« L’exposition d’après », tel est le titre du 117e salon des Artistes Orléanais qui fait suite à celui de l’an dernier marquant le centième anniversaire de l’association. Cette année, jusqu’au 20 octobre, les œuvres de 118 artistes, peintres, graveurs, sculpteurs et céramistes, sont exposées en la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier.
Instant Charnière de Sébastien Bergé cl JDB
Par Jean-Dominique Burtin.
« Instant charnière », œuvre monumentale et carte blanche
Bel accrochage. Remarquablement mis en lumière par Didier Girard maître éclairagiste, ce nouveau salon offre aux amateurs d’art la possibilité de passer d’un espace à l’autre et de découvrir, dans chacun, conçu comme une petite galerie, des œuvres en sensible résonance.
Ne manquons pas, d’emblée, de souligner, jouxtant en harmonie les sculptures de
Tetsuo Harada, la force de «
Instant charnière », œuvre monumentale de Sébastien Bergé à qui les AO ont donné carte blanche. Ce vendredi, ce peintre enseignant, né à Orléans, a apporté, lors du vernissage la dernière touche à sa toile. Sébastien Bergé : «
Lorsque les Artistes Orléanais m’ont proposé de réaliser pour le cœur de la collégiale une toile de dix mètres sur deux, j’ai tout de suite dit oui. Car cela me permettait de ne plus m’enfermer dans mes petits carnets où je ne ressentais pas cet engagement de tout le corps qu’il peut y avoir dans la grande peinture. Un tel travail permet de se confronter à la peinture d’histoire, celle qu’ont entre autres fait vivre Delacroix, David, Ingres ou Géricault. »
À noter que toutes les réflexions de cet artiste, photographié par Valérie Thévenot, se retrouvent dans le catalogue de l’exposition, riche document abondamment illustré de reproductions de créations des exposants.
Un atelier rencontre dédié à la gravure
Dès l’entrée de la Collégiale, face au cœur, belle est l’idée d’avoir ouvert un espace dédié à la gravure, un atelier rencontres où des démonstrations se tiendront jusqu’à la fin du salon (voir encadré). Aux cimaises précieuses de cet espace voici, entre autres, le bel art de la manière noire par
Florence Dias Looten, la puissance d’une eau forte et aquatinte de Claudine Grangier, la fraîcheur souriante des ondes à la pointe sèche de Cécile Malinverno, ou l’éclatante finesse du travail de Yann Hervis conjuguant bois compressé et gaufrage.
« Un temps de partage à l’aube de l’automne »
En préface du catalogue de cette exposition,
Laurence Bellais, vice-présidente du Département du Loiret, Commission Culture donne le ton de ce salon et souligne l’importance de ce dernier dans le département : «
Ce temps fort culturel est toujours source de plaisir et de riches découvertes, un temps de partage à l’aube de l’automne, une fenêtre ouverte sur l’imaginaire, la créativité et la poésie. Le cœur à l’ouvrage, puisque c’est ainsi que commence un ver de Baudelaire, ces créateurs nous offrent un dialogue entre leurs visions personnelles et les réalités qui nous entourent, et ce dialogue est essentiel car il nous permet de questionner nos perceptions et d’élargir notre compréhension du monde ».
Belle Multiplicité de points de vue
Impossible, bien entendu, de citer par le menu toutes les œuvres figurant dans ce salon. Soulignons toutefois la multiplicité de beaux points de vue. Ainsi, à deux pas du cœur, on ne peut que contempler avec bonheur les marbres d’Isabelle Milleret. De toute intensité et densité, à la fois éventails et signatures, ils emplissent tout le salon de leur présence. De son côté, le tapis de Jean-Pierre Pelletier Troupet, artiste cartonnier, décorateur, designer et peintre, œuvre d’art unique réalisée par la manufacture Pinton de Felletin/Aubusson, semble un puits de lumière ou un balcon donnant sur la collégiale.
À l’orée des œuvres de Sylvie Desmoulin. Photo JDB.
