Une pluie de médailles s’est abattue sur le sport français, sauf à Châteauroux où les tireurs n’ont pas capitalisé sur leur Centre National de Tir Sportif. Résultat, Châteauroux est resté absent des écrans.
Par Pierre Belsoeur.
Hors de l’Europe, le pays où l’on situe le plus facilement Châteauroux, c’est en Chine. On ne compte plus depuis dix ans le nombre de délégations d’hommes d’affaires et d’élus accueillies dans la capitale du Berry. Les Chinois y possèdent toujours un château et un immeuble de bureaux (tout neuf mais parfaitement vide) et les locaux universitaires qu’ils ont abandonnés après la crise du covid servent désormais… de village olympique. Étonnez-vous dans ces conditions si la paire Yuting Huang – Lihao Cheng a décroché la première médaille des Jeux de Paris 2024 ! Les images ont dû faire un carton à Canton, en revanche ceux qui ont suivi une compétition de tir à la télé française sont des lève-tôt qui allument leur télé au petit déj’. Alors évidemment, la promesse des organisateurs que Châteauroux soit le centre du monde, l’espace de la première journée des Jeux… À côté de l’équipe France de rugby à 7 qui embrasait le Stade de France, il n’y avait pas photo.
Des Jeux dans un enclos
Le début a donc été raté, mais la suite guère plus productive, alors que des foules déchaînées célébraient à Paris, Lille ou Marseille, les exploits des Bleus. Même Tahiti et ses surfeurs ont eu droit à davantage de temps d’antenne. Pourtant, passer trente minutes à suivre des surfeurs assis sur leur planche en comptant les vagues, ce n’est pas plus spectaculaire que des tireurs appliqués derrière leurs viseurs, même si des progrès considérables, grâce à l’informatique, permettent au public de suivre une compétition. Un public qui ne tarit pas d’éloges sur l’organisation des compétitions, l’accueil, la beauté (froide) de ce stand de tir ultra moderne. Nos confrères journalistes apprécient eux aussi, et le disent, ces compétitions de tir, les possibilités de déplacements pour accéder au site, même si pour les Berrichons moyens les forces de police et de gendarmerie déployées semblent disproportionnées. En cette semaine de canicule, ils plaignaient de tout cœur la dizaine de militaires de l’opération Sentinelle, déployés dans le centre de Châteauroux désert, les Castelroussins s’étant réfugiés au frais, pour suivre les Jeux parisiens à la télé.
Les Jeux ont investi le Centre National de Tir Sportif, dont les responsables ont remis les clés au COJO que préside Tony Estanguet, et l’endroit est devenu un royaume dans lequel les élus castelroussins ne sont plus que des visiteurs. Au point même que l’on « oublie » de les prévenir lorsqu’un ministre vient saluer les organisateurs.
Heureusement Jedrzejewski
Dire que Châteauroux est oublié des médias français confine à la mauvaise foi. La preuve, Châteauroux a fait l’ouverture de la matinale de France Inter. Si si, en illustrant les effets de la canicule sur les performances et le confort des spectateurs, dans un Centre de tir sans la moindre trace de végétation. Pour le reste les Castelroussins vivent leur vie, en bordure des Jeux. Ceux qui descendent du train en gare de Châteauroux ont droit, comme les visiteurs étrangers à l’Indre, à un comité d’accueil de la part des policiers, des bénévoles… et de la mascotte dont on espère qu’elle reçoit une prime canicule.
Médiatiquement, les JO à Châteauroux ont commencé juste avant de se refermer, avec la médaille d’argent de Camille Jedrzejewski le 3 août au pistolet 25m … juste au moment où l’on célébrait la médaille d’or de l’équipe de judo autour de Teddy Riner, le triplé des pilotes de BMX et de la quatrième médaille de Léon Marchand ! Première… et dernière médaille, beaucoup moins bien qu’à Tokyo. Enfin, l’essentiel est de participer, comme disait le Baron.
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