Depuis fin 2021, La Maison des Femmes installée au CHU d’Orléans accueille la parole des femmes victimes de violences qu’elles soient familiales, professionnelles ou publiques. Un accompagnement précieux pour reprendre sa vie en main grâce à sept professionnelles aguerries.
Par Sophie Deschamps
« Accueillir, soigner et accompagner ». Telles sont les missions que s’est fixée l’Unité violences faites aux femmes créée fin 2021 au CHU d’Orléans. Cette première unité de La Maison des Femmes (MDF) d’Orléans est donc à l’écoute de toutes formes de violences sexuelles, psychologiques et/ou physiques, mais aussi verbales, administratives… commises au sein de la famille, dans l’entreprise ou dans l’espace public. Car comme le rappelle Mélanie Aimé : « Dans 90% des viols, la victime connaît son agresseur. Il faut donc en finir avec cette image de l’inconnu guettant sa proie dans un parking la nuit ! » Ainsi, 63% des patientes ont déclaré en 2023 subir des violences conjugales.
Des femmes de tous âges et tous milieux
Toujours en 2023, l’activité de cette unité a fortement augmenté avec 849 consultations contre 537 l’année précédente.
Ces victimes avaient une moyenne d’âge de 41 ans (17 à 93 ans !) ). Mais selon Marine Durand-Maringe, nouvelle présidente de la MDF d’Orléans : « Nous ne recevons pas assez de personnes âgées. Or, nous savons qu’elles sont vulnérables et donc exposées à toutes sortes de violences. Il faudrait pour cela pouvoir mieux sensibiliser les EHPAD sur cette question ».
Pour accueillir ces femmes, sept professionnelles femmes (mais les hommes sont les bienvenus !) se relaient dans l’Unité : trois psychologues, deux assistances sociales, un médecin légiste et une secrétaire.
« 30% des femmes vont nous appeler de façon spontanée pour elles-mêmes », explique Mélanie Aimé, médecin légiste et coordinatrice médicale pour la MDF : « Les autres appels viennent de professionnels de tous horizons : santé, justice, CAF, associations d’aide aux victimes mais aussi l’entourage plus ou moins proche de la femme concernée, y compris professionnel ».
Des consultations, mais pas d’hébergement
Le premier contact a lieu obligatoirement par téléphone car comme l’indique Mélanie Aimé « nous ne sommes pas aujourd’hui en capacité de faire un accueil physique spontané. Mais ce premier contact est important parce qu’il nous permet de connaître le contexte des violences et surtout d’évaluer l’urgence de la situation. Si elle l’est, nous proposons un créneau de rendez-vous immédiat ».
Cette unité ne propose toutefois pas d’hébergement. En cas de besoin la MDF passe le relais au 115. Celui-ci peut ensuite s’adresser éventuellement aux deux lieux d’accueil situés en centre-ville à Orléans et dont les adresses ne sont pas communiquées par mesure de sécurité.
Par ailleurs l’unité possède un congélateur qui permet de conserver les prélèvements effectués dans les cinq premiers jours sur les victimes d’agressions sexuelles. Comme le précise Mélanie Aimé, médecin légiste de la MDF : « Ces prélèvements sont autant de preuves des violences subies pour les femmes qui ne souhaitent pas porter plainte. Elles disposent néanmoins de trois ans pour réfléchir à un éventuel dépôt de plainte ».
Un accompagnement individuel ou collectif
Le suivi de ces femmes est de 18 mois maximum. L’accompagnement est soit individuel, soit collectif par le biais de groupes de paroles et/ou d’ateliers de reconstruction et de revalorisation de l’estime de soi (sophrologie, art-thérapie, sport adapté, karaté…)
Mais la Maison des Femmes d’Orléans ne compte pas en rester là. Elle souhaite notamment proposer aux victimes deux nouvelles offres de soins : un parcours pour les femmes ayant subi une mutilation sexuelle féminine, notamment une excision, ainsi qu’un parcours Santé sexuelle et prévention.
Un financement multiple
Enfin cette MDF d’Orléans a un financement multiple : l’Agence Régionale de santé (ARS) lui octroie 220.000 euros par an. Le collectif Re#Start leur verse lui 50 000 euros par an pendant trois années depuis 2022. Et enfin la MDF effectue sa propre levée de fonds. Un premier gala s’est ainsi tenu le 28 mars à Saint-Jean-de-Braye. Il leur a permis de récolter 80 000 euros de dons grâce notamment au soutien précieux de Laure Calamy, Matthieu Chedid ou bien encore Ghada Hatem-Gantzer, fondatrice de la première Maison des Femmes en Seine-Saint-Denis.
À noter qu’une Maison des Femmes existe également à Tours.
Infos pratiques
L’unité de violences faites aux femmes fonctionne uniquement sur rendez-vous. La femme peut être accompagnée d’une personne de confiance
Par téléphone au 02 38 61 31 00 du lundi au vendredi de 9h à 17h
Par mail (hors urgences) mdf45@chu-orleans.fr
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