Annulation de la fête de l’Europe à Amilly : la vie culturelle menacée ?

Depuis 35 ans, Gérard Dupaty est maire d’Amilly, ville de 13 000 habitants dans le Montargois. Médecin, il est avant tout connu comme homme d’art et de culture. Magcentre l’a interrogé sur les raisons de l’annulation complète des trois journées de la Fête de l’Europe, à la suite des législatives anticipées du 7 juillet, et sur les perspectives pour sa commune, sur le plan culturel.

Propos recueillis par Izabel Tognarelli

La Fête de l’Europe devait se tenir du 5 au 7 juillet prochains. Les législatives anticipées, dont le 1er tour se tiendra le 7 juillet, sont venues télescoper ce projet. Mais pourquoi avoir tout annulé ? Pourquoi ne pas avoir maintenu les deux premières journées ?

Parce qu’on ne peut pas faire une demi-Fête de l’Europe. Il y a une cohérence dans l’organisation. Elle se construit une année à l’avance et possède sa logique propre, sur trois journées. On ne peut donc pas improviser un changement de programme, comme ça : c’est impossible.

L’an passé, cette même Fête de l’Europe avait dû être annulée en raison des émeutes qui avaient eu lieu la veille, dans le courant de la nuit, à Montargis : la menace planait sur Amilly. Auparavant, les années COVID avaient eu raison des éditions 2020 et 2021. Quelle est la portée symbolique, pour vous, de cette nouvelle annulation ?

Pour moi, la Fête de l’Europe est importante. Elle est identifiée avec les valeurs que je porte, et que nous portons à Amilly. Il y a donc une portée symbolique. Le fait que, durant trois ans, cette fête soit interrompue, par la force des choses, grève le message que nous portons : les valeurs humanistes qui sont les nôtres ; ainsi que tout ce que porte l’Europe en matière de respect, de connaissance, de richesse culturelle et de tolérance. Et puis il y a la paix, en priorité, car l’Europe s’est construite sur la paix.

Le pays invité était-il de nouveau la Croatie ?

Oui, car l’an dernier, ils avaient dû faire demi-tour dès leur arrivée. Ils avaient parcouru des milliers de kilomètres pour repartir le jour même. Idem pour les représentants de nos villes jumelles. L’édition 2023 a été annulée le vendredi matin. Or, la fête commençait le vendredi soir : tout était installé. Ce fut assez dramatique.

Vos invités ont dû être stupéfaits.

Ce fut un gros choc. En ce qui concerne les artistes, les contrats sont signés longtemps à l’avance.

 

Il s’agit d’un cas de force majeure : une décision du président de la République de convoquer des élections en un délai de trois semaines. Y a-t-il des assurances pour pallier ?

Non, il n’y a pas d’assurance pour ça. Nous allons donc reporter une partie des orchestres et groupes prévus pour la Fête de l’Europe au samedi 7 septembre prochain, et organiser un mini festival musical, place de Nordwalde, avec des concerts l’après-midi et un feu d’artifice le soir.

Amilly a une forte identité culturelle, avec notamment son centre d’art contemporain. Dans le contexte politique actuel, avez-vous des inquiétudes pour son avenir ?

Rien n’est jamais définitivement acquis. Tout dépendra des éléments, cela ne dépend pas que de moi. Je ne fais que passer des messages, ensuite ce sont les Amillois qui décident. Quand je quitterai la mairie, je ferai des propositions : on verra bien si ce message sera perçu et compris.

Comment envisagez-vous les choses si le RN prend le pouvoir ?

Un vote n’est jamais joué d’avance. Cela fait 35 ans que je suis maire ; ma politique a été axée sur la famille et la culture. Nous avons le label UNICEF « Ville amie des enfants » depuis plus de 20 ans. Nous avons longtemps été les seuls du Loiret à avoir ce label ; Olivet l’a depuis peu. En matière de culture, peu de villes de 13 000 habitants ont fait ce que nous avons fait. Si demain le RN prend le pouvoir, cela augure mal de l’avenir culturel de la ville d’Amilly.

 

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