Le 15 juin 2024, une journée porte ouverte organisée par le Service archéologie de la mairie d’Orléans a permis de rendre compte de l’avancée des fouilles sur le site de l’ancien hôpital porte Madeleine.
Par Philippe Emy
Tous les quarts d’heure par petits groupes, les visiteurs ont pu écouter les explications des archéologues sur les différents sites mis à jour.
Une nécropole romaine exceptionnelle en dehors de la ville
cl P. Emy
Le long d’un mur de 100 mètres de long et 50 centimètres de large, une sépulture située à l’extérieur de la ville, contenant 28 squelettes de l’époque romaine entre le premier et le troisième siècle après J.-C. a été mise à jour.
Elle se distingue par plusieurs particularités :
Les corps ont été placés les uns derrière les autres en file indienne. Ils ont tous été inhumés et non pas incinérés, dans des cercueils en bois. Il ne s’agit que d’hommes à l’exception d’une sépulture double contenant une femme allongée sur le dos et recouverte par un homme sur le ventre dans le même cercueil. Sa signification n’est pas encore connue.
Autre particularité, la découverte de monnaie dans chaque sépulture. À l’intérieur et à l’extérieur du cercueil, ce qui témoigne de deux gestes différents comme si on avait placé les pièces de monnaie à la fois dans et sur le cercueil lors de l’inhumation.
9 tablettes de défixion ont été découvertes
Ce sont des feuilles de plomb de petite taille, très fines, incisées à l’aide d’un stylet, pliées ou enroulées. Elles contiennent des intercessions auprès des divinités pour demander une malédiction envers quelqu’un ou pour obtenir la protection d’un autre. Elles sont écrites en langue latine ou gauloise.
cl Service Archéologique Orléans
Ces tablettes pourront peut-être permettre d’identifier ces personnes. Pourquoi une seule rangée de sépultures, le long d’un mur, des hommes enterrés sur une période de 150 ans au même endroit et selon un rite funéraire identique ? Qui est ce couple enterré dans un cimetière exclusivement d’hommes ?
La deuxième nécropole médiévale située dans la ville
La totalité de la superficie du cimetière n’a pu être identifiée. Les sépultures se recoupent les unes les autres du 13ᵉ au 15ᵉ siècles. Elles sont rattachées probablement à des églises ou des couvents. Du mobilier, des bijoux, des chapelets, des boucles de ceinture ont été retrouvés et des pots d’encens dont la forme permet une datation assez précise.
Des études des squelettes peuvent renseigner sur les causes de mortalité
En temps de guerre, des traces de coup de hache ou d’arbalètes sont visibles. Dans des sépultures communes, lors d’épidémie comme la peste noire, un prélèvement d’ADN a permis d’identifier le bacille responsable (Yersinia pestis).
Des métastases osseuses ont été parfois retrouvées témoignant de la présence d’un cancer. Enfin la présence d’une forte mortalité peut évoquer une malnutrition.
cl P. Emy
Une très belle visite, des découvertes singulières et parfois exceptionnelles commentées par des archéologues passionnés.
Du fait de la prolongation des fouilles, le déménagement de la faculté de droit sur le site porte Madeleine est retardé. La toute nouvelle faculté de médecine qui devait prendre sa place sur le campus de la source ne pourra probablement accueillir le nombre d’étudiants prévus en 2025.
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