Disserter sur le droit en bon français, ça ne mange pas de pain

Entre Nuit du Droit et sommet de la Francophonie, la semaine demandait à nos élus une forte constitution. Même si Villers-Cotterêts ne vaut pas Versailles, brioches et toasts grillés valaient mieux que la baguette.



Par Mag’Dom.


« Faute de pain, on mange de la galette… Car la galette vaut bien une brioche. » Inspirée par le sommet de la Francophonie tenu à Villers-Cotterêts en cette fin de semaine, la doyenne complétait à sa façon un dicton canadien pour entamer le débat hebdomadaire de la tribu, qui ne manqua pas de levain. Car, siffla-t-elle enjouée, c’est le 6 octobre 1789 que les Parisiennes revinrent de Versailles en ramenant derechef en la capitale le boulanger, la boulangère et le petit mitron. Adieu les galeries royales, et gare à leurs miches, conclut-elle en montrant toutes ses dents, aiguisées comme un tranchoir, voire un couperet de guillotine.

Sur la table des agapes, hautement républicaines, trônaient en évidence ce samedi soir quelques spécialités régionales du Centre-Val de Loire, telles les brioches aux pralines de Montargis, d’autres venues de chez Tatin, et surtout de belles tranches de pain de mie savamment toastées. Connue sous le nom d’Harry’s, cette spécialité castelroussine de réputation mondiale était là en hommage à Paul Picard, décédé l’avant-veille. Issu d’une famille de boulanger de Châteauroux, c’est lui qui créa la marque après-guerre, inspiré des pains des soldats américains, et dont la ville-préfecture de l’Indre possède toujours la plus grande de ses cinq usines. Mais là, rien à voir avec Louis XVI, même pas un dauphin comme emblème, ou une effigie de Lafayette.

La fin de semaine avait justement commencé ce 3 octobre avec la célébration de la Nuit du Droit, en référence à la création le 4 octobre 1958 de la constitution de la Ve république. C’est Laurent Fabius, au nom du Conseil constitutionnel, exposant que « sans le droit, le plus fort impose sans risque sa loi au plus faible » qui créa en 2017 cet évènement national, voulu en métropole et outre-mer. En Martinique, cet argument a fait un peu flop dans le lagon car ce même jour, le tribunal administratif de Fort-de-France, saisi par le préfet, a annulé une délibération de la Collectivité territoriale de Martinique (CTM) de 2023 reconnaissant la langue créole comme langue co-officielle. Cela a dû bruisser fort, ma chère, dans les couloirs du sommet de la Francophonie.

Histoire de s’en payer une tranche supplémentaire, ce 6 octobre, jour de la Saint Bruno, les taupinettes n’ont pas manqué de faire la fête au nouveau ministre de l’Intérieur, quitte à flirter avec l’édition 2025 de l’Almanach Vermot. « Il a beau dire qu’il a du pain sur la planche pour mener la France à la baguette, il va devoir passer plusieurs nuits à réviser son droit. Quitte à piquer un coup de sang pour ne pas se retrouver au sol, voire au parquet », couina une excitée. Plus posée, l’archiviste, sans pour autant le prendre pour un imbécile, s’inquiéta qu’il prenne son rôle de douanier trop à cœur, ressortant une vidéo de l’INA aussi explicite qu’intemporelle. En 1972, l’humoriste Fernand Raynaud regrettait le départ forcé d’un étranger. Il était boulanger, et peut-être un peu le roi du village.

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