Tentative de manifestation non déclarée dans la commune, intrusion sur le site de Viltaïs… L’extrême droite ne lâche pas Bélâbre et son projet de CADA. Elle se paye même le luxe de provoquer Thibault Lanxade, le préfet de l’Indre.
L’ambiance à Bélâbre n’est pas à l’apaisement. Alors que certains rêvaient de passer à autre chose en 2024 à la suite de la signature de la vente du site qui doit accueillir le futur centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA), porté par l’association bourbonnaise Viltaïs, les gesticulations des opposants au projet ne se sont pas calmées. La commune avait pu le constater début février avec un rassemblement initié par l’association locale, l’Union Bélâbraise, qui avait mobilisé une cinquantaine de personnes en centre-ville. Une poignée d’irréductibles déterminés à « défendre » le village et « anéantir » le projet qu’ils jugent incompatible avec la commune. Dans son combat l’association reçoit régulièrement le soutien de groupuscules d’extrême droite encline à entretenir l’atmosphère nauséabonde et les tensions dans le village.
C’était une nouvelle fois le cas le week-end dernier, lorsque le groupuscule royaliste et identitaire basé à Poitiers, nommé l’Action française, a renouvelé ses tentatives d’intimidation. Ce dimanche 21 avril, un jour après avoir tenté de manifester illégalement dans Bélâbre, le groupe a cette fois filmé son intrusion dans le bâtiment de la chemiserie abandonnée.
« L’Action française va où elle veut, quand elle veut ! »
Le groupe, dont les membres étaient masqués, a provoqué le préfet de l’Indre dans une vidéo de propagande publiée sur le réseau Instagram, en s’adressant directement à Thibault Lanxade : « Cher Thibault Lanxade, préfet de l’Indre, nous sommes aujourd’hui dans le CADA … Rien ne nous arrêtera … L’Action française va où elle veut, quand elle veut ! », assure un des membres face caméra à visage découvert. Les images montrent une dizaine d’individus pénétrer au sein du bâtiment, déployant une banderole réitérant leur opposition à la création du centre.
Lors de la première tentative de rassemblement non déclaré dispersé la veille, les autorités locales avaient procédé à « des saisies d’objets », dont une matraque confisquée par les gendarmes. Alors qu’ils s’étaient vu adresser dans la foulée une obligation de quitter le département, ces membres de l’Action française ne semblent pas vraiment craindre les injonctions de la préfecture. Et si le préfet Thibault Lanxade assure rester inébranlable et attendre quiconque voudra mettre le désordre dans la commune, l’extrême droite affiche bel et bien sa détermination à prendre en otage Bélâbre et faire de ce petit village un terrain d’expression à ses idées xénophobes.
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