Le 21 avril 1944 : les femmes obtiennent le droit de vote en France 

Il y a 80 ans, le 21 avril 1944, ce fut l’installation du « suffrage universel » en France. Les femmes françaises sont, enfin, devenues citoyennes. L’article 17 de l’ordonnance du Gouvernement provisoire de la République française basé à Alger leur donne deux droits nouveaux, droit de vote et droit d’être élues, dans la foulée de la Résistance : « Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes ». Les hommes avaient obtenu ces droits en 1848, soit quasiment un siècle plus tôt. C’est aussi l’aboutissement de 150 ans de mobilisations civiques opiniâtres.



Par Danièle Bouchoule*


80 ans plus tard, où en sommes-nous dans la parité en politique ? Force est de constater que dans le contexte de l’histoire française et des mentalités inégalitaires qui persistent, des lois contraignantes ont été et sont encore nécessaires pour qu’évoluent les pratiques et la réalité. Les diverses lois successives des années 2000 ont, certes, engendré des progrès indéniables, mais de nombreuses zones blanches de la parité demeurent.

Les chiffres de 2024

Les lois paritaires contraignantes successives, depuis la première loi du 6 juin 2000, ont ouvert aux femmes l’accès aux responsabilités politiques et aux assemblées élues, mais si l’on vous dit : « Aujourd’hui en 2024, la parité et l’égalité c’est fait ! », donnez simplement les chiffres de la réalité.

– Les conseils municipaux des communes de 1000 h et plus sont quasi paritaires, conformément à la loi (48% de femmes) ; mais dans les communes de moins de 1000 h où il n’y a pas à ce jour de loi contraignante, il n’y a que 38% de femmes (lente augmentation de 30 à 38% depuis 2001).

– Les conseils communautaires des intercommunalités ne contiennent que 36% de femmes.

– Les mairies et les intercommunalités sont dirigées respectivement à 80% et 89% par des hommes.

– Les exécutifs des intercommunalités, sans loi contraignante, sont loin de la parité, avec seulement 26% de femmes.

– Les conseils départementaux sont paritaires grâce à la loi d’avril 2013, mais seulement 20% des départements ont une femme présidente.

– Les conseils régionaux sont quasi paritaires, en vertu de la loi, et seulement 32% des régions ont une femme présidente.

– Le Sénat ne compte que 36% de sénatrices et l’Assemblée nationale 37% de députées (pas d’évolution entre 2017 et 2022).

Citons les communes de moins de 1 000 habitants, les intercommunalités, les fonctions de maires, de présidence (intercommunalités, départements, régions), le Sénat et l’Assemblée nationale, lieux de sous-représentation des femmes.

Les anciennes pratiques inégalitaires, discriminantes et sexistes et les stéréotypes tenaces doivent disparaître.

– Il faut refuser les stéréotypes sexistes contre les élues.
– Il faut citer la nécessaire modernisation du statut de l’élu·e local·e pour concilier vie professionnelle, familiale et du mandat ; ne pas oublier l’angle mort sur le fait que les élues peuvent être maires et mères (cf. l’alerte de la maire de Poitiers)
– La limitation du cumul des mandats (mandats différents simultanés ou cumul dans le temps avec un même mandat renouvelé dans le temps trop longtemps) est un moyen de créer des places nouvelles pour des jeunes, des catégories socio-professionnelles nouvelles et pour davantage de femmes

Comme le titre le Haut conseil à l’égalité des femmes et des hommes (HCE) dans son rapport de décembre 2022, il est temps de passer à un « Acte II » de la parité en politique.

La parité apparaît comme une justice républicaine, comme un symbole de l’égalité femmes-hommes, comme l’utilisation des compétences des femmes pour des politiques d’égalité et pour répondre aux défis économiques, sociaux, sociétaux et environnementaux de ce 21ᵉ siècle.
La révolution culturelle de la parité et de l’égalité est en marche ; elle doit se poursuivre plus que jamais, contre les conservatismes et le sexisme, soutenue par des femmes et hommes humanistes et de progrès.


*Vice-présidente nationale de “Elles aussi” et responsable de l’antenne “Elles aussi Loiret et Centre-Val de Loire”

À propos d’Elles aussi :

Créé en 1992, “Elles aussi” est un réseau constitué d’antennes locales (départementales ou régionales) et d’associations de femmes d’origines diverses et réunies autour d’un objectif : promouvoir la parité dans les instances élues et de décision. “Elles aussi” affirme son pluralisme, son indépendance notamment vis-à-vis des partis politiques et des institutions religieuses, son attachement aux valeurs démocratiques et républicaines, son attachement à la mise en œuvre des droits des femmes.
L’antenne “Elles aussi Centre-Val de Loire” mène des actions dans ce sens depuis 25 ans
https://www.ellesaussi.org/

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