Bosser dans une Coopérative Jeunesse de Services pendant les vacances d’été, c’est ce qui attend une quinzaine de jeunes de 16 à 18 ans de Fleury-les-Aubrais. Immergés dans l’univers de l’entrepreneuriat, ils auront presque carte blanche pour monter leur propre entreprise éphémère.
Par Mael Petit
Fleury-les-Aubrais bientôt témoin de la naissance d’une nouvelle génération d’entrepreneurs ? Si la ville de la métropole orléanaise ne souhaite pas encore devenir un incubateur à entrepreneurs, elle va lancer une initiative innovante pour sa jeunesse locale : la création d’une Coopérative Jeunesse de Services (CJS). Cette première dans le Loiret et dans la région Centre-Val de Loire va permettre à une quinzaine de jeunes de 16 à 18 ans de se plonger dans l’univers de l’entrepreneuriat durant les mois de juillet et août.
Qu’est-ce qu’une CJS ?
Initiées au Québec il y a plusieurs dizaines d’années et expérimentées en France depuis 2013, les CJS permettent à une quinzaine de jeunes de créer et gérer une entreprise coopérative éphémère. Installés dans les locaux du Spot Jeunesse de Fleury, ils découvriront les rouages et le fonctionnement de l’entreprise et de son économie en proposant, après un travail de concertation, divers services aux particuliers ou professionnels locaux. Lavage auto, déménagement, entretien ménager, petits travaux ou encore aide à la personne sont quelques-unes des prestations habituellement proposées.
Durant ces deux mois, les jeunes seront accompagnés de deux animatrices, d’un coordonnateur, ainsi que d’un parrain économique qui les guidera sur la réglementation et les prix des services. En gérant les demandes des clients, les devis, les factures, le démarchage et la communication, ils apprendront « de A à Z » à faire tourner une véritable entreprise à caractère social, avec la possibilité d’être rémunérés en fonction du rendement et des services vendus. « Ce n’est pas juste un petit job d’été mais une véritable aventure collective et sociale, s’enthousiasme Carole Canette, maire de Fleury-les-Aubrais. Deux mois aussi où certains ne peuvent partir en vacances, parfois s’ennuient à la maison et où il est compliqué de trouver un boulot, tâche qui relève souvent du parcours du combattant ».
Ce sera d’ailleurs le rôle des deux animatrices chargées d’encadrer le groupe de jeunes. Maintenir à la fois le côté vie de groupe dans « une ambiance colo » – les volontaires devront eux-mêmes décider du nombre d’heures de travail par semaine – qui permettra à l’équipe de rester concernée sans être lassée de l’aventure pendant une période propice aux activités de détente, tout en recentrant les jeunes sur l’entrepreneuriat administratif. « Avec ces CJS, on propose un espace d’engagement au contact des acteurs locaux, comme les entreprises, les associations ou même simplement les habitants. C’est une expérience pédagogique qui sera d’ailleurs amenée à évoluer grâce aux idées de cette nouvelle génération, qu’on sait particulièrement inventive et inspirée », avance Thierry Ferey directeur du Crij Centre-Val de Loire qui soutient la ville à hauteur de 30 000 euros pour le fonctionnement de l’opération. Les acteurs à l’origine du projet l’assurent, la marge de manœuvre des jeunes est importante et charge à eux d’imaginer des idées novatrices et inédites en fonction de leurs aptitudes et leurs envies. « De plus nous serons attentifs à la diversité des profils et à la parité femmes-hommes. Il faut encourager les filles à s’engager dans l’entrepreneuriat », souligne Thierry Ferey.
Un moyen pédagogique sur l’ESS
À l’heure de la ruée vers l’auto-entrepreneuriat chez les jeunes et l’avènement de la startup à la recherche d’une réussite économique, ces CJS semblent d’habiles outils pour surfer sur la dynamique en sensibilisant sur l’Économie sociale et solidaire, un concept flou voire même inconnu pour beaucoup de jeunes comme le note Carole Canette, par ailleurs vice-présidente déléguée à la Jeunesse à la Région dont le soutien et la promotion de l’ESS font partie de ses compétences. « L’Économie sociale et solidaire c’est l’avenir de nos territoires en termes de valeurs humaines et de responsabilités sociales et environnementales. C’est notamment sur cet aspect qui les CJS se démarquent. Le but n’est pas le profit mais souligner la dimension solidaire du projet », rappelle-t-elle.
Si Carole Canette se félicite de faire partie des territoires pilotes, l’expérimentation de CJS ne s’arrête pas à Fleury-les-Aubrais puisque trois autres sont prévues cette année dans la région Centre-Val de Loire, à Vierzon, Orléans et Tours, avec une cinquième au Blanc dans l’Indre l’année prochaine. Un concept qui tend à se démocratiser partout en France avec l’intérêt croissant des collectivités, le Crij annonçant déjà le montage de 18 projets en Centre-Val de Loire d’ici les trois prochaines années, à deux doigts de créer une liste d’attente. Bientôt l’heure de la CJS nation ?
Les jeunes intéressés pour participer à cette CJS peuvent déposer leur candidature auprès du SPOT Jeunesse, 5 rue du sous-lieutenant Balocco à Fleury-les-Aubrais.
Plus d’infos autrement sur Magcentre : Claude Alphandéry, de la Résistance à l’économie sociale et solidaire