Hop Pop Hop 2024, la belle devanture des musiques actuelles

Festival désormais bien installé dans la ville d’Orléans, les deux jours de septembre, cette année particulièrement froids, ont vibré à la chaleur des musiques actuelles. De très belles découvertes, puisque c’est le but de l’événement. À chacun son miel, mais la ruche était riche.

HPH2024_Matthieu Malon_Photo Valérie Thévenot



Par Bernard Cassat, photos Valérie Thévenot.


Vendredi, à 18h précise – la grosse machine organisationnelle de Hop Pop Hop ne permet aucun décalage – Matthieu Malon est monté sur la scène Macro Santo pour ouvrir le festival. Normal, il est chez lui. Entouré de ses musiciens, il a chanté ses textes poétiques, cinglants parfois mais sans en avoir l’air, relevant les travers de notre monde avec une ironie malicieuse. Bon début de festivité !

Beige Banquet à HPH2024 – Photo Valérie Thévenot


En face, sur la scène Micro Campo, les Beige Banquet ont remplacé haut la main le trio GaBLé qui n’a pas pu venir. Des problèmes de sonorisation de la basse ont fait monter la pression. Mais les cinq Londoniens se sont ensuite déchainés dans leur rock post punk construit, répétitif jusqu’à l’obsession. Trois guitares dont la basse, deux percus et un synthé. C’est hyper tonique, le chanteur rythme les paroles avec une minutie toute anglaise. Les riffs déjantés alternent avec des couplets en vitesse de croisière. Voilà, on y est, au cœur de Hop Pop Hop, dans ce rock tonique riche de son héritage. Très beau moment.

Beige Banquet – Photo Valérie Thévenot

 

Enola Gay – Photo Valérie Thévenot


On est resté au Campo Santo, où Enola Gay a fait éclater sa bombe. Nerveux, excités, les quatre Irlandais au nom un peu douteux jouent vraiment dans la cour des post punks. Une batterie implacable, des paroles rythmées comme du rap, du bruit, beaucoup quand même. Mais aussi le plaisir de cette rage qui vient des tripes, cet influx nerveux du rock de base pourtant plus élaboré chez eux. Intéressant.

Enola Gay – Photo Valérie Thévenot


L’enchainement des deux scènes nous a fait rester en face, devant Enola, rapprochement de nom fortuit. Son rock plus chanté par la leader Ruby, plus sombre, plus gothique, plus rond aussi, avec une basse capitale, complétait ce début de festival très enlevé, très rock, en tout cas au Campo Santo.

HPH2024_OPAC_Photo Valérie Thévenot


Pour saisir tous les aspects de la fête, on s’est transporté à l’Institut quasi plein où officiait Opac. Quatre Tourangeaux qui proposent un folk original, en anglais. Le chanteur Pierre-Alexis Cottereau, violoncelliste et pianiste en même temps, fait rebondir sa voix prenante dans de très belles mélodies. Les arrangements guitare et batterie tirent ce folk vers une originalité intéressante et surtout séduisante par son harmonie, sa douceur. Il ne faut tout de même pas s’y tromper. Le groupe peut devenir vif, très vif. Il fonctionne à merveille. Belle découverte.

Fat Dog- Photo Valérie Thévenot


Retour devant Macro Santo où des enregistrements de gémissements de chiens ont créé une drôle d’ambiance. Et les Fat Dog qui ont envahi la scène ne l’ont pas dissipée ! Ces punks électro londoniens, dans un délire de lumières, ont balancé leur rock énervé comme seuls savent le faire avec brio de purs Anglais. Oh my dog ! Ça dégageait…

On a pris en cours Uto sur la scène Barrault. Fort, très fort, trop fort, intenable. Dommage. L’alliance voix/rythme était intéressante. Les deux Loirétains se donnaient à fond dans leur pop lumineuse. Mais l’intensité du son détruisait à peu près toute nuance pour ne laisser qu’un magma sonore insupportable.

