Depuis le 5 octobre, la piscine de Beaugency participe à la campagne Octobre rose pour le dépistage du cancer du sein en soutenant un projet original. En partenariat avec la Ligue contre le cancer, après une soirée de lancement très« ar.rosée », des photos grand format et des cartes postales annoncent plein d’idées pour continuer,
Par Jean-Luc Bouland
Les visiteurs et usagers de la piscine de Beaugency ne manquent pas d’être surpris, depuis le 5 octobre, en entrant dans le hall. De grandes photos en noir et blanc leur montrent plus d’une dizaine de paires de seins féminins, entièrement dénudés, tétons apparents, mais rien d’indécent, bien au contraire. Ce sont des poitrines anonymes, décomplexées, et portant des étiquettes collées à même la peau aux messages explicites, pour sensibiliser au dépistage du cancer du sein. Une rareté dans la région, où le soutien à Octobre rose se fait toujours plus “soft”, sans montrer les seins ! Et pourquoi la piscine ? Tout a été expliqué le 5 octobre dernier, lors d’une soirée consacrée à l’évènement, initiée par Caroline, l’une des MNS du lieu.
Décomplexer les seins
« Nous sommes un assemblage du « hasard au bon moment », la rencontre où l’un avait une idée, et l’autre les moyens de les mettre en pratique « en 2 secondes » ! C’est ainsi que ce qui n’était clair que dans la tête de Caroline Gottwald, une MNS franco-allemande de la piscine de Beaugency, fût compris et aussitôt réalisé par Marco Warmuth, un photographe allemand alors en résidence au printemps 2024 chez Valimage, l’association artistique sur Tavers/Beaugency. Quel projet ? « Parler de la femme, montrer les vraies femmes, celles qui ne s’arrêtent pas à un petit bobo, parce qu’il faut assurer le reste : la famille avec toute sa logistique et le boulot, la carrière. Comment leur dire : « faites une pause et faites votre introspection/check-up – savoir si tout va bien pour vous ».
Le résultat est là, affiché sur les murs, en attendant qu’un site internet en création prenne le relais. « Treize femmes ont accepté de montrer leurs seins, de manière anonyme, pour illustrer ce sujet sur le cancer ». Pourquoi refuser le dépistage ? « Est-ce parce qu’en France, montrer ses seins, c’est mal ? (…) Si montrer ses seins est encore quelque chose de « mal », ancrage de notre culture religieuse, à quand l’arrivée du « les femmes sont ainsi faites. POINT » ? Sans gêne, sans honte de son corps (parce-que Barbie n’existe qu’en poupée !!!), juste en l’acceptation du soi. Histoire de considérer sa poitrine en tant que part légitime du corps, comme celle de la main. Si une boule apparaissait à la main, les femmes n’iraient-elle pas beaucoup plus facilement au dépistage ? ».
Des partenariats vivement attendus
Ce projet, qui n’est qu’à ses débuts, a déjà été soutenu par Dr Tillmann Lantsch, chirurgien à l’hôpital Élisabeth (Halle, Allemagne), grâce auquel ils ont pu couvrir une partie des frais d’impression pour l’exposition. A côté, la communauté de communes des Terres du Val de Loire a financé les 13 posters affichés pour le lancement de la première édition de la « Soirée Rose » au centre aquatique de Beaugency, le 05 octobre 2024. « Ce n’est que la première exposition de notre projet. Nous avons encore besoin de soutien afin d’élargir notre action (…) Nous espérons sensibiliser un maximum de femmes pour faire de la sensibilisation décomplexée ! », explique Caroline, qui porte le projet sur place, alors que Marco Warmuth, le photographe, est retourné en Allemagne, où il est renommé.
Dans la suite annoncée, il est prévu de faire intervenir d’autres photographes, de convaincre d’autres femmes à montrer leurs seins comme elles montrent d’autres parties de leur corps (à la piscine, par exemple), et notamment dans une EPHAD. « Il y a une demande pour cela, car cela touche aussi les personnes âgées ». Mais pour cela il faut des aides financières, des partenariats. « Nos photos ont été imprimées sur du papier. Mais elles supportent mal l’humidité de la piscine. L’idéal serait une impression sur support aluminium, qui faciliterait l’exposition en extérieur. Là où la « banalisation, la désacralisation de la poitrine serait plus grande ». Un véritable enjeu, pour la santé de toutes, et tous.