Pendant la trêve estivale, Magcentre prend le temps de revenir sur l’actualité qui a rythmé cette première moitié de l’année 2024. Nous vous proposons quelques articles qui ont marqué ces derniers mois.
Première publication mercredi, 7 février 2024
L’actrice est à l’affiche du CADO dans « Respire », un spectacle époustouflant. Seule en scène pendant une heure avec un discret accompagnement musical, elle déverse énergie et émotion dans une supplique adressée à son nouveau-né : « Voilà quelle est la vie qui t’attend, respire ».
Par Anne-Cécile Chapuis.
Romane Bohringer tient en haleine une salle captivée qui, avec elle, retient son souffle et est emmenée sur les ailes de la vie. La vraie, avec son histoire, ses moments forts comme ses réalités, sa poésie comme son concret voire sa violence. Le tableau qui est brossé sous la plume de Sophie Maurer prend différentes formes, au rythme des couleurs en fond de scène. Les couloirs neutres de la maternité alternent avec la nature, le ciel, la ville. La musique discrète mais présente, jouée par Bruno Ralle au synthé ou à la guitare, souligne ce long parcours d’une mère aux abois, tiraillée entre la veille à son enfant et le discours froid de la médecine.
Entre colère et tendresse
Le ton est donné par le petit être à qui elle s’adresse. Il est étonnamment présent, avec les mots doux avec lesquels elle l’interpelle « mon cabri, mon hérisson, mon coquelicot, ma luciole, mon castor, mon suricate… » L’imagination est sans bornes et fait exister ce bébé qu’on imagine derrière la vitre et bardé de tuyaux.
Et cette mère passionnée et aimante développe les trésors que seule une mère possède pour donner une deuxième fois la vie à son petit. La famille, son histoire, la ville, les « premières fois », le ciel, les réalités… sans faux-semblant ni injonction, « tu oublieras ce que je te dis, tu le découvriras par toi-même. »
C’est un combat dans lequel elle s’engage à fond, y compris dans un moment d’affrontement direct avec la mort qu’elle invective et défie dans un véritable corps-à-corps.
Une grande actrice
La voix grave de Romane Bohringer donne du corps aux propos, son jeu fait exister un personnage qui diffuse « de la force, de la rage et beaucoup d’amour », sa présence sur scène est forte et envoûtante.
Le spectacle va droit au cœur, longuement applaudi par les spectateurs qui, dans la proximité de la salle Vitez, partagent les étapes de cette nuit vers la vie où les entraine Romane Bohringer. Un grand moment.