Amplifié à l’approche du festival de Cannes, le mouvement metoo met à mal la puissance des mythos. Quitte à étudier dans les musées l’origine du monde d’un œil plus fécond.
Par Magdom
« On ne taquine pas une muse sans son consentement ! » Même les membres les moins artistes de la tribu taupienne ont compris le message. Publiée le mardi 14 mai dans le Monde, la tribune signée par 150 personnalités demandant une loi plus forte contre les violences sexistes et sexuelles avait tout pour décrocher la palme d’or de la prise de conscience. Illustrée par les photos de Sonia Sieff montrant les figures emblématiques des actions Metoo en France, elle apportait un éclairage supplémentaire sur les plus connues (Cinéma, Médias, Politique, Hôpital, etc) mais en révélait d’autres bien moins médiatisées. Aux côtés des #metoo Stand-up, Soumission chimique et autres Photographie, on découvrait la victime d’un metoo Vignerons révélée en 2023 par un procès tenu à Bourges face à un autre vigneron spécialiste de vin naturel ! Comme s’il était naturel de vouloir grappiller moult faveurs non consenties.
À Cannes, ce mercredi 15 mars, Camille Cottin se félicitait que « les rendez-vous professionnels nocturnes dans les chambres d’hôtels des messieurs tout-puissants ne font plus partie des us et coutumes du vortex cannois ». Le 6 mai, au Centre Pompidou-Metz, la militante féministe Déborah de Robertis, faisant fi de se courber devant l’Origine du Monde, l’avait taguée d’un MeToo explicite, rejetant ce tableau comme seul symbole d’une matrice générationnelle. Une nouvelle façon d’appeler un chat un chat, dans un monde « ou une chatte offerte est une promesse de jouissance physique ou simplement esthétique », selon Louise Chennevière dans Libération (18/05). Irait-on ainsi vers un MeToo musée pour libérer la parole des œuvres exposées, quitte à les regarder d’un œil plus contemporain sur les intentions initiales des artistes ?
Cette question se posait certainement ce samedi 18 mai lors de la Nuit Européenne des Musées, à laquelle participaient près de 30 établissements muséaux de la région Centre-Val de Loire, mais sans actions symboliques ni biodégradables remarquées pour interpeller le public. Pour être forte et efficace, l’expression militante doit choisir ses mots et son ton, y compris chez nos élus. Depuis ce même mercredi 15 mai, l’Assemblée nationale est dotée de capteurs de bruits dans l’Hémicycle pour réguler le volume sonore des débats à un niveau acceptable. À la Chambre, même toute-puissante, toute personne se doit désormais de calmer ses ardeurs…