Espace public, où sont les femmes ?

À Bourges, que ce soit en version Patrick Juvet ou Didier Wampas, la question ne se posera bientôt plus puisque les femmes seront aussi omniprésentes que les hommes. Sur les plaques de rues, les frontons des salles de sport ou à l’entrée des terrains, la féminisation de l’espace public dans la capitale du Berry est en marche. Certes, on part de loin, mais la volonté est bien là.

Au printemps 2023, la médiathèque de Bourges a pris le nom de Leïla Slimani


Par Fabrice Simoes.


Lors de sa réunion de rentrée automnale, le maire de Bourges, Yann Galut, outre les satisfécits auto-attribués sur sa gestion de la ville n’a pas manqué le sujet de la place des femmes dans l’espace public berruyer. En haut de la liste du chapitre de Bourges Solidaire, avant la coordination des actions en direction des plus précaires, et avant la mise en place d’un agenda 21 de la longévité pour les aînés (déjà intégré à l’amélioration du quotidien), on avait le volet « égalité Femme Homme et lutte contre les discriminations ». Vaste sujet qui dépasse le clivage #metoo et dont l’inclusivité va plus loin que le simple coup d’œil dans le rétroviseur de l’histoire. La femme est l’avenir de l’homme mais cela n’est pas encore écrit dans tous les secteurs de la société. Les plus intransigeantes féministes ne s’insurgeront pas à la lecture d’Aragon mais souhaiteraient que ça avance un peu plus vite tout de même.

À Bourges, on bouge les lignes

Longtemps à peine au-dessus des 5 % des dénominations, les femmes s’imposent jour après jour sur les bâtiments et les rues dans la préfecture du Cher. D’ailleurs, la cité berruyère fait partie des villes qui ont répondu favorablement au réseau Women First. L’entreprise avait écrit aux 100 plus grandes villes de France pour leur proposer une liste de 100 exemples de personnalités inspirantes. Objectif : rattraper le retard dans la féminisation des noms des lieux publics. De séances de rattrapage en séances de rattrapage, la cité berruyère se féminise à ses coins de rues, dans ses bâtiments et ses installations sportives. En décembre dernier, cette féminisation de l’espace public est passée, par exemple, par le changement de nom de deux résidences autonomie à Bourges. Les résidences autonomie Bailly et Guilbeau sont ainsi devenues résidences Simone de Beauvoir et Jacqueline Auriol.

Voilà quelques jours, c’est la dénomination de l’actuelle salle de la Chancellerie qui a été entérinée. Elle va s’appeler officiellement salle municipale Louise Michel. Dans la foulée, l’actuelle salle des Gibjoncs deviendra salle municipale Elsa Triolet et le gymnase des Merlattes prendra le nom de Marie-George Buffet. Autre nom récemment approuvé par le conseil municipal, celui de Marinette Pichon pour le stade des Grands Beauregards où évolue le club de foot des Portugais de Bourges. Ces noms viennent s’ajouter à ceux de Leïla Slimani, dont la médiathèque porte désormais le nom, ou encore l’école primaire de Turly baptisée Joséphine Baker. Au printemps dernier, une fresque inspirée du travail de l’artiste native de Bourges, Berthe Morisot, avait été présentée par les élèves de l’école Barbès. Depuis, la salle polyvalente de l’école porte son nom. Le maire, Yann Galut a d’ailleurs précisé que « toutes les écoles de Bourges qui n’ont pas de nom seront destinées à des femmes ».

Dans une ville où le sport de haut niveau est représenté par l’équipe féminine des Tango, le club de basket le plus titré de France, laisser dans l’ombre les femmes aurait été une injustice flagrante. Ces nouvelles nominations viennent compléter la liste des sites féminisées depuis plusieurs mois à l’image de la base d’aviron appelée Alice Myat, la patinoire Sarah Abitbol ou encore, le 8 mars dernier, journée internationale pour les droits des femmes, les baptêmes des terrains de tennis Robinson en courts de tennis Suzanne Lenglen, tandis que le pump track des Bouloises devenait le pump track Colette Besson.

La nomination de Bourges comme capitale européenne de la Culture 2028 devrait accentuer le mouvement. Et si L’hôtel Dieu va s’appeler, à cette occasion, Cité européenne des artistes Melina Mercouri, « Bourges 2028, ça va être notre histoire dont nous sommes fiers. Ça va être Louis XI. Ça va être Jacques-Coeur. Ça va être aussi George Sand, elle qui est, de par ses écrits et son parcours politique, la première éco-féministe. Ce seront aussi les sorcières. La répression sur les sorcières c’est la répression de la femme. La présence des artistes féministes va être essentielle », estime le premier magistrat de la ville. Yann Galut évalue à 95 % les nouvelles dénominations liées à des femmes en fin de mandat.

Rattraper plusieurs millénaires de patriarcat ne se fera pas en quelques semaines. Dans le Berry, ça avance, ça avance… au moins pour une meilleure exposition au quotidien.


Plus d’infos autrement sur Magcentre :

Deux quartiers de Bourges mobilisés dans un nouveau contrat de Ville

Commentaires

Toutes les réactions sous forme de commentaires sont soumises à validation de la rédaction de Magcentre avant leur publication sur le site. Conformément à l'article 10 du décret du 29 octobre 2009, les internautes peuvent signaler tout contenu illicite à l'adresse redaction@magcentre.fr qui s'engage à mettre en oeuvre les moyens nécessaires à la suppression des dits contenus.

  1. Enfin ça avance, qu’en est il des autres villes ?
    Orléans, Tours et les autres ? Quand s’y mettent elles ?

Les commentaires pour cet article sont clos.

Centre-Val de Loire
  • Aujourd'hui
    • matin 5°C
    • après midi 8°C
  • jeudi
    • matin 6°C
    • après midi 10°C
Copyright © MagCentre 2012-2025