Aucun meurtre dans la capitale de l’Indre en 2023, déjà quatre en l’espace d’un mois et demi. Châteauroux va-t-elle devenir la Marseille du Nord ? En réponse, le maire et le préfet unissent leurs efforts pour donner un coup d’arrêt à la loi de Murphy.
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Gil Avérous et Thibault Lanxade au cours de leur point presse, lundi 10 juin. Photo Magcentre
Par Pierre Belsoeur
Le maire Gil Avérous et le préfet Thibault Lanxade n’avaient pas donné rendez-vous à la presse lundi matin à 8h30 pour commenter le résultat des élections européennes, mais pour apporter une réponse à une série d’événements qui ont offert des munitions supplémentaires au RN.
Châteauroux, moquée par les humoristes en mal de sujets, possède au moins un atout majeur, sa qualité de vie. Si on commence à y assassiner à tous les coins de rue alors que les Jeux olympiques (de tir sportif !) vont s’y dérouler dans un peu plus d’un mois, ça craint ! « Tout ce qui est susceptible d’aller mal ira mal », avait édicté l’ingénieur aérospatial Edward A. Murphy Jr. au milieu du siècle dernier. Jacques Chirac a proposé une traduction française : « Les emmerdes ça vole en escadrille ». C’est bien cette fameuse loi de Murphy qui semble avoir frappé Châteauroux.
Fidèle à sa réputation, la capitale de l’Indre n’avait connu aucun meurtre en 2023. Alors comment expliquer qu’elle vienne d’en vivre quatre en l’espace d’un peu plus d’un mois. Vu de l’extérieur (de Paris par exemple, ou d’un bureau de vote) on peut en conclure qu’il y a une montée intolérable de l’insécurité dans la ville dont Gil Avérous travaille à moderniser l’image. Pourtant les quatre meurtres n’ont rien à voir les uns avec les autres.
Concours de circonstances ?
Le 27 avril ; querelle entre adolescents de 15 ans, coups de couteau un mort (agresseur interpellé). Le 25 mai ; embrouille entre poivrots dans un appartement de la ZUP Saint-Jean, là encore meurtre au couteau (agresseur interpellé). Le 3 juin dans une rue de Saint-Jean, meurtre par balle, vraisemblablement un règlement de compte entre dealers (enquête en cours). Nuit du 6 au 7 juin : meurtre au couteau entre zonards qui se retrouvent pour boire derrière une église du centre-ville (enquête en cours). Tout juste peut-on imaginer que le règlement de compte entre dealers soit la conséquence du renforcement des effectifs de police à la suite du premier meurtre. Un différend commercial en quelque sorte.
Pour un statisticien on ne peut donc pas tirer de cette période tragique l’indice d’une augmentation de la violence dans l’Indre. Pour le président de Châteauroux Métropole et le préfet de l’Indre, il faut répondre au ressenti. Alors tous deux ont pris des mesures ; arrêté municipal sur l’interdiction de vente d’alcool après 21h (sauf le soir de la Fête de la musique et le 14 juillet) arrêté sur les rassemblements, renforcement des effectifs de police municipale qui interviennent désormais 24 heures sur 24 (mais n’ont toujours pas le droit de procéder à des contrôles d’alcoolémie.)
Du côté du préfet on rappelle qu’une vingtaine de fonctionnaires de plus sont arrivés au commissariat, que deux brigades anti-criminalité et une équipe canine sont venues renforcer les policiers castelroussins pour mener à bien leurs enquêtes. Par ailleurs 70 policiers et 100 gendarmes sont attendus pour la période des JO. Alors, tout baigne ?
Plus de travailleurs sociaux
Même si la réponse en termes de répression est rapide, Gil Avérous est bien conscient que le problème est plus large. « J’appelle les dirigeants des établissements de nuit à être responsables. Lorsque l’on voit sur les réseaux sociaux les vidéos que publient de jeunes consommateurs, on a effectivement le droit d’être inquiets ».
Mais au-delà de ce problème d’alcoolisme, se posent ceux de l’accompagnement des personnes désocialisées par les travailleurs sociaux et des services médicaux capables d’accueillir les individus sujets à des addictions à l’alcool ou à la drogue et présentant souvent des troubles psychiatriques.
Or l’Indre où il fait si bon vivre… quand tout va bien, demeure un désert médical ! Et quand on ne peut pas prendre en charge un paumé armé d’un couteau, la loi de Murphy effectivement peut démontrer sa redoutable efficacité. Pour le plus grand bien du RN qui se contente de compter les points.
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