Le tribunal de commerce d’Orléans a tranché en faveur du projet de SCOP porté par les salariés de Duralex. L’entreprise évite ainsi la casse sociale, mais devra se réinventer pour améliorer sa compétitivité.
Par Mael Petit
Les salariés de Duralex se souviendront de ce vendredi 26 juillet 2024. Après des mois d’incertitudes et de reports de décision, le tribunal de commerce d’Orléans a mis fin au suspense. La verrerie Duralex, située à La Chapelle-Saint-Mesmin, ne va pas disparaitre du paysage mais va devenir une Société Coopérative de Production (SCOP). Un soulagement immense pour les 228 salariés qui, depuis le 24 avril, date de la mise en redressement judiciaire, vivaient dans l’angoisse de perdre leur emploi. Car si le tribunal disposait de trois offres de reprise sur la table, le projet de SCOP initié par François Marciano, directeur actuel de Duralex et porté par une majorité de salariés, était le seul à garantir la sauvegarde de tous les emplois de l’usine. Face à la SCOP, Tourres et Cie et Carlesimo Investissements/GCB Investissements proposaient des solutions moins favorables pour l’emploi. Le tribunal a tranché en faveur de la SCOP évoquant « des garanties solides » et « un projet industriel et marketing cohérent et sérieux ».
Un soutien politique décisif
Fragilisée par la crise énergétique, la verrerie emblématique française avait dû stopper ses activités et ses fours pendant plusieurs mois à partir de l’automne 2022 pour préserver l’avenir de la société. Mais c’est bien la concurrence exacerbée du secteur liée à un contexte inflationniste qui a entrainé le placement en redressement judiciaire en 2024. Compétitivité qui constitue le principal défi pour la pérennité de l’entreprise. Les porteurs du projet de la SCOP ont semble-t-il offert des garanties au tribunal sur ce point, même si le positionnement de Duralex – production de produits du quotidien – souffre énormément de la concurrence internationale, notamment en Asie.
Autre élément de poids qui a sûrement joué en faveur de la SCOP, le fort soutien politique d’élus locaux et des collectivités locales dans le projet. Serge Grouard, président de la métropole d’Orléans, et François Bonneau, président de la région Centre-Val de Loire, ont maintes fois manifesté leur enthousiasme pour la création d’une coopérative. La métropole s’est ainsi engagée à racheter le terrain de 14 hectares et les bâtiments de l’usine pour un montant compris entre 5 et 8 millions d’euros. Alors que la Région a promis de garantir les prêts bancaires nécessaires au projet, en plus d’accorder « une avance remboursable de 1 million d’euros », renforçant ainsi la viabilité financière de la SCOP.
Une stratégie de reprise dévoilée à la rentrée
Ce soutien politique n’avait pas suffi à convaincre la CGT qui privilégiait une reprise industrielle malgré la perte d’emploi. Le syndicat s’était positionné en faveur de l’offre formulée par l’entreprise Tourres & Cie, propriétaire de deux autres verreries : Waltersperger (Seine-Maritime) et La Rochère (Haute-Saône). Une proposition jugée plus solide par la CGT, dubitative quant à l’option SCOP et notamment le maintien de la direction déjà en place depuis plusieurs années et sa capacité à amorcer une nouvelle dynamique avec un changement de stratégie pour Duralex.
De son côté, François Marciano a fait part de son soulagement pour l’ensemble des salariés « qui se sont battus comme des lions » tout en incitant les Français à acheter du Duralex. Une injonction à elle seule insuffisante pour relancer cet industriel français emblématique mais le directeur de l’usine a déjà donné rendez-vous à la presse à la rentrée pour détailler « le plan stratégique et un projet national inédit ».
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