Européennes : l’extrême droite aux portes du pouvoir

La région Centre-Val de Loire sera représentée par deux eurodéputés RN et de Reconquête, Aleksandar Nikolic et Guillaume Peltier. Les scrutins législatifs annoncés des 30 juin et 7 juillet pourraient encore accentuer la poussée extrémiste. Avec en perspective une cohabitation et un gouvernement Bardella.



Par Jean-Jacques Talpin


Le pire des scénarios est donc devenu réalité ce dimanche soir. Si l’on ajoute les bulletins du RN à ceux de Reconquête, l’extrême droite approche donc les 40% de voix. Même les prévisions les plus pessimistes n’osaient annoncer un tel paysage il y a quelques semaines quand la liste de la majorité présidentielle semblait encore en mesure de freiner la vague bleu marine. Pour la région –même si les députés européens sont élus sur une liste nationale et ne représentent donc pas un territoire – notre région sera personnalisée par deux députés de l’extrême droite. Installé en 19ᵉ position sur la liste Bardella, Aleksandar Nikolic est certain d’être élu. À 37 ans, ce conseiller municipal en Eure-et-Loir, conseiller régional dans le Centre-Val de Loire est un pur parachuté sans passé politique qui un temps avait cherché un terrain d’atterrissage dans le Montargois, notamment à Amilly. L’autre élu, si Marion Maréchal dépasse comme cela est annoncé le seuil des 5%, sera Guillaume Peltier. Bien connu dans le Loir-et-Cher, il y a été élu départemental, animateur de la Fête de la Violette en Sologne, chef d’entreprise et politicien au parcours politique incertain entre Front national, soutien de Philippe de Villiers puis de Zemmour et de Marion Maréchal. En seconde position sur la liste Reconquête, il conquiert donc un siège européen et une occasion de rebondir dans le paysage politique où il semblait discrédité.

Quelle majorité le 7 juillet ?

Les résultats complets du scrutin d’hier (pas totalement connus à l’heure où nous bouclons) vont évidemment être scrutés à la loupe par tous les responsables politiques qui sont d’ores et déjà en campagne pour les scrutins législatifs des 30 juin et 7 juillet. Loin devant avec plus de 30% des voix dans la région comme au plan national, le RN va naturellement mener la danse de la prochaine campagne. Dans la région comme dans le reste du pays, il a largement dominé la majorité présidentielle (qui conserve cependant sa seconde place) mais aussi l’alliance de gauche portée par Raphaël Glucksmann. Naturellement les législatives devraient rebattre les cartes notamment dans les deux grands départements, l’Indre-et-Loire et le Loiret. En Touraine, Renaissance et ses alliés (Horizons et Modem) auront bien du mal à conserver ses quatre députés. Le seul député écologiste régional Charles Fournier sera lui aussi en position instable après le grave échec de la liste écologiste menée par Marie Toussaint.  

Les municipales en ligne de mire

Mêmes inquiétudes dans le camp présidentiel avec la situation du Loiret où le RN a déjà conquis deux sièges en 2022 face aux quatre députés macronistes dont Anthony Brosse élu dans le Pithiverais avec trois voix d’avance sur le candidat du RN. Et après les législatives tous les élus prépareront un autre combat, celui des municipales de 2026 où l’extrême droite entend faire entendre sa voix et même plus. D’ici là il faudra peut-être digérer une éventuelle cohabitation qui apparaissait encore, il y a quelques jours, comme un cauchemar inimaginable. Mais le pire n’est pas certain…

Commentaires

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  1. Les Français ne demandaient pas cela à Emmanuel Macron, Brigitte ne lui a pas encore appris qu’il ne fallait pas jouer avec les allumettes !
    Nous verrons bien et cela va venir vite !

  2. Emmanuel Macron joue à l’apprenti sorcier… Comment inverser cette dynamique en trois semaines après les résultats des européennes ? Cette campagne électorale sera si courte qu’il sera difficile de créer les conditions d’un rassemblement à gauche, condition nécessaire pour éviter l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir. Espérons qu’il n’y aura pas une guerre d’ego ! Aucune formation politique n’a une place prédominante et ne peut se prévaloir d’un leadership. Il va falloir composer…

