Les mathématiciennes sortent de l’ombre à Baule (45)

Bertrand Hauchecorne, agrégé de maths, mettra en avant des mathématiciennes de l’Antiquité à nos jours le 8 octobre 2024 à Baule (45). Une conférence grand public bienvenue puisque le nom d’aucune de ces femmes n’est parvenu jusqu’à nous. 

Bertrand Hauchecorne, agrégé de maths et maire de Mareau-aux-Prés
Bertrand Hauchecorne, agrégé de maths présentera des mathématiciennes oubliées le 8 octobre 2024 à Baule. DR


Bien sûr, tout le monde connaît Pythagore ou Euclide en tant que mathématiciens. Mais lorsqu’il s’agit de nommer une femme, chacun.e reste coi. Et pourtant elles existent mais leur identité a sombré, comme d’habitude, dans les chausse-trappes de l’Histoire. D’où l’intérêt de la conférence de Bertrand Hauchecorne, agrégé de maths.


Votre idée première était bien de mettre ces femmes oubliées en pleine lumière ?

Oui bien sûr. Mais bon, il faut être franc. Jusqu’au début du 20e siècle, une femme n’avait quasiment aucune possibilité d’accéder à l’enseignement supérieur et donc ne pouvait pas ensuite devenir mathématicienne. Sauf, quelques exceptions qui ont réussi à franchir ce plafond de verre. Et ce sont ces femmes-là que je vais mettre en valeur. Et j’insiste sur le fait que cette conférence s’adresse à tout le monde.

Je cite notamment le cas de la Française Sophie Germain (1776-1831) qui a dû se faire passer pour un homme auprès de grands mathématiciens pour réussir à se faire connaître. Heureusement, il y a aujourd’hui de grandes mathématiciennes reconnues.

Votre conférence parle des mathématiciennes de l’Antiquité à nos jours. Donc, il y a eu très tôt des femmes mathématiciennes ?

Oui il y a eu la femme de Pythagore, Théano. Mais bon on ne sait pas trop ce qu’elle a fait de même que Pythagore d’ailleurs, mais c’est un autre sujet. J’évoquerai ensuite Hypatie d’Alexandrie, qui a notamment mêlé maths et philosophie afin de tenter de comprendre la place de l’Homme dans l’univers. Pour l’Antiquité c’est à peu près tout. Je saute ensuite plusieurs siècles pour évoquer des mathématiciennes des 18e et 19e siècles et même du début du vingtième. À chaque fois, je m’efforcerai de présenter la façon dont on faisait des mathématiques à chaque époque, car cela varie beaucoup au cours du temps.


Pouvez-vous nous en citer quelques-unes ?

Oui. Alors celle qui a eu le parcours le plus étonnant, c’est Sophie Germain dont j’ai déjà parlé, parce qu’elle est vraiment arrivée à des résultats. Elle a même établi plusieurs théorèmes. Et puis il y a la Russe Sofia Kovalevskaïa (1850-1891) qui elle est très originale. C’est la première femme à avoir obtenu un doctorat en mathématiques. D’ailleurs, je citerai des hommes connus qui ont eu des remarques désagréables à son égard parce qu’elle était mathématicienne. 

Cela me rappelle l’une de mes conférences sur maths et littéraire où je racontais que Flaubert avait une sœur dont il se moquait parce qu’elle s’intéressait aux mathématiques.

Je mentionnerai également Émilie du Châtelet qui a traduit Newton. Elle est un peu plus connue parce qu’elle était la maîtresse de Voltaire.

Est-ce-que des mathématiciennes se sont fait voler leurs travaux par des hommes ? 

Oui c’est le cas notamment de Nicole Reine Hortense (1723-1788) qui a fait des calculs sur la comète de Halley. Ses résultats ont ensuite été récupérés par le mathématicien Clairaut qui a “omis” de la citer. Du coup, son nom est totalement passé sous les radars. 

Par ailleurs, ces femmes faisaient des maths différemment parce que les canaux officiels leur étant refusés, elles utilisaient souvent d’autres méthodes.

Aujourd’hui encore les filles ont du mal à aller vers les maths. Que pourriez-vous leur dire pour les y inciter ?

Oui c’est vrai et essentiellement pour des raisons culturelles. Je leur dirais que les maths sont un peu partout. C’est donc posséder un petit pouvoir sur le monde que de les comprendre. Par exemple l’intelligence artificielle, il y a des maths derrière. Dans votre GPS, il y en a aussi. Mais également dans les tests médicaux.

Pour d’autres personnes, les maths ont un aspect ludique. C’est un univers de construction de structures et c’est tout aussi passionnant. Deux bonnes raisons donc de s’intéresser aux mathématiques.

Diriez-vous enfin qu’il y a de la poésie dans les maths ?

Oui, tout à fait. Il existe des poèmes composés à base de mathématiques. Et puis, de nombreux mathématiciens étaient aussi poètes, par exemple Omar Khayyam, poète, mathématicien et astronome persan.

Image de Une : Nicole-Reine Hortense Étable de la Brière Lepaute (1723-1788)



Propos recueillis par Sophie Deschamps.

 


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Image de Une : Nicole-Reine Hortense Étable de la Brière Lepaute (1723-1788)

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