Kurt Demey et son complice Joris Vanvinckenroye au violoncelle nous entraînent pendant plus d’une heure trente dans les mystères du hasard, des coïncidences et de la pure magie. « Évidences inconnues », spectacle au croisement de théâtre, de musique et de mentalisme, fait participer les spectateurs et leurs obligations de choix.
Kurt Demey et son complice Joris Vanvinckenroye Phot A. Catel.
Par Bernard Cassat.
À partir de coïncidences, ou de possibilité de coïncidences, Kurt Demey construit toute une démarche pour démonter le hasard. Il part de l’obligation de chacun, dans la vie, d’avoir à faire des choix, de la difficulté de ces choix, et même de leur caractère parfois aléatoire. Combien de fois on s’est dit, si j’avais répondu à telle ou telle invitation, peut-être je ne serais pas là mais ailleurs, pas pauvre mais riche, etc.
La musique rythme l’illusion. Photo Sofie de Backere.
Dans un spectacle très scénarisé, avec un excellent violoncelliste qui rythme le déroulement, il fait participer le public, leur demande de venir parcourir un arbre au sol, sur scène, symbolisant le chemin de la vie, avec des choix à chaque ramification. Et par un système de petits papiers cachés dans des bocaux, il pose des jalons de ce qui deviendra de sidérantes correspondances. On a tous en mémoire des cas qu’on a lus ou qu’on nous a racontés, des voyants qui donnent le numéro de sécu d’un spectateur, ou qui devinent le prénom du mari. Kurt Demey fait plus : il fait deviner à des spectateurs des imaginations d’autres spectateurs.
La puissance de la magie pure
On a l’impression qu’avec lui, des gens qui auparavant ne se connaissaient pas entrent soudain en résonances. Ils imaginent les mêmes choses. C’est la force mentaliste du meneur de jeu, cette magie nouvelle ou magie pure, de faire éclore de telles correspondances. Et il fera encore plus avec tout le public autour de photos qu’il nous a demandé de choisir avant d’entrer dans la salle. Une expérience inénarrable, bien sûr, mais incroyable à vivre.
Effet de scène. Photo Aline Weltjens.
Nos actes sont-ils de véritables choix ou une simple coïncidence ? Sommes-nous manipulés ? Pour faire du public son complice, la recette du mentaliste belge est étoffée : un peu de théâtre et d’humour, un soupçon d’arts plastiques et la musique jouée par son compagnon taciturne. Une expérience entre rêve et réalité, poésie et magie, qui nous rappelle, s’il en était besoin que « le hasard est l’effet d’une cause qui nous échappe ». Alors la poudre contenue dans les bocaux, et que le magicien fait voler à la fin, n’est peut-être que de perlimpinpin. Le mentaliste, lui, nous a eus, et bien eus ! À moins que ce soit nous, nos imaginations, nos croyances, qui aient mené ce jeu formidable et incompréhensible.
Deuxième et dernière représentation ce mercredi 2 octobre à 19H
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