Pour décarboner les transports et l’industrie, l’hydrogène est une solution dans le mix énergétique. Le cinquième Forum régional Hydrogène au Centre, organisé à Blois le 8 octobre, a fait le point sur une filière toujours en construction.
Par Jean-Luc Vezon.
« L’hydrogène est une promesse d’avenir en particulier pour la mobilité lourde décarbonée. La région soutient l’innovation, accompagne les projets et investit dans cette filière, par exemple avec l’expérimentation de train léger d’Alstom entre Tours et Loches » a souligné François Bonneau président de la région Centre-Val de Loire en prélude à cette rencontre qui a réuni 200 professionnels et 35 intervenants au Jeu de Paume. Ironie du calendrier, la multinationale des transports traverse actuellement une crise avec ses trains à hydrogène en Allemagne sur une ligne enchainant pannes et temps d’immobilisation. C’est tout le contraste d’une filière en plein développement, à la recherche de légitimité, mais qui doit encore surmonter de nombreux défis techniques et économiques pour s’imposer durablement. « C’est la responsabilité de la puissance publique d’organiser la filière », a de son côté insisté Jérémie Godet, vice-président en charge du Climat et de la Transformation écologique et sociale des politiques publiques, en annonçant la finalisation d’une SEM pour soutenir la production d’énergie renouvelable.
Il reste qu’en matière d’hydrogène, l’État n’est pas encore complètement au rendez-vous comme l’a souligné Jan-Erik Starlander, responsable des relations avec les territoires au sein de France Hydrogène. « Il n’y a pas de stratégie hydrogène. L’État doit tenir ses engagements car seulement 50 % des neuf milliards prévus ont été engagés. Il nous faut des fonds pour mettre en place des mécanismes de production massive et de distribution ». Avec en filigrane, un enjeu majeur, le montant très élevé des investissements pour produire et distribuer à un coût concurrentiel.
Si des avancées ont été constatées cet été avec notamment 500 taxis parisiens, trois stations, 60 bus et 600 intentions de commandes, « le chemin à parcourir reste important » comme le constatait Christophe Degruelle, président d’Agglopolys, « avec l’appui de la commande publique » pour les flottes de bus ou de bennes.
Les acteurs de la filière comptent en tout cas sur le nouveau gouvernement, en particulier Marc Ferracci, ministre délégué à l’Industrie, pour avancer sur la structuration de la filière. Alors que le lobby de l’électrique pèse de tout son poids, et que la concurrence chinoise est très présente, notre pays a besoin d’un cadre réglementaire favorable sans délai.
Un écosystème régional dynamique
« On a toutes les compétences et les capacités énergétiques pour développer la filière mais le développement des usages est notre point faible », constatait de son côté Gilles Lefebvre, délégué régional de France Hydrogène. C’est le cas dans notre région avec une trentaine d’entreprises sur toute la chaîne de valeur : production (ELOGEN, RAIGI, Imperator industries …), production (John Deere, Caillau, Plastivaloire …), stockage-transport (PHINIA ; TLD Europe, Toutenkamion Group …). À cela s’ajoute, une recherche de haut niveau avec 8 laboratoires (1) et trois pôles de compétitivité (S2E2 Tours, Polymeris et Cara à Orléans).
Comment développer les usages sur le territoire ? L’exemple de HyTouraine sur l’Isoparc de Sorigny, développé par la communauté de communes du Val de l’Indre, a constitué une bonne illustration du partenariat. 5 MW d’hydrogène seront produits par électrolyse avec trois stations de distribution pour la mobilité. Bus, transports péri-urbains et scolaires, bennes à ordures ménagères sont ciblés. (2) Enfin, en matière industrielle, l’hydrogène a aussi de l’avenir comme le confirme une étude de TotalEnergies qui fait état de 34 % de la production d’énergie à l’horizon 2050. À Tours, STMicroélectronics s’est d’ailleurs engagé dans la production d’hydrogène renouvelable.
(1) CEA, GREMI, GREMAN, CEHMTI, PRISME, ICAREBRGM et PCM2E.
(2) Au total, notre région compte 100 véhicules fonctionnant à l’hydrogène et 12 stations d’avitaillement.
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