Loverman – Photo Valérie Thévenot


Alors on s’est réfugié à l’Institut à l’heure de Loverman. Un Bruxellois incroyable. Il cherche sur son piano un thème, une entrée, avec des mimiques étranges. Il démarre, revient, joue très fort. Il chante en anglais de sa voix particulière, raconte mais sans cesse casse son effet. Pour la suite, il prend sa guitare qu’il joue elle aussi très fort, nous entraine dans son titre, Loverman. Beau, presque du folk classique en bonne et due forme. Et puis il danse, comme un fou du roi. Il parcourt la salle avec son tambourin. Reprend sa guitare violente, casse les cordes. C’est un baladin, un artiste polymorphe cabotin mais tellement séduisant.

Éreinté par cette flamboyante première journée de Hop Pop Hop, on a squeezé Lalalar, le groupe turc qui devait pourtant être magnifique… C’est le jeu.

Bøl. Photo BC


Samedi, 16h au Campo
, c’est Bøl qui ouvre le bal. Six Toulousains qui approfondissent le rock, le transformant en musique de recherche. Une éblouissante section cuivre (saxo, trompette), ça transforme totalement la donne. Des développements puissants, à la fois swing, funk et jazz. Ils mettent une âme dans des sons énergiques et travaillés qu’ils vont chercher loin. Un bassiste incroyable, une trompette enthousiasmante. Une magnifique proposition qui tire le rock vers de la grande musique. Trop tôt pour le public ? Seule une poignée d’auditeurs étaient là. Pas de bol pour Bøl…

Geysir, un couple de Vendôme, transformait la salle de l’Institut en caverne sombre et cérémonieuse. Leurs lancinants morceaux très religieux (mais sans croyance), au son continu mais pas vraiment planant, avec des pointes de gros son très grave, apparaissent comme une recette simple joliment déclinée. Mais un peu lassante.

HPH2024_Karkwa_Photo Valérie Thévenot


Les cinq Canadiens de Karkwa ont alors réchauffé le Campo Santo. Un chanteur leader impressionnant, un pianiste complice, un groupe de la veine de Feu! Chatterton. Ils sont bien montés au créneau avec leurs chansons à texte et leur musique puissante, allant du rock le plus débridé à de la pop enjôleuse. Ils ont une puissance de son et une originalité remarquable. Mais le discours de Louis-Jean Cormier, totalement désabusé, n’entrainait pas vers un partage serein. Comme un rendez-vous manqué ! Dommage, puisque comme il le répétait, on les verra sans doute plus.

Noor à l’Institut était, elle aussi, trop triste avec ses histoires de cœur loupées. Et surtout elle le disait trop. Sa voix et son synthé ne redressaient pas l’ambiance…

JOUBe – Photo Valérie Thévenot


Alors on a surpris JOUBe dans la cour de l’Évêché et le moral est remonté. Incroyable installation de bidules sur un vélo, branchés sur un ordinateur. Il fait du son avec tout, tape sur le cadre et ça fait des bruits graves, a plein de boutons sur la selle, des capteurs branchés sur les roues. Il s’amuse, nous amuse, et sa voix au micro rythme tout ça pour rester dans une performance musicale. Très drôle, totalement original. De la randonnée salvatrice.

Double Vitrage – Photo Valérie Thévenot


À la salle Barrault, Double Vitrage transformait son set en rave-party. Du rythme sans musique, de l’énergie sans raison. Ça a plu, en tout cas à ceux qui ont pu rentrer…

Ibibio Sound Machine – Photo Valérie Thévenot


Et puis Ibibio Sound Machine s’est installé. Pur produit de la mixité musicale londonienne (Niger, Ghana, Brésil, funk disco de l’Afrique de l’Ouest et post-punk électro), le groupe a lancé son groove avec assurance. Eno Williams en leader l’a entrainé très loin, et le public avec. En bête de scène éprouvée, elle a manié cette énergie joyeuse, aidée par la section rythmique d’enfer et un trio de cuivres brulant. Ça a formidablement marché. Impossible de ne pas être pris par un flux musical aussi immédiat, aussi puissant. Et comme les morceaux africains qui se relancent continuellement sur les mêmes paroles, on aurait voulu que ça ne finisse pas. Un très grand moment du Hop Pop Hop 2024.

Ibibio Sound Machine – Photo Valérie Thévenot


Tout au long des deux jours, un public au rendez-vous pour de belles découvertes. Qu’on pourra prolonger tout au long de l’année avec le programme de l’Astrolabe. Et déjà, fin octobre, remettre ça dans la fête des Rockomotives de Vendôme.

Enola – Photo Valérie Thévenot


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