Un joli voyage dans le temps a été offert au public ce samedi 20 juillet à l’église Saint-Etienne de Jargeau. Un grand moment où le temps s’arrête pour laisser place aux résonances conjuguées des mélodies anciennes et contemporaines.
Par Anne-Cécile Chapuis
Jean-Baptiste Des Boscs fait étape dans notre région. Issu du Pays basque, après des études à Paris et des expériences aux Pays-Bas, ce violoncelliste de talent s’est penché sur les musiques les plus anciennes que l’on connaisse. Et le voilà parti à déchiffrer des stèles anciennes venues de Syrie, à décrypter des traces trouvées en Turquie ou à explorer les grottes Chauvet où des marques étranges sont manifestement la preuve que les hommes préhistoriques faisaient de la musique. Ou du moins avaient repéré les sphères acoustiques les lieux où ils vivaient.
Des recherches pointues restituées simplement
Jean-Baptiste Des Boscs nous explique très simplement le fruit de ses recherches. En appui sur les éléments dont il disposait, il a construit des hypothèses, relié les signes, imaginé des mélodies qui découlent des symboles laissés par les anciens au-dessus des écritures cunéiformes. « Les mélodies anciennes sonnent juste à nos oreilles, ce qui leur donne une forme de modernité ». Ses explications sont limpides et convaincantes car très vite illustrées par les sons purs et nuancés de son violoncelle.
Un concert tout en émotion
Le concert est bien construit. Jean-Sébastien Bach et les différents numéros de la suite n°1 pour violoncelle en font le fil conducteur. Interprétées avec souplesse et légèreté, la courante, allemande, sarabande, gigue… donnent le tempo d’un concert qui sort des sentiers battus.
Une belle séquence est également consacrée au grégorien. Et là notre musicien chante : le violoncelle fait la teneur et il psalmodie sur les textes religieux de cette musique que l’on connait depuis le 9ᵉ ou 10ᵉ siècle. Tout en finesse, il nous fait découvrir comment la musique de l’époque utilisait l’acoustique des édifices religieux. Dans le fond du chœur, il interprète Puer natus, Ave maria, Alleluia, jouant sur les résonances et mettant parfaitement en valeur les objectifs d’une telle musique : recueillement, introspection, méditation. « Dans toutes les religions, le chant entraine de l’esprit vers le cœur », nous explique-t-il.
JB Des Boscs a exploré tout l’univers acoustique de l’église. Photo AC Chapuis
Et dans le droit fil de ces musiques qui parlent au cœur, Jean-Baptiste Des Boscs compose. Il en donne deux magnifiques exemples lors de sa prestation avec « Les étalons des plaines » inspiré des résonances de la grotte Chauvet, et « Empreintes » une apothéose de la soirée, avec effets de cordes frappées, rythmes battus sur la table de l’instrument ponctuant un chant plein de mélismes et d’émotion.
Les échanges se poursuivent sur le parvis de l’église. Photo AC Chapuis
Des projets plein la tête
Cette très belle soirée se termine sur le parvis de l’église avec les spectateurs (peu nombreux mais subjugués et enthousiastes) dans des échanges qui prolongent la rencontre avec le jeune musicien et ses étranges musiques venues d’ailleurs et de loin. Ses projets ? Poursuivre ses recherches, se centrer sur le master en pédagogie qu’il prépare actuellement, finaliser un projet de concert sur Beethoven construit sur les écrits laissés par ce grand compositeur. Et peut-être éditer sa musique ?
Un nom à retenir et des prestations à ne pas manquer !
Pour en savoir plus :
« Aux origines de la musique » : un concert original en Loiret et Loir-et-Cher