[Rétro] Infodémie en santé : entre désinformation et rejet de la science sur les réseaux sociaux

Pendant la trêve estivale, Magcentre prend le temps de revenir sur l’actualité qui a rythmé cette première moitié de l’année 2024. Nous vous proposons quelques articles qui ont marqué ces derniers mois.

Première publication mardi 2 janvier 2024


La désinformation en santé a pris une ampleur toute particulière depuis la pandémie de Covid. Une grande partie du public ayant pris l’habitude de s’informer sur les réseaux sociaux. Dès février 2020 le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur de l’OMS, déclarait : « Nous ne combattons pas seulement une épidémie, nous luttons aussi contre une infodémie ».



Par Jean-Paul Briand


Cette diffusion précipitée d’informations multiples, non vérifiées, qui définit l’infodémie, est porteuse de désinformations en santé et de messages mensongers parfois anodins mais qui peuvent être dangereux pour les crédules. Quelques semaines après la Conférence de Munich sur la sécurité, l’OMS lançait un appel à tous les États Membres, aux médias et aux plateformes des réseaux sociaux afin « d’élaborer des stratégies et des outils efficaces pour lutter contre l’infodémie et prévenir la propagation d’informations fausses et trompeuses ». Cet appel n’a pas eu le succès escompté et la désinformation persiste.

La défiance vaccinale

Louis Pasteur

Alors que Louis Pasteur, pionnier de la vaccination, est une fierté nationale, la France est un pays où la défiance vaccinale sévit considérablement. L’injection d’un vaccin étant agressive et antinaturelle, cette défiance a existé dès l’origine de la vaccination. Aujourd’hui, lorsqu’elle est obligatoire, ses adversaires y ajoutent une atteinte inadmissible aux libertés individuelles. Ce rejet vaccinal est parfois en rapport avec un embrigadement dans une secte religieuse ou chez des adeptes de médecines dites « alternatives » refusant tout vaccin par idéologie. La pandémie de Covid a permis l’éclosion de nombreuses théories du complot dénonçant une collusion entre État, industrie pharmaceutique et scientifiques. Sur le web, ces minorités conspirationnistes ont combattu les mesures gouvernementales de lutte contre la crise sanitaire et augmenté le nombre des « hésitants vaccinaux » : ces personnes non opposées systématiquement à la vaccination mais particulièrement perméables aux discours antivax.

Le rejet de la science par les plus jeunes

En santé, toutes les catégories de population sont touchées par la désinformation. Des travaux montrent néanmoins qu’il existe des publics plus vulnérables. Ce sont les individus ayant un faible niveau de culture générale. Également celles et ceux qui ignorent les enjeux sanitaires et qui oublient que se faire vacciner, c’est bien sûr se protéger soi-même mais aussi les autres. Beaucoup de citoyens n’ont plus confiance dans le personnel politique et rejettent a priori leurs conseils. Ce phénomène est aggravé par un populisme qui manipule le principe de précaution. Plus inquiétant est la défiance vis-à-vis de la science constatée chez les moins de 25 ans. Les thèses complotistes et les croyances irrationnelles abondent sur les réseaux sociaux préférés des jeunes générations. Une étude IFOP de 2023 constate que seulement un jeune sur trois estime que « la science apporte à l’homme plus de bien que de mal ».

Pour une information en santé fiable

L’ignorance des critères de crédibilité d’une information en santé accentue la désinformation. Dans tous les cas :

  • Ne pas accepter un seul avis et multiplier les sources afin de comparer les données.
  • Se rappeler que si deux variables évoluent ensemble, c’est une simple corrélation qui ne nous apprend rien sur la cause et l’effet. Un lien statistique ne permet pas de conclure qu’il existe une relation de cause à effet directe.
  • Se méfier du « biais d’ancrage », cette difficulté que nous avons pour nous débarrasser de notre première impression.
  • Repérer les « biais de confirmation », qui nous font privilégier les informations confortant nos opinions ou nos craintes.
  • Rechercher des renseignements pour sa santé sur des sites web de confiance : HASSanté Publique FranceANSESInserm
  • Se poser au moins ces trois questions : 
  1. Qui a écrit le contenu du site ou de l’article ?
  2. Quelles sont ses compétences et ses sources ?
  3. Quelles sont ses motivations, ses financements et parrainages, ses liens ou conflits d’intérêt ?

Et suivre le conseil donné par Louis Pasteur lors de l’inauguration de son Institut : « Ayez le culte de l’esprit critique ».


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Commentaires

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  1. Bonjour, il y as aussi eu un rejet du non conforme de la part de la science admise qui a énormément favoriser la déviance par le manque de remise en question… Plus de 4 ans après, rien d’officiel pour corriger les bêtises initial… Qui donnent énormément de Grain à moudre aux théories alternatives !
    Moi même j’ai un odorat particulier qui me permet de détecter les personnes malades et le virus dans les courants d’air… Ça n’intéresse personne, je sais mais ça aurait probablement aider à faire des détecteurs ou je ne sais quoi… Sauf que ça à commencer en décembre 2019 et que du coups je suis catalogué je ne sais quoi, pourtant c’est vrais ! Dommage pour la science…

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