent, les Rencontres photographiques d’Ingré (RPI) proposées par le club Acapi ont un public acquis qui ne cesse d’augmenter. L’édition 2024 ne devrait pas déroger à la règle avec la présence de leurs deux invités d’honneur, tous deux Orléanais, mais aux styles très différents. Quittant cette année l’espace Lionel Boutrouche pour s’installer dans les locaux de la salle Jean Zay, comme un clin d’œil aux premières éditions, ces RPI offriront plusieurs centaines d’images aux sujets très diversifiés, même si la nature et l’animalier, qui font la réputation du club, y auront la part belle. On ne sera donc pas surpris que l’invité “extérieur”, Bernard Leverd, soit un photographe animalier réputé, et que l’invité “intérieur”, autrement dit un adhérent du club, soit un OCNI (objet créateur non identifié) pour montrer la richesse de la pratique photographique, et la diversité des talents du club.
Bernard Leverd, passionné par l’Afrique
Informaticien de métier, Bernard Leverd a découvert l’Afrique en l’an 2000, dans le désert Libyen, et compris qu’il y avait là un tournant dans sa pratique photographique, déjà ancienne. « La passion pour l’Afrique était née, et j’ai effectué depuis de nombreux safaris en Afrique de l’Est et Australe, puis dans le Pantanal brésilien. Je suis littéralement fasciné par deux félins magnifiques, le léopard, et le jaguar que j’ai eu la chance d’observer dans son habitat naturel, ce qui est rare » explique-t-il, tout en avouant qu’il s’est depuis trouvé un nouveau sujet d’intérêt, le patrimoine de la Sologne. « Je m’intéresse au patrimoine rural, en particulier aux vieilles fermes et granges typiques. Ce patrimoine est malheureusement peu connu, en danger soit à l’abandon soit restauré sans tenir compte des us et coutumes locales », insiste-t-il. Ce qui l’amène souvent à photographier des bâtiments sans trop se préoccuper des propriétaires, par ailleurs souvent absents. Si on était en ville, on parlerait d’Urbex.
La série présentée à Ingré est constituée de 12 images en format 54×81, et en noir et blanc, où les félins ont une grande place. « Je vais au moins une fois par an en Afrique. J’aime ses paysages changeants, même dans le désert ». Là, on y verra des lions, des léopards, un guépard, mais aussi un zèbre, et même un éléphant. À chaque fois, comme ont pu l’apprécier précédemment ceux qui ont vu ses clichés dans différentes expos (Romorantin, Lamotte Beuvron, La Ferté-Saint-Aubin, etc.) l’image est simple, la composition épurée, valorisant l’importance donnée au regard de l’animal.
Philippe Clément, des autoportraits surprenants
Avec Philippe Clément, membre d’Acapi depuis une quinzaine d’années, le registre est différent, au ton plus personnel, plus travaillé. Indépendamment de ce parcours “club”, Philippe Clément a développé une démarche plus artistique, n’hésitant pas à suivre des masters class, à adhérer en parallèle à une association parisienne, lui permettant de décrocher des prix, comme en 2015, au Photo Off. Le discours accompagnant cette série de 31 images est des plus élaborés. Réalisée sur 10 ans (2014-2023), présentée en noir et en blanc ou en couleur, dans des formats et une disposition savamment construite, on y retrouve autant ses influences (Martine Ravache, J-M Millières, etc) que l’on discerne son style unique, et le travail qu’il a fait sur lui-même pour y arriver.
« Au plus profond de moi-même, l’exploration du rapport à l’autre et de la relation sociale m’animent. Les oscillations permanentes entre le vivant, la maladie et la mort m’interrogent en permanence et font partie intégrante de ma vie. Ces autoportraits questionnent nos rapports à l’espace, au temps et à la société qui nous oblige à courber l’échine et nous bâillonne de plus en plus, compliquant nos possibilités d’adhérer au monde. Ne pas se décourager et savoir se ressourcer en dépassant ses difficultés personnelles et vivre une expérience pour une meilleure connaissance de soi ».
Philippe Clément et Bernard Leverd ne feront pas qu’exposer des photos à cette nouvelle édition des rencontres photographiques d’Ingré. Présents au vernissage, le soir du mercredi 23 octobre, ils rencontreront aussi le public lors de créneaux dédiés, les samedi et dimanche. Bernard Leverd expliquera sa démarche, et Philippe Clément présentera les autoportraitistes célèbres. De quoi susciter de nombreuses vocations…
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