Une météo désastreuse, des Jeux Olympiques en deçà des espérances, des élections répétées, un pouvoir d’achat en berne, un climat politique délétère : autant de « vents contraires » à l’activité touristique qui a pourtant réussi à maintenir ses positions.
Chaumont-sur-Loire connait jusqu’ici une baisse (-8%) de fréquentation en 2024. Photo JLB
Par Jean-Jacques Talpin.
« Nous ne sommes pas déçus ! » François Bonneau, président du Conseil régional comme Pierre-Alain Roiron, vice-président en charge du Tourisme le clament de concert : « Les Jeux Olympiques ne sont pas un échec en termes de retombées pour la région, nous n’y avons jamais cru. Malgré tout nous avons réussi à affirmer ce que nous sommes et à affermir notre identité ». Certes, après une année 2023 exceptionnelle, – qui faisait suite à deux années en panne pour cause de Covid -, la saison touristique 2024 pouvait s’annoncer comme un bon cru.
Malheureusement « les vents contraires » comme l’explique François Bonneau sont venus doucher les espoirs régionaux. Car c’était compter sans des événements extérieurs comme des week-ends électoraux, une météo capricieuse, un pouvoir d’achat pas au beau fixe, qui ont fait de 2024 « une année pas facile et compliquée ». La plupart des indicateurs de fréquentation ou de taux d’occupation sont ainsi en léger retrait (Chaumont-sur-Loire -8%, Chinon -9%) alors que des « petits » sites réussissent à tirer leur épingle du jeu comme le château de La Ferté-Saint-Aubin (+25% de fréquentation), Château de Langeais (+16%), Valençay (+11%). Mais la région peut aussi compter sur le tourisme à vélo, notamment sur la « Loire à vélo », ce qui fait du Centre-Val de Loire « la première région française pour le tourisme cyclable ».
Un million de visiteurs supplémentaires
Si les indicateurs sont en léger retrait ou proches de la stabilisation, le chiffre d’affaires des principaux acteurs du tourisme est plutôt en légère progression avec des prestations plus chères mais aussi une montée en gamme vers des services « premium ». « Nous avons sauvé la saison, poursuit le président régional, car les acteurs du tourisme se sont adaptés aux clientèles ou à l’environnement ». Mais aussi parce que la Région a investi près de deux millions d’euros en 2023 pour conforter les professionnels de ce tourisme.
Du simple hébergement ou de la visite classique d’un site, le tourisme repose de plus en plus sur du service : visites guidées, promotions, animations culturelles. Ce qui explique d’ailleurs la progression régulière du tourisme régional : en cinq ans les grands sites historiques ont accueilli un million de visiteurs supplémentaires. De nouvelles offres ont ainsi vu le jour à l’exemple d’un gîte à Neuillé-Pont-Pierre (Indre-et-Loire) pour l’accueil de sportifs de haut niveau, mais aussi avec le CabochéR à Orléans, bateau de Loire destiné notamment aux personnes handicapées, les Vélos Verts à Blois pour les circuits à vélo, les vins Mérieau à Montrichard qui vont proposer des animations dans un nouveau chai.
Région olympique, le Centre-Val de Loire a connu peu de retombées des JO : ainsi l’hôtel Ibis pourtant rénové de fond en comble à Châteauroux a vu son activité légèrement régresser. « Les gens ont regardé les JO devant leur télé », se plaint la directrice adjointe. Même les étrangers qui goûtent pourtant la région avec appétit ont quelque peu dédaigné le Centre-Val de Loire, spécialement les Américains et les Britanniques alors que les clientèles belge ou hollandaise sont restées fidèles.
En attendant Bourges 2028 !
Pourtant Marc Richet, directeur du Comité Régional du Tourisme (qui cède son poste à Martine Guellasse) garde confiance. « La saison est loin d’être terminée, l’automne est toujours porteur ». L’automne, durant les vacances scolaires, sera ainsi marqué par le festival Ar(T)chipel en lien avec le Centre Pompidou. La Région veut aussi consolider ce secteur touristique qui procure 3,5 milliards de retombées économiques, soit 5% du PIB régional et plusieurs milliers d’emplois. La prochaine saison en 2025 sera notamment orientée en direction du prestige lié aux classements de l’Unesco : 25ᵉ anniversaire du classement du Val de Loire au patrimoine mondial, 15 ans de l’inscription du repas gastronomique au patrimoine immatériel de l’Humanité et 20 ans de développement de la « Loire à vélo ». Et un autre rendez-vous pointe déjà avec la capitale européenne de la Culture Bourges 2028. De quoi encore étoffer la compétitivité régionale !
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