Le FRAC Centre-Val de Loire renouvelle sa galerie permanente. Dépositaire de plus de 20 000 œuvres, il possède l’une des plus belles collections autour de l’architecture après le MOMA (New York) et le Centre Pompidou, pour diffuser une connaissance de la prospective architecturale moderne. Depuis le 12 avril, la galerie s’ouvre sur une nouvelle scénographie intitulée « Horizons en Mouvement ».
OMA peinture de Zoe Zenghelis, collection FRAC CVL
Par Jean-Marc Dumas
Magcentre a suivi la présentation de cette sélection d’œuvres par Nelly Taravel (chargée de projets d’exposition), accompagnée de Jacques Bayle (directeur par intérim). Elle a guidé et commenté la déambulation dans ce plateau du deuxième étage entièrement dédié à une exposition des collections permanentes du lieu. Cette exposition n’est pas figée, et pourra accueillir de nouvelles pièces restaurées.
L’absence d’une direction artistique et d’un projet « éditorial » visionnaire a amené Nelly Taravel à construire une exposition à l’image de la richesse muséale du FRAC. Cette lourde tâche nous a paru assez réussie, en ajoutant que, comme auparavant, il sera quasi indispensable de faire la visite en étant « accompagné ». À défaut, le silence de la galerie rajoutera à l’hermétisme trop souvent associé au FRAC.
Cependant le qualificatif « d’élitiste » fréquemment associé au FRAC ne nous paraît pas approprié. En effet les thèmes exposés sont très accessibles dès qu’ils sont commentés simplement au moyen d’exemples concrets, connus, déjà vus, au cinéma, en voyages, en B.D., etc.
Par exemple, il semblerait utile d’expliquer pourquoi des architectes dans les années 60 se sont exprimés à l’encontre de la construction architecturale dominante. Utile aussi de faire un lien entre l’informatique utilisé dans l’industrie aéronautique, l’aéraulique, les surfaces hyperboloïdes et les bâtiments construits grâce à ces outils comme le musée Guggenheim à Bilbao par Frank Gehry. Il serait pédagogique de montrer les influences des utopies des décennies antérieures sur les architectures et les urbanismes d’aujourd’hui.
Mais concernant la visite, les objets sont beaux, magnifiquement exposés et restaurés (cela fait aussi partie des missions du FRAC). Maquettes, photographies, dessins, sérigraphies évoquent 50 ans de réflexions, de luttes, de prospectives. Comme si un « CNRS de l’architecture » avait déposé à Orléans la mémoire de ses recherches.
Le parcours traverse quatre zones ou quatre thèmes, perméables, ayant pour filtres : architecture sculpture, architecture déconstruction, architecture radicale, architecture computationnelle ou numérique.
Chanéac, collection FRAC CVL
Architecture sculpture : participants au concours international pour la construction du Centre Beaubourg, Chanéac avec Pascal Haüsermann et Claude Costy présente cette réponse plasticienne.
Daniel Libeskind, Urban Conception and Detail of Structure Collection. FRAC CVL
Architecture et déconstruction : cette « projection psycho-cybernétique de Berlin » (1988) évoque immédiatement le MUR. Prescience et/ou désir, cette déconstruction s’est réalisée un an après. Peut-on rapprocher cette toile de « The Line », le projet pharaonique des saoudiens : une ville de 170 km de long, ou encore de la BD « Le Transperceneige » de Lob et Rochette ?
Crack, Plastik explodiert, Angela Hareiter. collection FRAC CVL
Architecture radicale : Angela Hareiter, en 1965, s’inspirant ici de la pop anglaise, vante les qualités du PVC pour changer l’habitat…
Algae Cellunoi, 2013, Marcosandmarjan. collection FRAC CVL
Architecture numérique : l’isolation extérieure des murs par une mousse habituellement cachée est ici exposée. Son aspect monumental est issu du modèle mathématique du diagramme de Voronoï.
Horizons en Mouvement
Frac Centre-Val de Loire – 88 rue du Colombier 45000 Orléans
Entrée du public via le boulevard Rocheplatte
Du mercredi au dimanche : 14 h – 19 h – Nocturne jusqu’à 20 h chaque 1ᵉʳ jeudi du mois
L’entrée des expositions est gratuite.