Le CADA de Salbris n’est plus en odeur de sainteté

Après son intervention remarquée, sur les réseaux sociaux, qui lui ont valu un signalement au procureur, le maire LR de Salbris, Alexandre Avril, poursuit dans son positionnement à la droite de la droite. Cette fois c’est la présence, depuis 8 ans, sur le territoire communal qui pose problème à l’élu solognot. Ce n’est pas que l’insécurité soit réelle mais vous comprenez, avec tout ce qui se passe…



Par Fabrice Simoes


Après avoir insisté sur « l’immigration tue chaque jour, et désormais partout » à l’occasion du meurtre du jeune Mathis, « victime de plus de l’immigration massive qui ravage notre pays et s’exporte jusque dans nos campagnes », à Châteauroux (!), le maire LR de Salbris, Alexandre Avril, persiste et signe. On ne sait pas si c’est le parfum évaporé d’une participation aux élections européennes qui lui a échappé, si ce sont les remugles d’une politique locale pas assez droitière, ou tout simplement si c’est son envie d’exister et de marquer son petit territoire solognot mais… il enfourche cette semaine une nouvelle fois la surenchère anti-immigration. Alors qu’il a eu droit à un signalement à la procureure de Blois par des élus EELV, et aux honneurs du Canard enchaîné, il vient de franchir un nouveau palier. Par courrier, en coopération/association/écriture, avec le député du Rassemblement national Roger Chudeau, adressé au préfet de Loir-et-Cher, il demande que le Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile de sa commune soit déplacé ailleurs dans le département. Et plus exactement chez son ex-meilleur ami, et désormais encarté Horizons, le maire lamottois Pascal Bioulac.

Les anciens locaux de la gendarmerie nationale ont été reconvertis en centre d’accueil des migrants. Photo CM


L’un réclame que l’autre prenne sa part de solidarité. « Tes récentes prises de position politique me laissent à penser que tu ne seras pas opposé à accueillir toi aussi un CADA dans ta commune de Lamotte-Beuvron et je t’en félicite ». L’autre réplique que si en 2016 il avait refusé l’installation d’un CADA c’était, à l’époque, plus un problème technique et administratif qu’autre chose avant d’ajouter : « La politique, ce n’est pas du show-business ! » Il précise par ailleurs le fond de sa pensée. « À Salbris avec Monsieur Avril, la dissolution des droites dans l’extrême droite est faite. Monsieur le Maire de Salbris me qualifie d’humaniste comme une insulte ! Je le revendique, mais l’humanisme ce n’est pas traiter le sort des plus faibles par les invectives dans la presse et l’instrumentalisation politique. Les raccourcis étrangers = criminels, l’opposition humanisme/autorité ça suffit ! »

Au-delà d’une simple guéguerre de territoire

Si on peut évoquer la forme, une joute territoriale entre les deux hommes, agrémentée de coups d’épées à peine mouchetées, on peut aussi regarder de plus près le fond du sujet. Même si le Lamottois n’est pas un parangon de vertu – qui peut l’être ? – à côté de son homologue salbrisien, il fait figure de Mère Teresa. À Bélâbre, dans l’Indre, ce sont des groupuscules d’extrême droite qui bravent les interdictions préfectorales pour manifester contre l’installation d’un CADA. À Salbris, sur des bases de réflexions identiques, pour ne pas dire identitaires, le jeune premier magistrat de la commune présente une vision plus que cocardière de l’Hexagone. Une certitude, son empathie teintée de religion est à géométrie variable.

Jamais de problème en huit ans

Malgré tous les efforts de recherche, en huit ans d’existence, le CADA de Salbris, installé dans les anciens locaux de la gendarmerie et qui accueille officiellement une soixantaine de demandeurs d’asile, n’a jamais été sujet à problème. Auprès des voisins de la structure, il n’a pas vraiment été noté de souci particulier avec les personnes qui ont transité dans les locaux salbrisiens. L’un de ceux-ci, aux premières loges, explique ne jamais avoir eu de souci avec les occupants : « J’habite à côté et je peux assurer qu’il n’y a aucun problème de voisinage. Quant à raconter qu’il y aurait des problèmes de délinquance, il faut poser la question au procureur. À ma connaissance, il n’en existe aucun… » Les faits sont décidément têtus.

À moins de 30 km de là, à Vierzon, le prochain festival du Film de Demain, et la venue d’artistes porteurs d’une vision humaniste de la société, sont prévus pour la fin du mois. À Salbris, ce sont deux classes de primaires qui ont pu être sauvées, tandis que les équipes de foot U9 et U11 performent grâce à l’apport des jeunes migrants. Malgré cela, il n’est pas certain que « Pour l’honneur », le film de Philippe Guillard, sorti en 2023, soit le film préféré d’Alexandre Avril. Peut-être le chef-d’œuvre du cinéma polonais « Les chevaliers teutoniques » d’Aleksander Ford…

L’association Coallia gère la structure salbrisienne. Photo CM

Plus d’infos autrement sur Magcentre : CADA de Bélâbre : l’apaisement viendra de la transparence

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