Le ministre de la Justice et l’ancien ministre du Travail sont venus administrer du baume au cœur à la majorité présidentielle dont la liste aux européennes menée par Valérie Hayer peine à émerger derrière l’extrême droite.
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Olivier Dussopt, Éric Dupond-Moretti et le député Anthony Brosse. Photo Magcentre
Par Jean-Jacques Talpin
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L’un est petit, discret, presque introverti à la voix douce. L’autre massif, corpulent et expressif ! Les Laurel et Hardy du camp présidentiel, Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice et Olivier Dussopt, ancien ministre du Travail, sont venus réveiller quelque peu la campagne présidentielle dans le monde rural lundi 6 mai à Pithiviers. Une bonne nouvelle pour tous ceux qui attendent que la campagne débute réellement alors que les programmes électoraux sont à peine définis et les listes encore souvent incomplètes.
Pour Renaissance le signal d’alarme a retenti : la tête de liste Valérie Hayer plafonne dans les sondages autour de 16%, en seconde position certes, mais très loin du favori Jordan Bardella. « Mais ce ne sont que des intentions de vote, affirment de concert les deux ministres, la campagne débute à peine, c’est maintenant qu’il faut donner un coup de collier ». Cette soirée a pourtant soulagé la majorité présidentielle avec une salle comble. Pour l’occasion les élus avaient été rameutés avec bien sûr Anthony Brosse, le député rescapé des dernières législatives (élu avec trois voix d’avance), sa collègue Caroline Janvier, le maire de Pithiviers Philippe Nolland, et pour la première fois le président du Conseil département Marc Gaudet dont le parti UDI soutient désormais la majorité même s’il reconnaît « qu’on n’est pas toujours d’accord et que parfois on s’engueule ! ».
« L’Europe formidable outil de progrès social ! »
Deux ministres donc pour Pithiviers c’est beaucoup. Mais la répartition des tâches était bien faite : le bon avec Olivier Dussopt chargé de vendre les mérites de l’Europe, l’autre le « bad boy » Dupond-Moretti en tête de ligne pour sonner l’offensive à grand renfort de mots forts contre le Rassemblement national, Jordan Bardella et LFI. Comme président de « Territoires de progrès » l’aile gauche de la macronie, Olivier Dussopt se délecte des avancées européennes de la dernière assemblée : réforme du marché de l’énergie, pacte asile immigration, lutte contre la Covid, plan de relance et mutualisation de la dette, « mesures contre lesquelles tous nos opposants ont voté contre ». Mais l’Europe c’est aussi « un formidable outil de progrès social avec la réforme du statut des ouvriers détachés, le Smic européen, l’égalité professionnelle hommes-femmes ». Pour Olivier Dussopt la liste menée par Valérie Hayer doit s’appuyer sur trois pieds : « Une Europe souveraine et plus forte, une Europe plus prospère et une Europe humaniste ». Et pour introduire son ami Dupond-Moretti, Olivier Dussopt appelle à refuser « le repli identitaire, les fractures, les mensonges, les impostures et supercheries ».
Olivier Dussopt devant une salle comble… de 80 personnes. Photo Magcentre
« Mélenchon c’est la chance de Bardella »
Du pain béni pour le ministre de la Justice qui est devenu l’avocat brillant de la lutte contre l’extrême droite. Il attaque donc fort Jordan Bardella et son « dilettantisme total, son arrogance (il se voit déjà Premier ministre), son mandat de député européen qui ne serait qu’un emploi quasi-fictif (il n’a déposé que 21 amendements en 5 ans contre plus de 1 000 pour Valérie Hayer) ».
Plus que la personne de Bardella, l’ancien avocat veut d’abord démystifier le Rassemblement national et son « prétendu recentrage », ses va-et-vient idéologiques incessants : « Marine Le Pen était pour un référendum sur la peine de mort, contre l’IVG, contre le Pacs ». Il fustige aussi l’entourage de Marine Le Pen composé de membres de la « fachosphère et de fascistes européens ». Il dénonce également l’exploitation des faits divers : « Ce sont des charognards qui se repaissent des crimes, des populistes qui disent ce que les gens veulent entendre, des rentiers de la peur qui ont besoin de nos problèmes pour prospérer, le miel des extrémistes c’est les crises ». Éric Dupond-Moretti ne croit guère aux envolées du RN dont « l’antisémitisme est masqué par celui de Mélenchon. Mélenchon avec ses propos antisémites et l’appel au chaos permanent, c’est la chance de Bardella ».
Bruno Le Maire à Olivet le 4 juin
Humaniste il rappelle aussi que Bardella « a refusé par six fois de condamner la détention d’Alexeï Navalny avant de verser des larmes de crocodile une fois mort. Vous n’avez pas honte ? ». Certes il ne met pas dans le même sac Raphaël Glucksmann même s’il se plaît à rappeler « qu’il appartient toujours à la Nupes. Dis-moi qui tu fréquentes je te dirai qui tu es… » ironise-t-il. Face à la campagne difficile de Valérie Hayer, Éric Dupond-Moretti croit à un sursaut : « Alors que le dictateur Poutine est à nos portes, l’Europe peut disparaître. Elle a besoin de forces ». Il reconnaît que « rien n’est perdu, les sondages ne font pas les élections ». La campagne se poursuit donc sur le terrain avec plusieurs réunions programmées dont l’une avec Bruno Le Maire le 4 juin à Olivet.
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