De coups de cœur en coups de cœurs
Ici, « La pensive », bronze à la cire perdue, et la toile à l’acrylique « L’arbre tutoie le ciel », de
Sylvie Desmoulin nous enchante. Là, d’une présence fascinante est la sculpture « Mère nature », pièce conjuguant fer et ciment signée Catherine Legrand. Par ailleurs, c’est un joli parfum de sérénité qui émane de cette travée où se côtoient les toiles « Entre deux mondes », de Hervé Gouzerh et « Dans tous les sens », de
Nadine Ringuedé, fin tressage de couleurs tel un onguent pour le regard. Toutes deux se tiennent non loin des sculptures de Nathalie Cirino mariant avec douceur pierre calcaire et bois de sequoia.
Un esprit d’ouverture
S’offrant au regard, voici encore les magnifiques « Hermes », « Adam », « Greco » sculpture de Sarah Scouarnec qui n’auraient pas manqué de séduire Cocteau ; voici la petite industrie des aplats et des coups de griffe de
Leena Noux, le trio Massai en terre cuite patinée du sculpteur Alchen jouxtant la toile résolument accomplie, « Ecritures », de
Daniel Caspar. Voici encore un bouquet d’œuvres de Jean et Jérôme Bailly, de
Daniel Gélis, de
Denis Pugnère, de
Cédrick Vannier, de Rémi Hanot, de Dominique Robert (« Printemps ») ou bien encore de Pauline Aubey (portraits en briques – lego). De toute élégance sont encore les créations de Mane Phely : précieux pans d’écorce dorés ou d’un noir luisant, travail d’orfèvre (technique mixte sur carton). En vérité impossible de citer tous les artistes faisant partie de ce salon. À souligner toutefois, qu’après avoir fêté son centenaire l’association manifeste plus que jamais son esprit d’ouverture. En effet, les AO accueillent pour ce salon 32 artistes nouveaux. Par ailleurs, 33 créateurs participant à ce rendez-vous ne vivent pas dans le Loiret. Tout cela pour une palette de formes et de lignes, de matière et de couleurs. Une respiration artistique fruit d’un vaste ensemble d’inspirations.
117e Salon des Artistes Orléanais
« L’exposition d’après »
Jusqu’au 20 octobre,
Collégiale Saint-Pierre le Puellier, 13, cloître Saint-Pierre-le-Puellier, Orléans.
Du mardi au dimanche, de 14 heures à 18 heures. Entrée gratuite.
Rencontre avec les artistes
Focus gravure, démonstration, de 15 heures à 17 h 30
Dimanche 6 octobre : Bruno Delas et Cécile Malinverno (impression taille – douce), Michel Dubois (sérigraphie).
Vendredi 11 octobre : Pierre Guérin et Florence Nivan (impression taille – douce).
Samedi 12 octobre : Nicole Guézou et Jacques Meunier (impression taille – douce).
Dimanche 13 octobre : Bruno Delas et Cécile Malinverno (impression taille-douce).
Vendredi 18 octobre : Laurence Nobilé (impression linogravure avec baren), Florence Nivan (impression taille-douce).
Samedi 19 octobre : Florence Dias Looten (technique de la manière noire) ; du Boucher Anne-Marie (impression linogravure avec baren).
Les différents Prix attribués
Prix des Artistes Orléanais : Marie Alloy pour « Les eaux bleues ».
Prix et achat Ville d’Orléans : Marc Lecoultre pour « Aval 2 ».
Prix et achat du Conseil départemental du Loiret : Isabelle Milleret (Marbre de Belgique).
Prix et achat du Conseil régional : Laurence Pillate pour la céramique « Après la pluie ».
Prix de peinture Yves Duponrt : Sylvain Alizon pour « Lever du jour ».
Prix Jeanne Champillou : Christine Tatin pour « Tsunami ».
Prix de sculpture donné par Triangulum Artis : Mane Phelly, pour l’ensemble de ses œuvres.
Prix des Amis des Musées : Jean-Pierre Pelletier Troupet.
Prix Lefranc Bourgeois : Maïa Gombault pour « Femme sur le lit ».
Prix de L’Atelier O Bois, Olivier Parent : Maryline Mercier pour (« Fraternité-Attendez-moi »).
Beauté du geste : Partenaire du salon des Artistes Orléanais, l’établissement les Cafés Jeanne d’Arc a offert à chaque lauréat un sachet de thé et de café, de même qu’aux neuf artistes choisis par cette maison pour la reproduction de leurs œuvres sur kakemono parant en ville ses vitrines de magasin.
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