Professionnelle du bénévolat, Sylviane ne croisera sans doute jamais la route d’une ou d’un champion olympique, mais elle a déjà testé leur chambre. Rencontre avec une étonnante octogénaire.
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Sylviane accumule les documents : convocations, certifications, emploi du temps… de la grosse machine de Paris 2024. Photo PB
Par Pierre Belsoeur
Sylviane a arrosé ses 80 berges voici quelques années, avec ses copains cyclos, au retour d’une randonnée d’une centaine de bornes. Elle venait de passer au vélo à assistance électrique pour ne pas abandonner l’exercice. Partante pour toutes les aventures où il faut payer de sa personne, elle s’est portée candidate dès la recherche de bénévoles pour les JO. « Des Jeux Olympiques, c’est unique, je n’allais pas rater ça ! » Depuis juin 2023 elle a d’abord été invitée à suivre des formations : anglais basique, connaissance du handicap, sécurité et premiers secours… En décembre elle a appris qu’elle était retenue pour faire partie des bénévoles castelroussins.
Une nuit au village olympique
L’invitation à laquelle elle vient de répondre était pour le moins originale. « On recherchait 80 volontaires pour venir tester le village olympique des tireurs à La Martinerie. J’étais convoquée à seize heures et je quittais le village le lendemain, après le petit-déjeuner ». Pas exactement un village de vacances. D’abord il faut montrer patte blanche pour pénétrer, et même si les « testeurs » ont eu droit en soirée à la retransmission du match France – Espagne sur grand écran, ils avaient auparavant testé, ce qui était la moindre des choses. Mais testé quoi ?
La soirée Coupe d’Europe de foot sous l’un des multiples barnums qui ont poussé, en plus des bâtiments, dans le village olympique. Photo PB
« Quand on nous a attribué nos chambres, alignés dans les couloirs, on a obéi aux consignes pour vérifier le fonctionnement des installations sanitaires, la clim, la Wi-fi. Comme on n’était pas assez nombreux on intervenait dans deux chambres chacun et l’on remplissait la fiche de contrôle ».
La vérification des éléments de couchage et du linge de toilette s’est terminée en urgence car l’alarme s’est déclenchée… pour vérifier, là encore, que les occupants du village pourraient bien évacuer sans encombre leurs logements en cas de danger. Alors, quel sentiment habite Sylviane au terme de ce test ?
Des volontaires souvent très jeunes
C’est d’abord pour constater qu’assez peu de retraités castelroussins se sont mobilisés pour les JO. « Bénévole, c’est un terme qui n’a pas vraiment la cote. Quand ce n’est pas payé, les intéressés font la moue. C’est vrai dans l’autre sens : si vous proposez une manifestation gratuite, les gens accourent. Demandez un droit d’accès et vous perdez l’essentiel du public. Pour en revenir à cette expérience, je n’ai pas très bien dormi, en raison de la proximité des compresseurs. Le fléchage à l’intérieur du village gagnerait à être renforcé. Je l’ai indiqué dans mon rapport. En revanche, pour le petit-déjeuner des athlètes, c’est mention bien ».
Sylviane a reçu, à l’occasion de cette intervention, le programme de ses Jeux Olympiques et Paralympiques, à défaut de toucher son barda de bénévole (tee-shirt, poncho, sac, casquette) qu’elle recevra lors de sa première prise de fonction. Ses interventions alterneront entre accueil en gare de Châteauroux et guidage sur le parking du Centre National de Tir Sportif qui accueille, à La Martinerie, les épreuves de tir olympiques. Elle a tout de même noté que pour sa dernière intervention, en septembre, elle sera promue au grade de « joker chef d’équipe ».
En attendant, elle avait déjà prévenu les organisateurs qu’il ne faudrait pas compter sur elle avant le 30 juillet. Le 19, elle saute au volant de son camping-car pour rejoindre ses copains à Roanne, qui accueille la semaine fédérale de cyclotourisme. Elle n’a raté que trois fois ce rendez-vous annuel depuis 1985.
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