« Elles n’ont rien oublié », le tout premier film de Robin et Germain Aguesse a été projeté ce vendredi 17 mai au cinéma Les Carmes à Orléans. Les deux frères reviennent sur la Seconde Guerre mondiale à la lumière de témoignages bouleversants de quatre femmes qui racontent leur vie sous l’occupation jusqu’à la Libération.
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Par Asmaa Bouamama
Le premier film documentaire des deux frères, eux-mêmes petits-fils de Marie-Claire que l’on voit dans le film, ont filmé de près ces quatre femmes. Lili, Frédérique, Geneviève et Marie-Claire, tout en alliant des images d’archives qui replongent le spectateur dans un récit de la Seconde Guerre mondiale. Bien que l’on connaisse cet épisode historique, la lumière des confidences de ces femmes donne une résonance très concrète à chaque étape chronologiquement racontée du conflit. C’est par des récits de vie bouleversants que ce film revient sur cette période. Des moments très forts en émotion traversent le film, comme celui où Geneviève raconte comment, alors qu’elle était enfant, elle a assisté à l’assassinat de son petit frère de six ans, sous les yeux de toute la famille, avant de poursuivre sur les circonstances du transport du corps jusqu’à un possible enterrement, avant de ponctuer face caméra que la résistance, à ce moment-là, devenait évidente.
Les histoires très intimistes que les femmes partagent trouvent un écho particulier dans une époque moderne marquée par la crise politique et menacée par les idéologies des extrêmes. « Nous voulions filmer des récits de confidences comme si c’était une grand-mère qui racontait son histoire à ses petits-enfants », explique Germain Aguesse. Et les spectateurs se retrouvent eux aussi, comme les deux réalisateurs, petits-enfants, héritiers de ce récit. Il raconte aussi que Lili, une des quatre femmes qui témoignent dans le film, et qui se déplace pour parler de son passé dans les écoles, insiste particulièrement sur le devoir de transmission. « Vous êtes mes petits-messagers car bientôt, cette histoire je ne pourrai plus la raconter », lui a-t-elle confié.
Un devoir de mémoire sous un accent féministe
Les deux frères Aguesse ont particulièrement voulu donner la parole à des femmes. « Des récits d’hommes et de résistants il y en a beaucoup, mais des histoires de femmes pendant cette guerre il y en a très peu », souligne Robin Aguesse. À la fin du film il est rappelé que seulement 6 femmes sur 1038 titulaires, sont marquées comme ayant été des compagnons de la Libération. Une des quatre femmes qui témoignent, Frédérique, livre une touchante anecdote sur sa grand-mère qui regrettait que les femmes ne votent pas, et répétait : « Les femmes doivent voter », une phrase qu’elle portait sur un savon. Pour elle, il a donc été impensable de déroger à ce droit et ce qu’elle considérait comme un devoir. Dans la salle du cinéma après la diffusion du film en avant-première, beaucoup de spectateurs ont pu échanger quelques mots avec les réalisateurs, et c’est avec la gorge serrée et les yeux émus que les spectateurs ont adressé des remerciements, et une pudique gratitude de faire perdurer ce devoir de mémoire, et de transmettre ces récits qui éclairent l’obscurité du mal quand il frappe l’histoire.
Le film sortira en salle à l’échelle nationale le 29 mai.
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