Si Max Jacob est connu pour sa poésie, c’est de sa peinture qu’il a vécu, et les gouaches et dessins présentés au musée des Beaux-Arts jusqu’au 2 février montrent un aspect peu connu du personnage. Et délicieux. Ses vues de Paris croquées sur le vif sont un vrai régal pour le visiteur.
“Vues de Paris” au musée des Beaux-Arts d’Orléans. Photo AC Chapuis
Par Anne-Cécile Chapuis.
L’année 2024 célèbre les 80 ans de sa disparition en mars 1944 au camp de Drancy. Figure marquante du XXe siècle, Max Jacob a un parcours atypique. Né à Quimper, de confession juive, il poursuit des études de droit à Paris. Il exerce quelque temps la profession de critique d’art, ce qui lui offre rencontres et habitudes du monde artistique. En rupture avec sa famille il mène une existence misérable dans divers quartiers de la capitale. Converti au catholicisme en 1909, il s’installe à Saint-Benoit-sur-Loire de 1921 à 1928, puis à partir de 1936, menant une vie de dévotion et méditation, avant de mourir en déportation.
Écrivain avant tout mais peintre autodidacte
Max Jacob publie de nombreux écrits, poèmes, romans, lettres. Il cultive des amitiés avec Picasso, Apollinaire, Cocteau ou Marie Laurencin. Mais sa vie parisienne l’emmène sur le chemin des arts graphiques. Autodidacte, il réalise des dessins, peintures à la gouache dans lesquelles il ajoute parfois de la cendre, du café, de la salive… Il ouvre la voie du croquis sur le vif, montrant les scènes quotidiennes ou les rues de son quartier.
« …L’impasse de Guelma a ses corregidors,
Et la rue Caulaincourt ses marchands de tableaux,
Mais la rue Ravignan est celle que j’adore
Pour les cœurs enlacés de ses porte-drapeaux… »
(Max Jacob, Le cornet à dés, 1917)
Une exposition passionnante et touchante
Mehdi Korchane, responsable des arts graphiques au MBA, a travaillé avec Patricia Sustrac, commissaire scientifique, pour l’exposition actuelle. Photo ACC
Les œuvres sont présentées dans deux petites salles du sous-sol du musée d’Orléans. Ce cadre intimiste offre un écrin adapté pour un voyage à Paris, de Montmartre à la cité en passant par la porte Saint-Martin ou les Tuileries. L’on voit la ville, on l’entend avec le tumulte de ses rues agitées, on y découvre des bâtiments modestes au fil de la Seine et on peut y subodorer sa vie de bohème au milieu de ses contemporains. Un autoportrait qu’il dédicace « très ressemblant sans pain sans tabac sans pétrole » signe cet aspect de sa vie loin du « pénitent » bien connu de Saint-Benoit.
Les œuvres viennent de collections privées, des musées de Quimper et Menton et bien sûr des collections orléanaises. Certaines sont exposées pour la première fois.
La boite à pastels de Max Jacob. Photo ACC
Sa boîte à pastels, transmise par Roger Toulouse qui en était dépositaire, contribue à faire vivre ce peintre au regard aiguisé qui sait transmettre son vécu par sa plume comme par son pinceau. Une exposition à ne pas manquer
Pour aller plus loin dans Magcentre :
Max Jacob et Picasso, rendez-vous à Saint-Benoît-sur-Loire
Jusqu’au 2 février 2025
Musée des Beaux-Arts – 1 rue Fernand Rabier – Orléans
Mardi au samedi, 10h à 18h ; jeudi jusqu’à 20h ; dimanche de 13h à 18h