Peu connu en dehors des milieux catho-tradi tourangeaux, celui que la presse surnomme “Chevalier Thibault” en référence à ses engagements de jeunesse aux côtés de Christine Boutin puis auprès de la Manif pour Tous, nous offrait il y a quelques jours un bien beau message de paix et de concorde sur sa page Facebook.
Par Joséphine
Ancien LR ayant discrètement quitté le parti et un temps macron-compatible assumé, Thibault Coulon est avant tout un ambitieux, essentiellement passionné par sa propre chapelle. Défait lourdement aux législatives de 2012 à Tours – candidat dissident de la droite -, écarté ensuite de la liste LR aux régionales de 2015, Coulon s’engage pour Fillon en 2017 – aïe – avant de perdre une dernière fois aux municipales de 2020, aux côtés de Christophe Bouchet. Quoi de plus naturel, avec un si brillant parcours politique, que d’obtenir le poste de Vice-Président de Tours Métropole en charge du développement économique, par la grâce du président Frédéric Augis (LR) en 2021, par ailleurs condamné tout récemment pour injure raciste.
Pour être tout à fait honnête, Thibault Coulon est aussi un peu connu dans le microcosme de la start-up nation puisque au-delà de tous ses mandats cumulés, il trouve le temps d’être cadre dirigeant, émargeant en 2020 à plus de 11 000 euros nets par mois. Car Chevalier Thibault est dans ce bas monde directeur des partenariats chez Sopra-Steria, une grosse entreprise de services du numérique et de conseil en transformation numérique, détenue par des fonds d’investissement et des mastodontes de la gestion d’actifs américains, français et norvégiens. Discrète, l’entreprise Sopra-Steria a cependant défrayé la chronique entre 2018 et 2020, mise en cause par une agence du gouvernement pour des discriminations à l’embauche envers des candidats maghrébins. En tout cas, l’économie et les réseaux, c’est le truc de Thibault, lui qui confie à la presse être un ami de l’ancien député LREM de Tours Philippe Chalumeau, en oubliant de préciser que l’épouse de ce dernier est… directrice générale adjointe de Tours Métropole, en charge du développement économique. Synergies et agilité, toujours.
Plutôt discret sur les réseaux avec une com’ assez lisse entrecoupée de photos de vacances en voilier, voilà que Thibault s’offre une minute de résistance en se déclarant solidaire du Saint-Germain dont les vitrines ont été cassées à la suite d’une manifestation contre la tenue d’une conférence organisée par Des Tours et Des Lys. Ce groupe d’ultra-droite identitaire de Tours invitait en effet dans ce restaurant il y a quelques jours, un néo-fasciste italien associé à un attentat à la bombe organisé par son groupuscule et ayant fui son pays pour échapper à la justice dans les années 80.
C’est dans ce contexte que Chevalier Thibault a pris sa plume numérique et dérape. Qu’entend-il par son « ils ne pourront pas nous intimider » ? Qui est ce nous ? S’associe-t-il de fait à l’ultra-droite identitaire ? On notera également le caractère douteux pour un élu en charge de l’économie et du commerce d’appeler à consommer dans un resto en particulier mais, bon, il est comme ça Thibault, solidaire comme Saint Martin.
En tout cas, très rapidement le post a été partagé par Stanislas de la Ruffie, avocat et ancien cadre du RN passé à Reconquête, davantage taillé pour son pédigrée aristocratique. C’est d’ailleurs dans le parti zemmouriste qu’est partie l’ancienne collègue de Coulon, Françoise Amiot, élue de la majorité Bouchet et un temps tentée par le macronisme en 2020. Et c’est également ce même Eric Zemmour qu’avait parrainé Cécile Chevillard pour la présidentielle de 2022, Mme Chevillard étant désormais dans le même groupuscule d’opposition municipale que Thibault Coulon à Tours.
Bref, une bien belle galaxie qui se dessine sous nos yeux, avec la disparition progressive des digues entre droite classique, milieux cathos tradis, ultra-droite et bourgeoisie d’affaires. Miam.