Il n’est plus au gouvernement mais reste une figure du bloc centriste à l’Assemblée. Pour Magcentre, l’ancien ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire s’exprime sur la rentrée politique et son avenir.
Propos recueillis par Jean-Luc Vezon.
N’êtes-vous pas trop déçu de ne plus être ministre ?
Non, car je ne souhaitais plus l’être. J’avais du reste exprimé mon choix en juillet dernier et ma volonté de reprendre la présidence du groupe « Démocrates ! » à l’Assemblée nationale (36 députés). Je crois qu’il est important de renouveler les visages et les talents. Qu’il y ait une respiration. Être ministre, c’est toujours du provisoire.
Que pensez-vous de la nouvelle ministre Annie Genevard ?
C’est une femme d’écoute issue d’un territoire rural (le Doubs) qui est députée depuis 2017. Constructive, elle avait voté la loi d’Orientation pour la souveraineté en matière agricole le 24 mai dernier. En tant que républicain et pour l’intérêt de notre agriculture, je souhaite naturellement sa pleine réussite dans cette fonction à la fois technique et politique.
Élevage, viticulture, céréales (pire récolte de blé depuis 40 ans), Lactalis… la crise agricole perdure. Y a-t-il un risque de “désagriculturisation” ?
On assiste à un grand mouvement de transition et transformation de notre agriculture avec des à-coups très durs à l’image de la décision abrupte de Lactalis de réduire sa collecte. L’essentiel est lié au dérèglement climatique : sécheresse, précipitations, maladies… Nous devons être en soutien financier mais aussi donner les moyens aux agriculteurs d’être plus résilients et de diversifier leur production. Nous agissons, avec par exemple le plan « agriculture climat Méditerranée » ou au travers d’une réflexion sur la gestion de l’eau.
Au-delà, il faut stopper l’agribashing relayé par certains médias et arrêter d’empêcher les agriculteurs de produire. Je suis convaincu qu’il est possible de produire autant en respectant l’enjeu écologique. Le paquet simplification pour alléger les contraintes administratives des exploitations soutient cet objectif.
Que va devenir votre projet de loi d’orientation agricole ?
Ce projet faisait consensus avec notamment le vote des LR et l’abstention des communistes. Comme indiqué par le gouvernement, il sera étudié par le Sénat très rapidement. C’est une bonne nouvelle car il contient des mesures importantes pour le renouvellement des exploitations (2) et l’accès au foncier (50 % des installations sont issues de personnes qui ne sont pas du monde agricole), l’orientation et la formation professionnelle, la simplification ou une rémunération permettant de vivre dignement. Nourrir la population et participer à la transition écologique : être agriculteur est un beau métier que nous devons valoriser.
Que pensez-vous du discours de politique générale de Michel Barnier ?
Le Premier ministre a été attentif à ce que l’on porte, respectueux des quatre groupes de la majorité et des oppositions. Avec bon sens, Michel Barnier a exprimé les priorités de rétablissement des comptes publics ou concernant l’immigration. Comment les mettre en œuvre ? Le vote du budget sera naturellement le rendez-vous avec des arbitrages difficiles. Je souhaite une assemblée responsable mais il y aura sans doute un 49.3.
Quel sera votre rôle dans cette nouvelle assemblée ?
Je veux être lucide de ce qui a fonctionné ou non. Il faut trouver un point d’équilibre entre développement économique et justice fiscale, maintien des services publics et économies sur les dépenses publiques. Pour ma part, je n’oublie jamais que j’ai été élu, en juillet dernier, grâce au front républicain. Je suis dépositaire du vote de mes électeurs.
Serez-vous candidat à Blois aux municipales en 2026 ?
Non. Je tiens et je tiendrai toujours mes engagements. La parole politique doit retrouver du crédit.
(1) Marc Fesneau avait exercé cette fonction du 25 juin 2017 au 15 octobre 2018.
(2) D’ici 10 ans, 50 % des agriculteurs vont partir à la retraite.
Plus d’infos autrement sur Magcentre :
Emmanuel Duplessy, député du Loiret : « L’alliance à gauche a créé une dynamique qu’il faut poursuivre »