Un « Stabat Mater » génial et surprenant à la Scène nationale d’Orléans !

Théâtre et musique se sont donnés un bien curieux rendez-vous ce 18 avril au théâtre d’Orléans. Partenaires de la Scène Nationale, deux formations se sont associées pour une création collective de haut niveau, avec le Stabat Mater énoncé « d’après Scarlatti ». Musique brillamment revisitée, expression théâtrale époustouflante, mise en scène décoiffante, ont donné un spectacle qui avait tout pour surprendre avant de séduire.

Stabat Mater d’après Scarlatti par La Phenomena et La Tempête. Photo Christophe Raynaud de Lage



Par Anne-Cécile Chapuis


Il faut oser ! Oser arranger la musique, oser introduire des instruments comme la scie musicale ou l’accordéon dans la musique du XVIIIᵉ siècle, oser délirer dans une mise en scène qui passe du dépouillement au réalisme, oser des costumes “abracadabrantesques”… C’est déconcertant, déroutant, surprenant, mais en fin de compte, c’est génial !

Un spectacle déjanté

Sur une scène ouverte, le spectacle démarre avec les sons de la basse électrique et clarinette basse. Atmosphère.
Les voix s’immiscent, l’ensemble des personnages s’anime et c’est le début d’une narration en neuf tableaux sur la musique de Domenico Scarlatti, le fils (1685-1757). Où les surprises sonores ou visuelles s’enchainent avec frénésie. Avec humour aussi, un comble sur un texte (revisité lui aussi) qui évoque la vierge de douleurs face à son fils crucifié.

Ici, point de pathos, et au contraire un hymne à la vie et à la mère dans tous les états de sa fonction.

Une création collective

Maëlle Dequiedt, metteuse en scène et directrice de “La Phenomena”, aime « travailler au présent » et a rencontré Simon-Pierre Bestion, directeur musical de La Tempête, dans une démarche qu’ils qualifient de « voyage sensoriel ». Ils se sont entourés d’artistes pluriels, qui marient voix et instruments, art de la scène et pirouettes gestiques, pour une création qui, sur une idée des deux auteurs, s’est enrichie des improvisations des différents artistes.

Simon Hatab, dramaturge, et Maëlle Dequiedt, metteuse en scène à la rencontre des spectateurs après le spectacle du 18 avril. Photo Anne-Cécile Chapuis


Le texte du Stabat Mater, version XIIIe siècle, est émaillé de poèmes de Charles Bourgeois, Marguerite Duras, Edmond Jabès pour le « traduire autrement » dans une théâtralité originale et investie, comme l’explique le dramaturge Simon Hatab.

Traverser les frontières

Avec les costumes de Solène Fourt à l’instar des tableaux de Jérôme Bosch, le spectateur assiste à des épisodes frénétiques comme l’élection d’un pape, un chœur de pleureuses reconverties en éplucheuses de pommes de terre, une diatribe sur les dieux des maladies…

Stabat Mater. Photo Christophe Raynaud de Lage


La musique de Scarlatti filtre à travers les frontières entre sacré et profane, musique ancienne et contemporaine, entre théâtre et musique. Les voix sont belles, subtiles, justes, harmonieuses, et l’instrumentation du plus bel effet.

Un spectacle qui ne laisse pas indifférent. Les avis sont partagés entre enthousiasme et perplexité, mais l’unanimité est totale sur la qualité et le haut niveau d’un spectacle original et inédit, à voir et revoir.

Pour aller plus loin dans Magcentre :

Stabat Mater à la Scène nationale d’Orléans : aux antipodes spatio-temporels

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