Montargis, antichambre de l’escrime olympique !

Les athlètes iraniens et égyptiens sélectionnés pour participer aux Jeux olympiques de Paris ont terminé leur préparation à Montargis. Amateurs et curieux étaient conviés à deux sessions d’entraînement en public. Magcentre a assisté à l’une d’entre elles, dans le cliquetis des lames, le son des bipeurs et les exclamations de rage ou de victoire des escrimeurs.

Les délégations iranienne et égyptienne d’escrime, avec leurs entraîneurs – Photo Izabel Tognarelli


Par Izabel Tognarelli


En 2020, les JO de Tokyo ont été considérablement perturbés, au point d’être différés d’une année, COVID oblige. Toutes les strates de la société ont été marquées par cette épidémie, les sportifs n’y ont pas échappé. Peyman Fakhri, entraîneur de l’équipe iranienne d’escrime, et Vincent Anstett, entraîneur de l’équipe égyptienne, gardent tous deux en esprit cette singulière période. « Les jeux de Tokyo ont tourné à la quasi-tragédie », nous confie Peyman Fakhri. « Depuis, les Jeux olympiques de Paris constituent la plus grande ambition de tous les athlètes. J’espère qu’ils se dérouleront aussi bien que nous l’espérons », ajoute-t-il dans un anglais d’une parfaite clarté. Vincent Anstett a conservé le souvenir aseptisé de Tokyo 2021. « Les sportifs ont manqué une saison complète de compétition, mais la COVID n’est plus trop dans les esprits. Tout le monde est soulagé de pouvoir vivre des Jeux dans un contexte différent ». Néanmoins, une menace chasse l’autre et le sport se retrouve, bien malgré lui, au cœur d’enjeux géopolitiques. Comme souvent…

Vincent Anstett, plurimédaillé, a participé aux JO de Pékin (2008) et de Rio (2016) avant de devenir entraîneur – Photo Izabel Tognarelli

Un environnement qui met les athlètes dans les meilleures conditions

Ces deux délégations se sont retrouvées à Montargis, loin des tensions internationales. Pendant une dizaine de jours, ils ont terminé leur préparation, « dans une phase plus qualitative que quantitative », nous explique Vincent Anstett. Leur stage de la semaine précédente les avait menés dans une ville de la région parisienne. « Nous avons été très bien accueillis aussi, mais c’était un autre environnement : on n’était pas en cœur de ville. Il y avait donc moins de choses à côté : on était vraiment dans l’entraînement deux fois par jour, avec un trajet entre l’hôtel et la salle d’entraînement. Il n’y avait pas de lieux de vie, pas de restaurants autour : mentalement, c’était plus difficile. À Montargis, les conditions sont beaucoup plus agréables. Mes athlètes ont des demi-journées de repos, au cours desquelles ils peuvent aller dans les petites boutiques, dans les cafés, pour pouvoir se poser un peu : ils apprécient d’être dans ce cocon tandis que d’autres délégations sont déjà dans l’effervescence du Village olympique ».

Même besoin de tranquillité du côté de la délégation iranienne, dont les promenades les ont menés sur les bords du Loing. « Nous avions une promenade d’une heure par jour : on s’asseyait et on parlait ensemble de stratégie. Les athlètes ont besoin d’un endroit calme avant les Jeux olympiques, sans trafic, sans problème, sans bruit comme dans les autres grandes villes ». Ce qui n’a pas empêché ces sportifs de haut niveau d’apprécier l’accueil réservé au cours de leurs promenades en ville. « Les gens ont été super gentils. Chaque fois qu’ils voyaient mes athlètes avec leurs vestes de sport, tout le monde leur disait “Bonjour !”. Les gens ont été vraiment accueillants. C’est une hospitalité chaleureuse », ajoute Peyman Fakhri.

Match Iran-Égypte au complexe sportif du Puiseaux à Montargis – Photo Izabel Tognarelli

Réflexion et stratégie

Une fois dans le gymnase, terminée la détente : de part et d’autre, dans chaque esprit, l’heure est au combat. Lors des sessions publiques, la présence de spectateurs donne à l’entraînement une dimension supplémentaire. « Je parle à mes athlètes de la lumière, de tout ce qui pourrait les distraire : ils doivent rester concentrés. Aujourd’hui, c’est un exercice pleinement en vue des Jeux olympiques », poursuit Peyman Fakhri. Même son de cloche du côté égyptien : « Cela permet de mettre les athlètes dans une configuration au cours de laquelle ils sont observés. C’est sans commune mesure par rapport au Grand Palais, qui compte 7 000 ou 8 000 places, mais cela rajoute une tension supplémentaire. On ne pourrait pas faire ça tous les jours, évidemment, seulement de temps en temps ».

Potentiellement, de futurs champions olympiques figurent parmi ces deux délégations. Tous devraient conserver en esprit la quiétude des bords du Loing, du Vernisson ou du Puiseaux, en plus du souvenir étincelant du Grand Palais, où se déroulent les épreuves du 27 juillet au 4 août. En sortant du gymnase, les athlètes ont rejoint à pied leur hôtel, certains empruntant, caché dans les feuillages, l’un des 132 ponts (ou 133 ? On ne sait plus !) de cette ville qui leur a réservé son meilleur visage.

Le ballet des escrimeurs égyptiens à l’entraînement – photo Izabel Tognarelli

Montargis, « The place to be ! »

Du côté égyptien, l’essentiel s’est fait par connaissance et amitié : Vincent Anstett connaît bien le Dr Sébastien Robineaux qui a été, pendant sept ans, président du club d’escrime de Montargis. Il en est à présent le vice-président, mais il est par ailleurs médecin des équipes de France de la Fédération française d’escrime, membre du Comité directeur de la Fédération française d’escrime et membre de la Commission médicale de la Fédération européenne d’escrime. « C’est quelqu’un de très motivé et très investi dans l’escrime. Pour organiser ce genre de session, il faut des bénévoles qui s’impliquent, car cela représente de la logistique, y compris pour monter les pistes. La mise en place réalisée par le club d’escrime de Montargis est extraordinaire ». Du côté des installations que proposait la Ville, Vincent Anstett est venu en visite, au début de l’hiver 2023-2024 : « J’ai vu que les infrastructures étaient tout à fait accueillantes et que tout pouvait se faire à pied : c’est important de ne pas se retrouver dans les transports ».

Le complexe sportif convenait également parfaitement à l’entraîneur iranien, qui s’est placé dans le sillage de ses confrères égyptiens. « Nous avons eu plusieurs autres invitations, mais les Égyptiens sont une très bonne équipe, avec un bon entraîneur : nous avons donc décidé que Montargis serait le bon endroit ». Initialement, il était prévu que l’équipe de France vienne s’entraîner à Montargis. « Au dernier moment, nous avons appris qu’un tirage au sort opposait l’Égypte à l’équipe de France. De ce fait, l’équipe de France ne pouvait plus s’entraîner avec celle d’Égypte », précise le Dr Robineaux. Sans ce tirage au sort, l’équipe de France d’escrime venait se préparer à Montargis.

Le cahier des charges comprenait enfin une condition géographique : se trouver à moins de deux heures du Village olympique. Voilà comment la Venise du Gâtinais a coché toutes les cases. Autrement dit : Montargis, the place to be !

Ziad Elsissy, n°1 mondial du sabre masculin a terminé à Montargis sa préparation pour les JO – photo Izabel Tognarelli

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