L’Orchestre Symphonique d’Orléans (OSO) a donné son dernier concert de la saison au théâtre d’Orléans samedi 15 et dimanche 16 juin. Le thème de la mer a offert un programme original des XIXe et XXe siècles, majestueusement servi par l’OSO en grand effectif et la soprano Marie-Laure Garnier, sous la direction toujours pertinente et très appréciée de Marius Stieghorst.
L’OSO et la soprano Marie-Laure Garnier lors du concert du 15 juin 2024. Photo AC Chapuis
Par Anne-Cécile Chapuis
Le concert démarre par une invitation au voyage de Félix Mendelssohn (1809-1847). C’est une entrée sur un mouvement lent, la mer est calme, évoquée par un tapis de cordes, bientôt interrompu par un solo de flûte qui donne le signal du départ. Le vent souffle, le voyage est joyeux, l’orchestre s’en donne à cœur joie jusqu’au fortissimo et l’arrivée triomphale scandée par les cuivres et percussions, avant les derniers adieux. Fin du voyage.
Marie-Laure Garnier, soprano talentueuse
C’est ensuite l’entrée de Marie-Laure Garnier, soprano guyanaise au parcours aussi fulgurant que talentueux, titulaire de nombreux prix et distinctions jusqu’à celle très médiatisée de « révélation artiste lyrique » aux Victoires de la musique 2021.
Marie-Laure Garnier au théâtre d’Orléans. Photo AC Chapuis
Elle interprète avec passion le « Poème de l’amour et de la mer » d’Ernest Chausson (1855-1899), œuvre en trois parties : « La Fleur des Eaux », « Interlude » et « La Mort de l’Amour ». Sa voix chaude et profonde emplit la salle Touchard devant un public saisi d’emblée par la musicalité de la soprano. Et le message passe, malgré un texte parfois desservi par l’acoustique de la grande salle du théâtre. C’est celui de l’amour et de l’harmonie, avec de subtils contrastes entre des accents lyriques enflammés et des mélodies entrecroisées avec les instruments, parfois en unisson comme avec le violoncelle ou l’alto, qui évoquent la souffrance du poète devant les affres de l’amour. Le public retient son souffle avant d’offrir un tonnerre d’applaudissements hautement mérités à Marie-Laure Garnier pour sa magnifique voix et cette belle interprétation.
Musique à programme et impressionniste
En deuxième partie du concert, les « quatre interludes marins » de Benjamin Britten (1913-1976) sont une belle surprise. C’est une musique à programme où « l’aube » se lève sur un long unisson des cordes dans les aigus, secoué par les bruissements des vents puis de grandes vagues des cuivres. « Sunday morning » est un moment plus dansé où les instruments entrent successivement avant le déferlement symphonique ponctué de cloches, et un retour aux cordes. « Moonlight » fait la part belle aux codes graves, avec un appel de la harpe ou de la flûte, dans des mouvements lents de temps suspendu, puis « Storm » conclut avec fougue ces très beaux interludes composés pour une introduction à chaque acte de l’opéra Peter Grimes.
Salut final par l’OSO et son chef Marius Stieghorst. Photo ACC
Le final revient à « la mer » de Claude Debussy (1862-1918), musique impressionniste s’il en est, qui présente une succession de trois tableaux de l’océan. C’est une œuvre originale comme l’est l’univers de Debussy, tout en sonorités, sensations, et évocations poétiques. L’orchestre rend à merveille cette atmosphère malgré une partition complexe.
Le public acclame « son » orchestre avant que Benoît Barberon, administrateur et Marius Stieghorst, viennent dire quelques mots de la programmation à venir. Encore de belles surprises nous attendent avec, comme nous y habitue l’OSO depuis 100 ans, une grande variété qui fera entendre musique symphonique et concertos pour le basson ou le violon, musique romantique ou accents latino-jazz, répertoire connu et création.
De bons moments en perspective à passer en compagnie de l’OSO qui sait varier ses programmations et, plus que jamais, fait la fierté des Orléanais !
À lire sur Magcentre :
Un Carnaval des animaux plein de facéties par l’Orchestre d’Orléans