Le plus grand festival d’histoire d’Europe s’est achevé dimanche par une magistrale conférence du médiéviste et professeur au Collège de France Patrick Boucheron à la Halle aux Grains. Pour sa 28e édition, la France sera à l’honneur.
Par Jean-Luc Vezon.
Cette nouvelle édition du festival sur le thème de la Ville restera sans conteste un bon cru avec une fréquentation de haut niveau qui pourrait flirter avec les 60 000 festivaliers. Comme chaque année, la ville a connu de beaux temps forts à l’occasion, par exemple, des interventions de Gaël Faye, Leïla Slimani, Benoît Hamon, Marylise Léon, Magali Reghezza-Zitt ou encore du paléoanthropologue Pascal Picq sur l’intelligence artificielle.
Avec au pupitre, le brillantissime Patrick Boucheron, auteur de Libertés urbaines (CNRS Editions De Vive voix) sur le thème « L’air de la ville rend-il vraiment libre ? », la soirée de clôture a une nouvelle fois captivé les chanceux ayant pu avoir une place (en la réservant sur Internet) dans l’hémicycle de la HAG.
Depuis « les serfs déguerpis des cités du Moyen Âge » en passant par les villes italiennes comme Bologne qui affranchit 6 000 serfs en 1857, les villes ont été des lieux d’émancipation, de liberté et de révolution à l’image de la commune de Paris. Patrick Boucheron met en perspective cette histoire des villes dont les derniers JO ont montré toute la symbolique.
Une pluie de Prix
Au préalable, Éric Alary président des Rendez-vous de l’Histoire avait, comme de coutume, remis le prix Augustin Thierry. La lauréate 2024 est Fanny Bugnon pour son remarquable essai sur la syndicaliste bretonne Joséphine Pencalet (1886-1972), L’élection interdite, itinéraire de Joséphine Pencalet. Cette militante de l’égalité avait pris la tête de la grande grève des sardinières à Douarnenez qui dura 46 jours en 1924. Les ouvrières des 23 sardineries gagnaient alors 80 centimes de l’heure. Cette communiste fut aussi la première femme élue dans un conseil municipal. C’était en 1925 bien avant le droit de vote accordé aux femmes en 1944.
À noter aussi que le Grand Prix des Rendez-vous de l’Histoire revient à Fabrice Langrognet pour son ouvrage Voisins de passage – Une microhistoire des migrations (La Découverte), le prix du roman historique à Nina Léger pour Mémoires sauvées de l’eau (Gallimard) et le prix du Noir de l’Histoire à Vincent Ejarque pour Un sang d’encre (Ramsay).
Dans le prolongement des JO de 2024 et alors que notre pays est traversé de multiples fractures menaçant son unité, le comité scientifique des Rendez-Vous de l’Histoire a choisi « La France ?* » comme thème de l’édition 2025. En résonance avec une actualité politique qui pourrait être lourde l’automne prochain ?
*Edit de la rédaction le 14/10 : le thème de l’édition 2025 est bien « La France ? » avec un point d’interrogation.
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