Mais qu’est-ce donc que ce « Gâtinais libre ! » que l’on a vu émerger pour la première fois en juillet 2023 ? Production événementielle, création éditoriale et agence artistique, ce collectif de vingtenaires décoiffe dans la culture alternative, avec un état d’esprit qui n’encourage ni la consommation de drogue ni celle d’alcool.
Par Izabel Tognarelli
Avec l’été qui se rapproche, l’association « Gâtinais Libre ! » fait régulièrement parler d’elle. D’où l’idée de rencontrer les responsables de ce collectif et de les écouter parler d’eux, de leur association ; de leurs objectifs et ambitions. L’association affiche la couleur : « Musique et culture alternative pour un système de valeur plus sain et durable, dans le Gâtinais et ailleurs. Production événementielle, créations éditoriales, agence artistique, engagement territorial ». Le décor est posé. « Mais vous, Jules Muzard, qui êtes-vous ? Quelle sorte d’extra-terrestre êtes-vous donc ? » « On se pose tous la question… », s’amuse de son côté Cassandra. Et de rire tous les deux, en chœur.
« Je suis moi-même, et j’essaie de le rester »
La moyenne d’âge du noyau dur de ce collectif est très jeune, la vingtaine ; l’INSEE les identifierait comme des représentants de la génération Z, baignés par le numérique depuis leur naissance. Une génération qui a aussi pu bénéficier des retombées du programme Erasmus et voit le monde comme un grand village global.
Jules Muzard se présente : « J’ai 25 ans et je suis un enfant du pays ». Ce jeune homme heureux d’avoir grandi dans le Gâtinais a par ailleurs eu la chance de beaucoup voyager, vivant notamment une année en Malaisie, pendant ses années de lycée. « Cela m’a ouvert sur le monde et sur les réalités, sur la mondialisation et sur ce monde ultra-connecté. Quand je suis revenu en France, cela m’a donné envie de m’ouvrir et de me nourrir de toutes les richesses autour de moi. Je me suis rendu compte que j’avais de la chance d’être dans un pays comme la France, pays magnifique que j’avais envie de connaître davantage. Cela m’a aussi donné un regard critique sur la société actuelle. Je me suis dès lors intéressé à la culture alternative : vivre autrement, faire autrement, la culture autrement ». Six années d’études de droit et d’histoire à ASSAS et à la Sorbonne, trois années dans un cabinet d’avocats à La Défense en tant que juriste, et revoici Jules en terres gâtinaises, bien décidé à faire beaucoup de choses de ce bagage, d’où ce projet « Gâtinais Libre ! » dont il est cofondateur et qui a deux ans.
Dans le bain de l’événementiel et du spectacle
Et vous, Cassandra ? « J’ai 24 ans et j’ai travaillé sept ans comme barmaid, à Orléans où j’ai retrouvé Jules (ils s’étaient connus auparavant, quand ils étaient adolescents, NDLR). J’ai rejoint l’association au moment de la première édition du festival des Chatoyantes, l’été dernier. Cela a été quelque chose de très nouveau pour moi ». Pourtant, le père de Cassandra est musicien et intermittent du spectacle en tant que technicien son. « J’ai vu beaucoup de spectacles et de concerts pendant mon enfance, mais je ne me suis jamais dit que je pouvais moi-même me lancer dans une aventure comme celle-là, développer ma propre culture plus qu’elle ne l’est déjà et permettre à d’autres personnes de le faire aussi. Depuis que j’ai rejoint ce mouvement, je suis pleine de nouveaux projets : je suis en train de lancer des démarches pour intégrer un programme et être mentorée, un programme qui permet de développer des projets et de se développer professionnellement. ». On la retrouve d’ailleurs en technicienne lumière sur des événements culturels, notamment dans le Montargois, prête à prendre la relève de la précédente génération.
Partager, s’entraider et faire vivre la région qui les a vus grandir
Mais pourquoi avoir choisi les terres de l’est du Loiret plutôt que les métropoles pour démarrer ? Sur ce sujet, c’est Jules qui se lance : « Ici, il y a un potentiel de dingue. Dans l’imaginaire, ça n’a jamais été une terre hyper sexy. Les émeutes de l’année dernière n’ont pas contribué à redorer le blason. Nous, on veut dépasser ces réalités et montrer qu’on a tout pour être heureux ici même. Il y a plein de choses à valoriser. Ce sont nos deux axes : créer du lien entre des gens – quel que soit le milieu social ou la génération – dans une société très individualiste, qui plus est à la campagne où on est encore plus isolé qu’en ville. Nous sommes des campagnards, fiers de l’être. J’ai beaucoup de mal quand je suis en ville ; les standards de vie sont beaucoup plus bas. Les gens, en fait, s’accommodent de tout, même de choses désagréables et insensées ».
Sain, simple et durable sont les maîtres-mots des événements portés par l’agence du « Gâtinais libre ! ». En tant qu’agence artistique, la « GL ! Agency » accompagne par ailleurs les artistes et s’exporte dès cette année en Belgique et en Allemagne.
Les rendez-vous culturels émaillent les saisons. Ils sont essentiellement musicaux mais l’activité du collectif ne se résume pas à la musique. Au printemps, ils ont proposé des lectures du paysage du Gâtinais en compagnie d’élèves de l’École nationale supérieure du paysage, balades qui ont trouvé leur public, malgré la pluie. Prochains rendez-vous dans le Montargois les 7 et 8 juin, pour l’Entente festive gâtinaise, mais aussi les 28 et 29 juin, pour le Musikair et les 19 et 20 juillet pour le festival des Chatoyantes, au Château de Cepoy ; deux rendez-vous majeurs pour les amateurs de musique et de culture alternative.
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