  3. La dissolution de l’Assemblée après le résultat des élections européennes ne me semble ni un coup de poker, ni une vraie surprise, tant la situation est sans issue pour l’exécutif privé de majorité à l’Assemblée et dans l’incapacité de passer des compromis sur des projets de loi au cas par cas, contraint de voter ses budgets jusqu’en fin de mandat à coup de 49-3. Le scénario était préparé par un petit groupe d’une dizaine de personnes à l’Elysée et il était devenu incontournable après la défaite aux européennes. La gauche va peut-être faire une union à contre cœur ou ne la fera pas, au gré de l’humeur stratégique de Jean Luc Mélenchon. Il est probable que Raphael Glucksmann, qui avait tenté de restituer une certaine image morale et progressiste à une social-démocratie à la française dépouillée des oripeaux du hollandisme et libérée de l’hégémonie LFI, se tiendra à l’écart des pourparlers d’appareils, il a trop à y perdre. En toutes hypothèses, la gauche ne dispose pas de l’étiage nécessaire pour constituer une majorité parlementaire. On devrait logiquement imaginer avec un scrutin majoritaire à deux tours que le rassemblement national n’obtiendra qu’une majorité relative à l’Assemblée nationale, ce qui ouvrirait la porte à d’autres tractations qui peuvent durer un temps certain, comme chez nos voisins belges. Bref, on n’a pas le cul sorti des ronces… La logique ultime, au bout de tout ça, c’est la démission du chef de l’Etat.

  4. Monsieur Raphael Glucksmann a la possibilité de libérer le parti socialiste de la NUPES et cette extrême gauche qui est plus haine que raison (PARTI SOCIALISTE UN POINT C’EST TOUT).
    Ce que nous ne pouvons pas faire à droite, étroitement coincé entre Horizon et RN, je propose que les modérés RN (il y en a) à droite des LR avec Horizon à gauche des LR, reforment un parti de droite, petit mais indépendant, je suis gaulliste, je ne veux pas mourir, help !

  5. Patrick Communal en arrive à la même conclusion que celle qui me semble la plus logique : la démission du Chef de l’État, le véritable responsable de ce désastre, qui n’à jamais su habiter sa fonction., Oscillant entre son immense mépris pour ses électeurs et la nation entière il a été obnubilé par un immense orgueil masquant son incapacité à gouverner de manière cohérente. Trop facile le ” en même temps ” qui laisse libre cours aux méandres des choix contradictoires et à l’absence de décisions dans l’intérêt du pays et des habitants. Marionette de ses mandataires qui l’ont placé au plus haut sommet, bien au-dessus de ses capacités . Donneur de leçons, chef de guerre à la ride martiale : on en rira longtemps sur la scène internationale.

  6. Je suis entièrement d’accord avec martialai. Oui, il y a des modérés au sein du RN et oui, certains chez Horizons ne veulent plus entendre parler de MACRON, et il y en a de nouveaux depuis l’annonce de la dissolution par Emmanuel Jupiter MACRON. Il y en a aussi au sein d’Agir, Territoires de Progrès, Renaissance et au MODEM (Jean-Louis BOURLANGES, l’emblématique UDF puis MODEM, ancien Eurodéputé fin connaisseur des institutions Européennes qui est l’actuel Président de la Commission des Affaires Étrangères depuis le décès prématuré de l’excellente, brillante et bouillonnante Marielle de SARNEZ [que j’ai rencontré personnellement et vu à l’œuvre, ce qui me permet de confirmer les qualificatifs employés à son encontre], a par exemple annoncé qu’il ne repartirait pas au combat cette fois-ci).

    Certains Députés de la majorité ou minorité relative (appelez la comme vous voulez) ont dit qu’ils repartiraient au combat pour leur propre pomme mais certainement pas en s’affichant soutien de MACRON. En clair, ce sera pour eux : êtes-vous satisfaits de ce que j’ai fait durant mon mandat écourté par «le fait du Prince» ou bien n’en êtes-vous pas satisfaits ? Si oui, réélisez-moi, sinon, votez pour quelqu’un d’autre.

    Pour le verdict et la couleur de la nouvelle Assemblée, rendez-vous les 30 juin et 7 juillet. Cela donnera au passage la plus petite campagne électorale pour des Législatives, avec à peine le temps de constituer les binômes (trouver les suppléants des candidats déjà trouvés et trouver les candidats là où il n’y en a pas, car c’est à partir des résultats aux Législatives qu’il y a les financements des différents partis politiques, ne l’oublions pas [cf. un article de France Inter ce lundi]) et les équipes de campagne (directeur ou directrice de campagne, mandataire financier…). Bon courage à celles et ceux qui voudront y aller. Je pense qu’il y aura moins de candidats par Circonscription qu’en 2022, ce qui facilitera et réduira le temps des dépouillements, mais fera aussi moins de revenus à certaines formations politiques du coup.

    À quoi joue Emmanuel Jupiter MACRON sinon comme l’a dit dans la soirée David REVAULT-D’ALLONES, qui désormais Rédacteur en Chef à la Revue «L’Hémicycle», à la roulette Russe avec cinq balles dans le barillet ? Je n’en sais rien mais cela fait franchement peur de voir le Président de la République jouer ainsi à l’apprenti sorcier (dixit Guillaume TABARD dans son contrepoint de ce lundi dans Le Figaro). Beaucoup trouvaient d’ailleurs l’annonce de la dissolution irresponsable dimanche soir à la Mairie d’Orléans. Dont moi.

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