Le maire-président de la Métropole a décidé de « lisser » les investissements programmés et notamment de reporter le grand projet de restructuration des boulevards qui ceinturent la ville. Une manière d’apaiser le climat surtout à l’approche des municipales.
Par Jean-Jacques Talpin.
On le sait depuis longtemps, Serge Grouard est un animal politique intelligent qui sait s’adapter au climat ambiant. Il a notamment compris que son grand projet de restructuration des « Mails » passait mal chez les élus de l’agglomération. Pour de nombreux maires ce projet qualifié parfois « d’orléano-orléanais » servirait avant tout les desseins de la capitale plus que ceux des communes périphériques. Il est vrai qu’à l’origine ce projet chiffré aujourd’hui à 76 millions d’euros (ce qui paraît bien faible au regard des travaux envisagés) était avant tout l’étendard électoral de Serge Grouard pour une réélection aux municipales de 2026. Mais dans une revue des détails des grands investissements à venir, présentée le 26 septembre en séance métropolitaine, Serge Grouard a annoncé que ce projet des « Mails » allait être remis en cause dans son planning.
« Un projet inadapté »
Il ne se passera donc rien ou presque – si ce n’est les études – avant l’élection locale de 2026. Pourtant pas question pour le président d’abandonner « ce projet fondamental » mais simplement d’adapter le calendrier des travaux et des financements. Ainsi les 44 millions d’investissements programmés en 2025 et 2026 sont ramenés à 14 millions. La raison en est d’abord la contestation interne. Les élus du groupe de gauche OSE ont d’abord dénoncé un « projet inadapté aux mobilités actives et aux impératifs de transition écologique ». Par la suite dix maires du groupe d’opposition “Pour une métropole en commun” ont fait part de leurs doutes tout comme les élus du groupe “Droite, centre et citoyens” menés par le maire divers droite d’Olivet Matthieu Schlesinger qui regrette que « le projet ne s’inscrive pas dans une vision globale et préalable des mobilités à l’échelle de la Métropole ».
Serge Grouard risquait donc d’être mis en minorité sur ce projet ce qui aurait pu menacer son mandat. Rusé, il explique désormais ce report par des impératifs « démocratiques » : « J’écoute ce que vous dites » ou « vos interrogations méritent d’être entendues ».
Quels impacts sur les travaux de proximité ?
Ce décalage dans le temps permet aussi d’anticiper les effets induits par cet énorme chantier qui aurait pu percuter de plein fouet le calendrier électoral. Le projet repose en effet sur deux gros chantiers : un parking souterrain à l’ouest et l’aménagement du quartier Place d’Arc avec suppression de la passerelle, déplacement du centre-bus et modification du tracé du tram.
Certes le report du projet est « une bonne nouvelle » pour de nombreux élus. Mais ils sont toujours aussi nombreux à s’interroger sur le caractère routier de l’aménagement (2×2 voies »), sur la place des circulations douces, sur l’insertion des futurs « Mails » dans l’agglomération. Pour la gauche et notamment les maires de Fleury et Saran ce projet peut aussi mettre à mal de nombreux travaux de proximité, surtout routiers. « On peut faire ce projet, a répondu Serge Grouard, sans éviter les travaux du quotidien » car « nous marcherons sur deux jambes : la proximité et l’attractivité ». À ceux qui s’interrogent sur le coût du projet (en particulier Matthieu Schlesinger qui doute de la pertinence d’une ardoise de 23 millions pour un parking de 300 places dans la trémie Jaurès) le président « symbole d’une gestion rigoureuse » (c’est lui qui l’affirme !) précise que la dette de la Métropole (700 millions) est en voie de stabilité.
Le tram attendra
Une petite marge de manœuvre – malgré un budget 2025 annoncé comme difficile – qui permet de mener de grands projets, même « lissés » dans le temps. Et cela d’autant plus qu’une épine dans le pied a été retirée. Selon des normes françaises (« débiles » selon Charles Éric Lemaignen) le remplacement des rames de tram doit être opéré 30 ans après sa mise en circulation ce qui aurait représenté à court terme 100 millions d’euros. Mais la Métropole a obtenu une dérogation avec un remplacement des rames vers 2032-33. « Je ne mènerai pas la Métropole dans le décor, a insisté M. Grouard. Si ce projet devait empêcher des travaux du quotidien, alors je ne le ferais pas ». M. Grouard poursuit donc le « lissage » de son image préélectorale : écoute, dialogue, concertation, pragmatisme. Le projet des « Mails » devra donc s’adapter au calendrier électoral et aux ambitions du maire-président qui veut entrer dans l’histoire locale avec un cinquième mandat !
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