Éblouissante seule en scène le 25 juillet dernier à l’occasion du 4e Festival de théâtre de création de Loir-et-Cher « En passant par la Loire » à Veuzain-sur-Loire, Coline Serreau n’a rien perdu de son talent et d’un humour à nul autre pareil.
Par Jean-Luc Vezon.
Installée à Veuzain-sur-Loire depuis plusieurs années, l’actrice, réalisatrice et scénariste aime le Val de Loire et sa région d’adoption le lui rend bien. Avec plus de 250 personnes venues assister à sa dernière création, La belle histoire de Coline Serreau, mettant en scène son immense parcours d’artiste depuis ses débuts dans les années 70, son public n’a pas manqué le rendez-vous.
Durant 90 minutes, la réalisatrice de Trois hommes et un couffin, l’une des comédies les plus célèbres du cinéma français (12 millions d’entrées) a régalé ses fans d’anecdotes délicieusement contées avec humour et une jolie liberté de ton.
Toute jeunette, dans les années 50, à l’école de Beauvallon, Coline apprend à voyager dans les arbres puis sans le cirque d’Annie Fratellini, elle devient une maestro du trapèze. Cette enfance heureuse sans télé ni smartphone, va structurer la personnalité et ancrer la créativité d’une jeune femme libre dont la vie est baignée par les arts et les lettres. Fille de l’écrivaine Geneviève Serreau et du metteur en scène Jean-Marie Serreau, sa vie d’artiste était écrite. Dès le lycée, elle écrit des feuilletons pour glaner un peu d’argent de poche. À 20 centimes la page, l’apprentie scénariste doit s’employer et ménager le suspense façon Cliffhanger.
Sur la scène Charles de Rostaing, elle revisite aussi la scène culte de Maria Pacôme dans son 7e film, La crise, raconte des anecdotes de théâtre, de cinéma et des ratages désopilants. Plusieurs archives de ses mises en scène, avec notamment un rush incroyable de Trois hommes et un couffin avec un André Dussollier de gala, rappelleront de bons souvenirs aux plus anciens.
Chez Coline Serreau, l’humour débridé cache des messages plus graves et chacun en prend pour son grade : les accros aux réseaux, les écolos-bobos, les producteurs cocaïnés, les machos, sans oublier ceux qui se pincent le nez au théâtre, les ultra-cathos et les racistes de tous poils. Pour la réalisatrice de Romuald et Juliette, une chose est essentielle : le théâtre doit rassembler et unir les êtres au-delà de leurs singularités. À l’image de ses mises en scène à l’Opéra Bastille mêlant savamment théâtre et hip-hop.
Parfaitement réglé, le one woman show de Coline vient d’être présenté au festival d’Avignon et se poursuit au théâtre Michel chaque lundi à Paris. Produit par le théâtre des Fées, le festival En Passant par la Loire, a été créé en 2021. Sous la direction artistique du talentueux Samuel Tasinaje, il est soutenu par les communes de Monteaux et Veuzain-sur-Loire, le syndicat du Pays des Châteaux et le département de Loir-et-Cher. Ce rendez-vous de juillet propose théâtre, spectacle jeune public, expositions, conférences et poésies au jardin mais aussi du chant, l’une des passions de Coline (1). À 76 printemps, cette grande dame du théâtre et du cinéma français n’en fini pas de nous enchanter.
(1) Depuis 2003, elle dirige la Chorale du delta.