La stratégie de Macron est claire : user de l’urgence provoquée par la dissolution et les délais très courts avant les législatives. Il s’agit de profiter de la désorganisation de la gauche et de l’acharnement que subit LFI depuis des mois pour rendre toute union quasi-impossible, les cadres des partis de gauche ayant joué à ce jeu de massacre sciemment depuis 2022, hystérisant les postures politiques et alimentant les rancœurs, sans jamais se donner les moyens de construire un accord programmatique et méthodologique sur le long terme.
Soit il y a une Nupes-bis et Macron pense récupérer les électeurs du centre gauche qui ont fini par croire que les Insoumis, c’est le parti des émeutes et du Hamas, soit il y a un Hollandisme-bis avec des Verts et un PCF paumés, et LFI présentera des candidats dans la plupart de circonscriptions, avec le NPA et des dissidents des autres partis de gauche, exactement comme aux sénatoriales de septembre 2023.
Résultat ? Pas mal de sièges en moins pour la gauche, récupérés par les macronistes qui pourraient alors bâtir une majorité absolue à l’assemblée Nationale, du moins pensent-ils.
La position des LR est désormais intenable, leur refus d’une coalition avec va Macron et leur discours d’extrême-droite porté par la ligne Ciotti-Wauquiez va pousser leurs électeurs à voter RN plutôt que pour des copies impuissantes.
Et de nouveau, pendant la courte campagne qui s’annonce, les macronistes vont donc faire croire qu’ils sont le barrage aux extrêmes, RN et LFI, alors qu’ils font juste monter les Lepenistes en les normalisant à mesure qu’ils courent après eux depuis des années, par pure stratégie, du reste perdante. Libéraux-autoritaires contre Populistes-racistes, voilà notre horizon des 20 prochains années qui se dessine.
On mesure encore mal le naufrage de la frange droite du PS des années 2005-2015 qui est la cause, de fait, de cette tripartition des forces politiques et de l’effondrement de la gauche keynésienne. Mais maintenant, face au mur, il va falloir que les cadres locaux des partis de gauche qui connaissent les élus et les militants LFI fassent pression sur leurs directions nationales. Eux ils savent qui sont les insoumis au quotidien, bien éloignés de quelques citations tronquées de Mélenchon sur CNews et montées en épingle par une large partie de la classe politique, trop heureuse d’avoir un tel épouvantail qui permet de s’offusquer de la forme pour éviter soigneusement le fond. Et il va falloir que les militants de gauche ne soient pas dans la volonté de vengeance contre le PS qui a été depuis 2017 bien purgé.
Au boulot. Et il faudra continuer après les élections. Car les plus faibles vont continuer de morfler, très fort. L’initiative de Ruffin et Faure de ce matin est bonne, il faut un Front Populaire avec quelques éléments de programme simples et fédérateurs, avec un certain sens historique. A gauche, ce sens historique est la réduction du temps de travail. Retraite à 60 ans ? Semaine de quatre jours ? Il faudra en tout cas faire campagne sur un projet positif et pas juste sur un barrage, si indispensable soit-il.