Tout le monde connaît la danse des canards, mais connaissez-vous « Les Canards de Paris ? ». Dans la ville-capitale, là où coule la Seine, navigue un insolite bâtiment… à roues.
Ce bus amphibie parcourt la capitale sur tous les terrains.
Par Marie Lincourt.
Non, je ne parle pas de ces charmants volatiles qui attendent avec impatience sur les lacs quelques miettes de pain que nous n’avons plus le droit de leur jeter, mais du bus amphibie qui sillonne Paris et les Hauts-de-Seine depuis 2021, pour faire découvrir aux touristes les merveilles de notre capitale. Ceux-là mêmes qui hésitent entre un tour en autocar et une croisière. Mais alors, quelle serait donc la meilleure façon de leur faire découvrir Paris ? Paul Michel et Philippe Mallet ont trouvé la solution avec « Les Canards de Paris », un joli bus qui se balade à travers la capitale avant de s’immerger et de flotter dans les eaux de la Seine.
Une idée exportée des États-Unis où les véhicules amphibies fleurissent. Imaginé depuis 2013, élaboré pendant plusieurs années pour se concrétiser enfin en 2021, (parce qu’évidemment le cumul de toutes les autorisations demandées remplissant allègrement 10 000 pages, il faut donc un petit peu de temps, nous sommes en France, n’est-ce pas ?) notre Canard voit enfin le jour le 5 juillet 2021. L’aventure commence alors Place Vauban, face au dôme des Invalides. À cet endroit, stationne un drôle de bus bleu, aux pneus rehaussés et à l’effigie de Marcel, le Canard marin, qui a l’air de bien se marrer.
Vêtu d’un gilet rayé et d’une casquette noire, un foulard rouge noué à son cou, il lève son pouce et vous invite à grimper la petite passerelle pour monter à bord. Là, on se croirait déjà dans un bateau quand on lève la tête et qu’on voit les bouées de sauvetage et les gilets accrochés aux filets du plafond. Le ton est donné et Albert le conducteur met aussitôt les voiles, enfin les pneus plutôt. Dans le bus, enfants comme adultes ouvrent de grands yeux pour admirer les principaux monuments de Paris que Paul explique et décrit avec force, gestes et détails, se servant souvent d’un quiz dont le gagnant recevra l’insigne faveur d’un gros bonbon !
Le grand splash des Canards de Paris dans la Seine.
Sacré cadeau quand même !
Et c’est parti pour un tour de Paris en 1h45 : la tour Eiffel, les Invalides, le pont Alexandre III, le Petit Palais et le Grand Palais, les Champs-Élysées et l’Arc de Triomphe, la place du Trocadéro… Après avoir vu et s’être imprégné de l’Histoire et de la petite histoire de la plupart des grands monuments parisiens, le véhicule atteint la Porte de Saint-Cloud, longe le Parc des Princes et pénètre sur les terres du département des Hauts-de-Seine. Destination le Parc nautique de l’île de Monsieur, une vieille île du frère de Louis XIV.
Et une fois l’embarcadère du parc atteint, Marcel s’engage sur la rampe d’accès au fleuve, accélère, et c’est le grand Splash ! Le bus flotte allègrement et la croisière peut commencer : la Seine Musicale, le Parc de Saint-Cloud, le bois de Boulogne et la cime des gratte-ciels du quartier d’affaires de la Défense, défilent sous nos yeux tandis que nous croisons de petits voiliers, qui doivent bien se demander ce qu’un bus fait sur leurs terres, enfin plutôt sur leurs eaux !
Au terme des vingt minutes de navigation prévues, à hauteur de Sèvres et de Saint-Cloud, le véhicule reprend pneus à terre pour rejoindre son point de départ. Avec, au passage, une vue privilégiée sur les bâtiments en forme de vaisseau de la Seine Musicale situés sur l’île Seguin, à l’emplacement des anciennes Usines Renault.
Les promoteurs qui adorent ce nouveau concept ne comptent pas en rester là (et d’ailleurs quand on aime on ne compte pas) et se sont déjà lancés dans la construction d’un deuxième véhicule, priant tous les saints pour obtenir (plus vite cette fois ? On peut toujours rêver !) l’autorisation d’un deuxième accès à la Seine, ce qui leur éviterait de faire l’actuelle boucle.
Et puis comme dit le proverbe : « il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ». Mais nous n’en sommes pas encore là, et les passagers redescendent, le pouce en l’air et le sourire aux lèvres, à l’instar de Marcel, le Canard. Un dernier détail qui a néanmoins son importance : il n’y a pas de toilettes à bord, et comme nous ne sommes pas en mer, il vaut mieux prendre ses précautions avant ! (Parce que la Seine vient d’être nettoyée par madame le Maire, quand même !).