Des vacheries dans la campagne

Courte et intense, la campagne électorale pour les législatives 2024 n’échappe pas aux débordements émotionnels. Oubliant qu’injures et invectives aux odeurs de fumier n’ont jamais appartenu à la culture d’un coq français symbole de l’esprit sportif.

Par Mag’Dom

« Ceci n’est pas une fosse à purin ! ». Effarée par la campagne en cours pour les élections législatives, la benjamine de la tribu taupienne est fière d’avoir tagués en ces termes quelques panneaux électoraux. Elle craignait trop que ses chères galeries soient envahies des bouses puantes déversées sur les réseaux sociaux sans contrôle apparent, approuvant le député sortant du Loiret Richard Ramos dénonciateur des tweets nauséabonds d’un de ses adversaires. Il faut savoir prendre le mal à la racine, surtout quand il est au ras des pâquerettes.

En cette période troublée, la notion de vivre-ensemble est des plus malmenée. Sous prétexte que « ce ne sont pas les sportifs et les artistes qui vont nous dire pour qui voter », on a entendu nombre de propos peu ragoûtants, chacun ne voyant l’extrémisme que chez son opposant. Ainsi, outre Kylian M’Bappé prié de se taire car trop riche (!), de peu joyeux drilles s’en sont pris aux signataires dans l’Equipe d’un appel à faire barrage à l’Extrème-droite. La réplique était prévisible, mais fut plus violente que prévue dans les 24h qui suivirent. Engagés dans ce combat, l’orléanaise Cécilia Berder et son collègue du club d’Escrime Boladé Apithy peuvent en témoigner. Guy Drut, membre du CIO, approuvant l’alliance LR-RN prônée par Eric Ciotti, démontre pour sa part qu’un champion olympique de saut de haies est aussi apte à franchir le Rubicon.

On est loin, là, du fair-play sportif. Mais il semble que le monde de la culture ne soit pas non plus épargné. Suite à un appel lancé par Médiapart, deux cent libraires indépendants se sont mobilisés « contre la possibilité de subir des années de gouvernance fascisante » en craignant une violence immédiate… remarquée peu de temps après. A Montpellier, une librairie a été obligée d’annuler un débat « pour assurer la sécurité de ses invités et des participants ». En région Centre-Val de Loire, cet appel est suivi par une dizaine de librairies, dont Les Temps Modernes (Orléans), Bifurcations (Bourges) et cinq autres en Indre-et-Loire (Le Tumulte, C’est la faute à Voltaire, L’Oiseau-vigie, Liber&Vous, La Vagabonde).

Suite à un reportage de l’équipe d’Envoyé spécial à Montargis, le parquet a saisi la justice pour des propos raciste émanant d’électeurs déclarés du RN. Si Jean Ferrat pouvait chanter “que la montagne est belle”, on ne peut pas en dire autant de cette campagne, en souhaitant grandement qu’elle ne se poursuive pas ventre à terre au delà du 7 juillet. 

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