Invité par la fédération départementale des Républicains de Loir-et-Cher, le 30 mai dernier à Blois, l’ancien ministre et commissaire européen a livré un message positif sur l’Europe plus que jamais nécessaire pour garantir la paix et le développement économique et social.
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Par Jean-Luc Vezon
À 75 ans, Michel Barnier est sans conteste l’un des meilleurs connaisseurs de l’Union européenne qu’il a pratiquée de l’intérieur en tant que ministre (Affaires européennes, Agriculture, Affaires étrangères), député européen, commissaire européen (1) ou encore négociateur en chef de la préparation et de la conduite des négociations avec le Royaume-Uni dans le cadre du Brexit.
Invité par la fédération des Républicains, nouvellement présidée par le sulfureux solognot Alexandre Avril, le Savoyard a disserté devant un auditoire attentif d’une centaine de personnes parmi lesquelles la nouvelle équipe constituée par le maire de Salbris dont Michel Pillefer, secrétaire général et Malik Benakcha. Le leader de l’opposition blésoise avait assuré l’intérim de la fédération après le départ de Guillaume Peltier début 2022.
Venu dans le cadre de la campagne européenne pour soutenir la liste LR conduite par François-Xavier Bellamy, Michel Barnier a d’abord regretté le faible niveau de la vie politique française où « il n’est plus possible de dialoguer sans violence verbale ». Il a ensuite détaillé par l’exemple le fonctionnement des institutions. Des institutions où les hommes et femmes politiques français doivent être présents pour agir dans la durée « sans laisser le pouvoir aux fonctionnaires ».
Spécialiste des questions économiques et monétaires, il a aussi dit sa confiance dans la monnaie unique qui « nous protège » et le marché unique de 420 millions d’Européens, « notre principal atout et la raison pour laquelle Chinois et Américains respectent l’UE ». Illustrant son propos de tableaux projetant les PIB à l’horizon 2050, pour M. Barnier, « le choix n’est donc pas entre l’Europe et la France mais entre une Europe indépendante et une Europe sous-traitante ».
Revenant sur le Brexit pour lequel « les Anglais ont voté dans le brouillard » sous la pression des nationalistes et des intérêts financiers de la « city » dans un contexte de colère sociale et migratoire, Michel Barnier ne cache pas sa crainte d’un Frexit. « Marine Le Pen s’était réjouie que les Anglais se soient libérés de la servitude de l’Europe », se souvient l’ancien président du département de Savoie.
Rejetant le fédéralisme, Michel Barnier reste fidèle à ses racines gaullistes : « Il ne faut pas effacer les frontières ; nous avons besoin des nations pour combattre les nationalismes. L’Europe doit être unie mais pas uniforme ». Il plaide cependant pour que l’UE avance sur le champ de sa défense en mutualisant son armement et ses commandes.
Ne pas se tromper d’élection
Pour le 9 juin, son message est clair : « Il ne faut pas se tromper d’élection. Voter RN ou Reconquête ne sert à rien. L’extrême droite ne pèse pas dans les décisions du Parlement. Le PPE, groupe dans lequel siègent Les Républicains, sera au centre des coalitions ». Michel Barnier cible 175 à 180 députés (sur 705) pour la formation de centre droit qui comprend notamment la CDU allemande. Ce dernier devrait de nouveau présider la commission européenne.
L’actuelle présidente, élue, avec le soutien d’Emmanuel Macron en 2019, cible de nombreuses critiques, Ursula von der Leyen, n’aura pas le soutien des élus LR. « L’intérêt de l’Europe est de changer » a taclé Michel Barnier, lui-même candidat à cette fonction par le passé face à Jean-Claude Juncker.
Copieusement applaudi pour sa leçon de politique européenne, « toujours capable de s’indigner et de s’enthousiasmer », Michel Barnier croit plus que jamais à « la centralité française » au sein de l’Europe.
(1) Politique régionale (1999-2004) et Marché intérieur (2010-14)
Plus d’infos autrement sur Magcentre : Européennes : la région sera-t-elle représentée par deux députés d’extrême droite ?