Du 26 au 30 juin, parallèlement aux concerts donnés sur les scènes du Campo Santo et de la salle de l’Institut, le Grand Piano Festival d’Orléans a proposé de nombreux rendez-vous gratuits hauts de gamme et réjouissants sur celles des places de la République et du Martroi. Sur la première, place aux jeunes talents. Sur la seconde, rendez-vous avec , entre autres, de grands lauréats du Concours international de piano d’Orléans.
Par Jean-Dominique Burtin
Place de la République: Photo: JDB.
Florilège de jeunes talents, place de la République
“
J’ai le cœur qui fond“. Tels sont les mots
d’Isabella Vasilotta, directrice artistique du
Concours international d’Orléans et programmatrice et conseillère artistique du festival, adresse au public. En cette fin de samedi après-midi, l’alerte météo l’a contrainte, par prudence légitime à interrompre le programme du concert car la jolie scène de la place de la République ne permettait pas de totalement protéger artistes et instruments. Toutefois, la jeune lauréate du Concours Brin d’Herbe 2023, Giulia Battan, venue de Nantes, aura tout juste eu le temps de donner son programme où figurait notamment l’adagio si mélancolique de la Sonate opus 13 de Beethoven qui restera dans les doux souvenirs de bon nombre.
Cela étant, saluons cette programmation qui n’a eu de cesse de séduire. Impossible de citer tous les participants mais nommons, parmi les nombreux interprètes : Indiya Hermann, lauréate du
Brin d’Herbe 2023, qui interprète notamment une œuvre de Giner, compositeur présent lors de ce concert, Louis Joseph Luzuy, pianiste et compositeur qui donne avec la chanteuse et autrice Laetitia Bouan, “Bord de mer”. Voici encore Fabio Le Gratiet qui offre une magnifique vingt-cinquième Suite, de Beethoven. Sans faille. Et puis voici qu’apparaît Marley Marsalis, Jeanne d’Arc 2024 de La Nouvelle Orléans. Cette jeune femme clôturera cette première jounée de la scène République sur un titre de Ellis Marsalis, “The Fourth Autumn”. Une pièce calme distillé façon club de jazz feutré à ciel ouvert. Place de la République, le festival accueillera aussi Rose Potier, également lauréate du Brin d’Herbe 2023, qui donne “La fille aux cheveux de lin”, de Debussy, et “Les oiseaux tristes”, pièce des “Miroirs”, de Maurice Ravel. Merveilleux. Et puis voici encore Yonah Bloch dans les “Danses roumaines”, de Bartok, et Elliot Amrofel qui interprète Bach mais chante aussi, en s’accompagnant, le titre “Loin des ombres”, de Alex Montambault.
Bref, au festival, les lauréats d’OCI et les élèves de la belle école de musique d’Oréaans, auront enchanté et surpris les mélomanes et les passants au fil de programmes conjuguant classique et contemporain, audace et plaisir de partager.
Eblouissement et coups de cœur au Martroi
Lorenzo Soules, place du Martroi. Photo: JDB.
Sur la grande scène de la place du Martroi, dès quinze heures, au fil des jours, les concerts font naître les coups de cœur. A commencer pour une intégrale des « Novelettes », de Schumann par Chisato Taniguchi, lauréate d’Orléans Concours International 2022. Voici un caressant tourbillon musical alternant plages de calme et vertigineuse énergie. Place encore à Sodi Braide, d’un romantisme renversant dans Schubert . Cet ancien élève de Françoise Thinat, élégant envers le public, tient à présenter son programme dont le « Sonnet de Pétrarque » n°104, de Liszt. Voici encore Lorenzo Soules, Premier Prix du Concours de piano 2022, qui interprète Scarlatti de manière délicatement effrénée, ciselée.
La bande son d’une ville et d’un grand festival
Si l’on aime l’intimisme du pianiste et compositeur Thomas Valverde, fondateur du Biarritz Piano Festival qui, au piano droit, présente son si poétique opus « Polka », on ne peut oublier le solo de
Roberto Negro don le père spirituel est Ligeti. Voici une heure d’improvisation étourdissante qui ne peut que faire venir à l’esprit les mots suivants : apnée, abysses, strates de souffle, élévation, minimalisme, miroitement et transe. Autour de lui, le silence, palpable, règne sur la place. Le temps s’est parfois arrêté. Sublime.
Ainsi, sur les scènes République et Martroi, toutes et tous auront composé de manière radieuse avec les éléments, les bruits, les sons, et les mouvements de foule de la cité. Une fois encore, tous ont composé de manière humble et souriante, si vivante, la bande son d’une ville en fête. Un grand festival en bord de Loire. Un fleuve sur laquelle la pianiste Maroussia Gentet, Grand Prix du Concours de piano d’Orléans en 2018, fée ou sirène à bord d’un « Catapiano », à interprété les « Miroirs », de Maurice Ravel, entrecoupés d’instant choisis de Chopin. Dimanche, en fin d’après-midi, quai du Châtelet, la rive était un public venu en nombre. Pour lui, tout n’était plus qu’ondes et lumière d’une infinie pureté.