Le Comité Social et Economique de Poulain s’est réuni le 25 juin dernier sans solution nouvelle de la part de la direction. La délocalisation de la marque se profile et le licenciement des 109 salariés du site de Villebarou. Le plan sera soumis au vote cet automne.
Par Jean-Luc Vezon
À Blois, on se dirige tout droit vers un drame social et industriel. Le comité social et économique (CSE) extraordinaire réuni mercredi comme le veut la procédure légale d’information concernant le projet de fermeture du site Poulain n’a rien apporté de plus. La direction reste campée sur ses positions tandis que les syndicats récusent les arguments et chiffres avancés.
Carambar & Co justifie sa décision de fermeture en alléguant une sous-activité structurelle avec « des lignes de production (tablettes et poudres) de l’usine de Villebarou qui ne tourneraient qu’à 25 % de leur capacité ». Elle aurait aussi cherché vainement un repreneur dans les secteurs du chocolat et de l’agroalimentaire.
En tout état de cause, les syndicats ne s’en laissent pas compter. Conseillés par Thomas Hollande, un avocat spécialisé, ils vont tenter de démontrer que la fermeture est induite par un plan de délocalisation, savamment préparé. On sait ainsi que la production de chocolat liquide sera sous-traitée chez Barry Callebaut tandis que l’usine de Strasbourg appartenant à Carambar & Co recevrait le chocolat liquide pour faire des moulages et du conditionnement pour la marque Poulain.
De son côté, la poudre chocolatée serait sous-traitée à Kruger en Allemagne, le groupe qui a récupéré, un an plus tôt, la production de poudres chocolatées (marques Kaba et Benco) à destination du marché européen que fabriquait le site de Villebarou. Les tablettes gourmandes, elles seraient quant à elles confectionnées en Belgique.
Seule ouverture de la direction, l’étude possible d’un projet industriel pérenne. En attendant, elle prépare le plan de social « dans un dialogue social constructif afin de permettre le meilleur accompagnement possible des 109 salariés concernés ». Elle propose aussi aux salariés de rejoindre les autres sites du groupe en France ou des entreprises régionales de l’IAA.
Elus et candidats mobilisés
Indignés par cette fermeture, Marc Gricourt, maire de Blois, Christophe Degruelle, président d’Aggloplys et le président de région François Bonneau ont écrit une lettre ouverte à la famille Decaux, leader mondial de la communication extérieure (JCDecaux) et actionnaire principal d’Eurazeo publiée dans la NR 41. Ils expriment leur « consternation et colère » face à ce qu’ils qualifient de « véritable séisme industriel, patrimonial et social pour le territoire ».
Ils rappellent qu’en 2017, lorsqu’Eurazeo a racheté Poulain à Mondelez, le fonds d’investissement s’était engagé à revaloriser cette marque prestigieuse délaissée par le géant américain. Carambar & Co avait même fait le « pari du patriotisme économique » en promettant de relocaliser la production en France. « La fermeture programmée de Villebarou sonne donc comme une promesse trahie ».
Comment justifier socialement cette décision alors que le groupe Carambar & Co affiche d’excellents résultats financiers ? Pour les élus, “les impacts économiques seraient importants pour le bassin d’emplois, avec des répercussions en cascade sur tout l’écosystème de sous-traitants et fournisseurs locaux”. Alors qu’une pétition a déjà recueilli 15 000 signatures, ils invitent la famille Decaux, à proposer une solution alternative à la fermeture « par le dialogue et la mobilisation de toutes les bonnes volontés. »
Enfin les candidats aux Législatives sur la 1ère circonscription, Mathilde Desjonquères (Majorité présidentielle, suppléante Marc Fesneau), Pierre-Gilles Parra (LR) et Reda Belkadi (NFP) ont redit leur mobilisation et soutien au chocolatier lors d’une audition organisé par le MEDEF 41 le 25 juin dernier. Le versement d’aides publiques à Poulain interroge les candidats à la députation.
Reda Belkadi (NFP), Pierre-Gilles Parra (LR) et Mathilde Desjonquères (Majorité présidentielle) s’opposent à la fermeture de Poulain. Crédit photo JL VEZON.
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