Fondée juste avant la Covid, l’association regroupe des experts et des citoyens lambda. Ils montent en puissance avec leur première réalisation au Relais Orléanais. Mais ont dans leurs cartons plein d’idées pour la suite. Rencontre avec quatre fondateurs.

L’énergie renouvelable citoyenne selon Énergie Partagée
Par Bernard Cassat.
En avril 2019, la ville de Saint-Jean-de-Braye a organisé des réunions dans le cadre de St Jean de Braye Ville en transition. C’est là que Marguerite Jimenes, Lucien Jahier, Joel Thiesset, Jean-Baptiste Bignolas et quelques autres se sont rencontrés, et qu’entre eux est née l’idée de faire quelque chose. D’où la création d’une association, les SurVOLTés du Canal.
« Lutter contre le réchauffement climatique, en produisant de l’énergie renouvelable gérée par les citoyens », résume Marguerite. Joël précise : « Il y a deux aspects : un aspect sobriété et un aspect réappropriation de la production. En 2017, c’est devenu possible de produire et de raccorder au réseau. Des gens comme Combrailles Durable ont été les initiateurs, en installant des panneaux photovoltaïques reliés au réseau. On ne pouvait pas, alors, faire de l’autoconsommation. »
Joël et Lucien de rappeler que dans les années 60, la France était en pointe dans le photovoltaïque. Mais le choix du nucléaire a stoppé toute recherche. Et on se retrouve aujourd’hui un peu à la traîne.

Lucien Jahier intervient pendant une réunion d’information. Photo Survoltés
Chez les SurVOLTés du Canal, « on a des gens très techniques, et d’autres beaucoup moins », précise Marguerite. Lucien enchaine : « C’est surtout un gros gain de temps, savoir si un projet est réaliste ou pas. Plutôt que de prendre des avis extérieurs, on a les avis éclairés en interne qui nous aident à passer le premier stade, à dire « c’est jouable ». On sait si ce sera simple ou compliqué, mais on a toujours été éclairé. Après, des études complètent le premier diagnostic. On a des parfois mauvaises surprises… »
Le projet Emmaüs puis celui du Relais Orléanais
En effet. Un premier projet se présente, couvrir de panneaux un toit du centre Emmaüs. Le modèle était alors de revendre toute la production au réseau EDF. Tout semblait coller, les compagnons étaient d’accord. Mais « au moment où on a voulu mettre les panneaux, on s’est aperçu que l’isolation thermique qui était au-dessus de la structure portait l’étanchéité. On risquait de la percer. Ce qui a fait que le projet n’a pas abouti. » Coup dur pour la jeune association, qui ne perd pas confiance pour autant. C’est alors que le projet avec Le Relais Orléanais prend forme. Il est en cours de réalisation.

Intervention auprès du public jeune. Photo Survoltés.
L’association peut dès lors continuer à se projeter. De plus, chaque expérience leur apporte une plus grande expertise. « On a répondu à l’appel de solarisation de la Métropole. Seuls, on n’avait pas les reins assez solides. Donc on s’est associé à EneR-CVL, un développeur photovoltaïque et installateur », explique Joël. 21 sites étaient concernés, notamment les parks-relais-tram. « On a été sélectionné, mais on n’a pas eu le marché. Mais ça nous a donné quand même une ouverture qu’on n’avait pas avant. »
Le très lourd côté administratif
Outre l’aspect technique, il y a l’aspect juridique et administratif. Un énorme travail. « On apprend sur le tas. On est membre d’Énergie Partagée, une association nationale qui a des correspondants dans chaque région. Ils nous aident dans tous les domaines. Il y a des forums, des formations. Et on s’est regroupé avec deux autres collectifs, pour créer la société Watt O Centre. Dans les autres collectifs, ils sont assez solides sur le plan juridique et financier, à Meung par exemple », reconnait Marguerite. L’association a un outil de simulation financière. Et a recours à d’autres associations. Énergie Partagée et les Centrales Villageoises par exemple, qui ont fait appel à un cabinet d’avocats pour travailler la question des baux qui concernent l’autoconsommation. Les clauses s’affinent petit à petit et les baux se complètent.

Une intervention autour de la fresque du climat. Photo Survoltés.
Les SurVOLTés se sont aussi fixé un but pédagogique d’éducation populaire. Réunions explicatives, conférences, interventions auprès du public jeune. Un chamboule-tout des mauvaises habitudes, par exemple, pendant la journée des Associations de Saint-Jean-de-Braye. Ils sont aussi intervenus dans des collèges avec la fresque du climat.
Leur grand souhait, c’est la production partagée. « Faire en sorte que des gens reçoivent l’électricité produite par le voisin. Même très peu, quelques euros. Mais le fait de rentrer dans la boucle, c’est important, déclarent ils tous. Tous les systèmes informatiques au niveau des réseaux permettent de gérer tout ça. Ils ont fait des progrès formidables. Le comptage est vraiment balaise. Ils arrivent à répartir le surplus. Et ça fait du lien. C’est vraiment collectif et solidaire. »

Réunion du CA de l’association. Photo Survoltés.
On pense bien sûr aux habitats collectifs, aux immeubles, neufs aux plus anciens. Pourtant, avec les promoteurs privés, les partenariats sont compliqués. « Jusqu’à présent, on a travaillé avec des associations et des collectivités locales. On n’a pas travaillé avec des privés pour deux raisons : en général, les surfaces sont petites. D’autre part, s’ils veulent le faire, ils le font tout seuls, ils n’ont pas besoin de nous. »
Maintenant, il y a beaucoup de choses possibles techniquement et administrativement. La région Centre est en France la plus en retard dans les renouvelables, mais soutient beaucoup les projets existants. Les SurVOLTés sont donc en plein dans ces objectifs de transition. Et leur énergie ne demande qu’à se raccorder…
Pour participer au projet Le Relais Orléanais :
lessurvoltesducanal.fr
Cagnotte pour le relais orléanais