Le festival Litt’Oral organisé par “Tu connais la nouvelle” de Saint-Jean-de-Braye, s’est achevé cette fin de semaine avec deux temps forts, le samedi consacré à la poésie et au slam et le dimanche au genre littéraire de la nouvelle avec en point d’orgue la remise du Prix Boccace au château de Chamerolles.
Par Gérard Poitou et Jean-Dominique Burtin
Des causeries poétiques
Festival Litt’Oral Causerie poétique entre poètes et lycéens du lycée Charles Péguy (Orléans). cl GP
Le samedi, sous l’intitulé “Langagez-vous”, le festival invitait le public à découvrir la création de quatre poètes invité(e)s autour d’une causerie fort passionnante menée avec des lycéens du lycée Charles Péguy accompagnés de leur enseignante. Visiblement le dialogue avait été bien préparé par des élèves curieux d’en savoir plus sur l’acte de création poétique. Nos quatre invité(e)s, poétesses et poète (Clotilde de Brito, Anna Ayanoglou, Marie Cabreval et Pol) se sont prêtés au jeu des questions portant tant sur leur lien intime avec la poésie que sur des aspects plus techniques comme le choix du titre ou l’usage de la ponctuation.
Cette sympathique causerie poétique s’est achevée sur une innovation de cette troisième édition de Litt’Oral, la remise du Prix Magcentre décerné à l’unanimité du jury présidé par Marie-Claude Char, à l’auteur Luc Fayard pour son poème « Le vieux poète ».
Festival Litt’Oral Remise du Prix de la poésie Magcentre à Luc Fayard (à gauche). cl JDB
Et pour clore cette après-midi poétique, sur fond d’orage, une battle de slam a vu s’affronter deux équipes de slameurs, battle remportée sans discussion par l’équipe tourangelle.
« Recoins poétiques » en douce apesanteur
Quelle éloquence, quelle écoute, quelle douceur ! Samedi, dans le cadre de la journée « Langagez-vous » et succédant aux « Causeries poétiques » animées de main sensible et de maître par les élèves du lycée Charles Péguy d’Orléans, les artistes apportent chair et corps comme grande âme à la voix des poètes invités.
Sous les frondaisons du parc, devant un beau cercle d’auditeurs, Aurélie Audax et Eric Cenat conjuguent à merveille profondeur et fraîcheur pour des instants chargés d’intensité et de légèreté souriante. Toute la beauté des textes de Marie Cabreval est ici poignante de vérité. Et puis place aux brefs poèmes de Pol dont “Tu connais la nouvelle” a tenu à éditer, à l’occasion de ce rendez-vous, engagé et attentif, le recueil « Ciel volant ».
Festival Litt’Oral Recoins poétiques avec Georgia Hadjab et Lila Tamazit
Eric Cénat et Aurélie Audax se jouent ici à merveille de ses mots dans un dialogue d’une complicité charmante et d’une joliesse complice qui relève de la tension, de l’hommage et du respect. Leur invention fait ici merveille. Et puis voici Lila Tamazit et Georgia Hadjab qui ponctuent de la voix, de leur musique, de leur discrète et si intense présence le rendez-vous. Dans un même souffle et en écho, comme un murmure amoureux et diaphane, ces deux interprètes disent et répètent à l’infini les textes brefs de Pol, déclarations de vie et d’amour. Joignant à leurs voix et au verbe minimaliste les petites percussions, ces artistes déambulent avec précaution dans le cercle des spectateurs. Et des paroles des poèmes s’élèvent aussi le chant de mélopées improvisées. Le temps est ici suspendu. La tendresse est d’un charme palpitant. Et les larmes ne peuvent que couler sur les pommettes des poètes. Merci à chacune et chacun.
Marie-Claude Char, ou l’âme du festival
Souriante et attentive, d’une profondeur qui force le respect, madame Marie-Claude Char, l’épouse du grand poète René Char décédé en 1988, a été la présidente du concours de poésie organisée par « Tu connais la nouvelle » et Magcentre.fr. Très entourée et constamment disponible pour un entretien, un échange, Marie-Claude Char est, à n’en pas douter, quelque part, la belle âme du festival. Aujourd’hui et sans doute demain.
Une femme de lettres subtilement rayonnante
Éblouissante comme humble femme de lettres, intime grande éditrice et fulgurante lectrice, Marie-Claude Char, « admirative de l’énergie déployée » par la compagnie Clin d’Œil de Gérard Audax, s’attache à faire vivre et à partager « sans sommation » l’œuvre de René Char, en effet, ce « trésor où il n’y a pas de fin ».
Avec Marie-Claude Char, qui réalisa entre autres en 1990 une exposition consacrée à René Char au Palais des Papes, dans le cadre du festival d’Avignon, ou le livre « Stael du trait à la couleur », place à une existence sans fin de la poésie. Un chant si nécessaire et d’une énergie si « disloquante » aujourd’hui.
JDB.
Le prix Boccace pour célébrer la nouvelle
En ce dimanche, le cadre magnifique du château de Chamerolles était envahi par la création littéraire autour de la nouvelle, genre littéraire honoré par ce prix Boccace, devenu au fil des années une référence du genre. En épiphanie de la création littéraire, le festival Litt’Oral proposait toute l’après-midi des lectures théâtralisées de nouvelles choisies parmi les différents recueils en compétition, émotion toujours intense du public pour ces mises en scène dans les différentes salles du château.
Festival Litt’oral Lecture théâtralisée de la nouvelle tirée du recueil “Les bracelets d’amour” d’Emmanuel Pol cl GP
Et en préambule à cette remise de prix attendue, place à nouveau aux scolaires avec la remarquable mise en scène collective de la pièce de Pierre Notte, « De l’effort d’être spectateur » par les élèves du collège Charles Rivière (Olivet), suivie d’un désopilant slam de l’auteure Clotilde de Brito qui réussit le tour de force de citer 65 noms de communes du Loiret…
Et le lauréat du prix Boccace 2024 est … Guillaume Lecointre pour son recueil « Museum 2080 ».
Remise du Prix Boccace 2024 à Guillaume Lecointre. cl GP